Une réunion du G20 sur le tourisme a débuté lundi sous haute sécurité au Cachemire administré par l'Inde, et dont l'organisation sur ce territoire contesté a été condamnée par la Chine et le Pakistan. L'organisation de la réunion du G20, sur les rives du lac Dal à Srinagar, doit durer trois jours. Désormais, l'Inde promeut le tourisme au Cachemire, aux paysages de montagne spectaculaires. Des panneaux à l'aéroport souhaitent aux touristes la bienvenue au "paradis sur terre". Plus d'un million d'Indiens s'y sont rendus l'an dernier. Le Cachemire est divisé entre l'Inde et le Pakistan qui, depuis leur indépendance en 1947, revendiquent la souveraineté sur la totalité de ce territoire himalayen majoritairement musulman. Il a été la cause de deux des trois guerres qui les ont opposés depuis. La partie administrée par l'Inde a connu plus de trois décennies de troubles, qui ont fait des dizaines de milliers de morts. Selon le ministre indien des Sciences et de la Technologie Jitendra Singh, par le passé Islamabad aurait appelé à une grève générale pour répondre à un événement comme ce G20, "et les magasins seraient fermés à Srinagar". Mais aujourd'hui, les gens "vaquent à leurs occupations", s'est félicité le ministre à l'ouverture de réunion, "l'homme de la rue de Srinagar aujourd'hui veut passer à autre chose. Il a vu deux générations perdues sur l'autel de ces époques incompatibles". La police a prévenu la semaine dernière que la sécurité avait été renforcée "dans les endroits vulnérables pour éviter tout risque d'attaque terroriste pendant la réunion du G20", premier événement diplomatique sur ce territoire depuis que New Delhi l'a placé sous son contrôle direct en 2019.
Plusieurs Etats boudent la réunion
Selon un haut responsable ayant requis l'anonymat, des centaines de personnes ont été détenues dans des commissariats de police et des milliers d'autres, dont des commerçants, ont reçu des appels de responsables les mettant en garde contre tout "signe de protestation ou de trouble". La Chine, membre du G20, a prévenu qu'elle ne participerait pas à l'événement, et aucune délégation n'était attendue de Turquie ou d'Arabie saoudite. Deux ministres du gouvernement indien y participent, mais plusieurs pays occidentaux n'ont envoyé que du personnel diplomatique local. "Le gouvernement Modi pense-t-il que le tourisme peut être promu dans des salles de conférence fermées, à côté d'un lac pittoresque où patrouillent des commandos de marine et des drones de surveillance au-dessus de la tête ?", a interrogé le journaliste Bharat Bhushan dans le quotidien Deccan Herald. "De telles mises en scène montrent clairement que la situation au J&K (Jammu-et-Cachemire) est loin d'être normale", a-t-il ajouté. Depuis la révocation de la semi-autonomie du Cachemire indien, l'insurrection séparatiste a été en grande partie écrasée, même si de jeunes hommes continuent de la rejoindre. Le Front populaire antifasciste, groupe séparatiste apparu au Cachemire après 2019, a publié lundi un communiqué condamnant la réunion au Cachemire et menaçant de "déployer des kamikazes". "Aujourd'hui, demain ou après-demain. Cela viendra", a-t-il affirmé.