Le Conseil Supérieur de l'Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique (CSEFRS) a tenu, mercredi 17 mai à Rabat, une journée d'étude consacrée au système d'orientation scolaire et professionnelle et au conseil universitaire, en dressant un bilan très critique qui met à nu les failles du système actuel en termes d'inclusion et d'employabilité. A travers une approche participative et une réflexion collective, le Conseil Supérieur de l'Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique (CSEFRS), avec la contribution du ministère de l'Education nationale, du Préscolaire et du Sport ainsi que du ministère de l'Inclusion économique, de la Petite Entreprise, de l'Emploi et des Compétences, a organisé une journée d'étude pour rénover le système d'orientation scolaire et professionnelle et le conseil universitaire. Pour cause de « force majeure », le ministre de l'Enseignement Supérieur, de la Recherche Scientifique et de l'Innovation, Abdellatif Miraoui, n'a pu être présent à cette rencontre.
En présence d'experts, représentants de l'UE et de l'UNESCO, le président du CSEFRS, Habib El Malki, a affirmé, dans une allocution d'ouverture, que cette journée d'étude comporte dans son essence plusieurs préoccupations, notamment la révision des législations relatives au système éducatif marocain, et en tant que facteur catalyseur de cette dynamique. « Nous avons la responsabilité d'incorporer un système d'orientation précoce, un suivi des apprenants et des enseignants dans le choix des orientations et du cursus qui vont enrichir les parcours de nos enfants, de sorte à ce que cela soit reflété dans la qualité de leur vie. Car, en fin de compte, c'est un investissement idéal pour leur futur », souligne Habib El Malki, qui reconnaît que malgré les efforts fournis en la matière, la faiblesse de l'inclusion des familles et des institutions est l'un des facteurs qui déteignent sur la situation actuelle, ce qui représente un grand défi pour réaliser les objectifs escomptés et satisfaire les espérances.
Par la même occasion, le président du CSEFRS fait savoir que l'évolution que connaît le système d'orientation scolaire dans notre pays est attentivement suivie par son Conseil, ainsi que les contraintes qui peuvent entraver son succès, que ce soit au niveau législatif ou de la gestion, sans occulter les anomalies qui entravent les cursus scolaires à tous les stades.
Sans aller par quatre chemins, Habib El Malki reconnaît que le souci d'appréhender ces anomalies et contraintes montre bien qu'il y a un réel besoin d'opérer une révision globale de ce système, et ce, « à travers notamment le renforcement du système d'évaluation des acquis au profit des apprenants dans tous les cursus, la nécessité de coordination entre les cursus de formation et l'impératif de l'adoption de tout projet d'orientation qui vise à coordonner le travail entre les instances gouvernementales concernées », énumère-t-il. Et de conclure sa présentation en soulignant que « l'orientation est une condition sine qua non pour la réussite du système éducatif ».
De son côté, le ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa, a tenu d'emblée à rappeler les cinq objectifs définis par le Nouveau Modèle de Développement (NMD) pour l'horizon 2035, qui s'articulent principalement sur la valorisation du capital humain pour un Maroc compétent. « Pour atteindre ces objectifs, le Nouveau Modèle de Développement a entrepris le pari de garantir une éducation de qualité pour tous, afin de permettre à tout apprenant d'acquérir les compétences nécessaires garantissant son inclusion sociale et son succès académique et professionnel », rappelle-t-il. Et d'ajouter : « Le NMD désigne le système d'orientation scolaire comme un levier pour le succès scolaire, et ce, sur la base du projet personnel de l'apprenant, en lui permettant de découvrir les métiers et le marché du travail ».
En application des Hautes Orientations Royales, visant à adopter une réforme véritable et irréversible, du système national d'éducation, et conformément à l 'appel renouvelé du Souverain pour l'appropriation de cette réforme et l'adhésion collective et sérieuse pour sa mise en œuvre, avec au final l'instauration d'un système efficient et actif d'orientation scolaire, professionnelle et universitaire, « notre ministère a élaboré une conception nouvelle pour le système d'orientation scolaire en ayant à l'esprit les nécessités relatives au marché du travail, impliquant un projet personnel de l'apprenant en le considérant comme étant un mécanisme qui incarne ses propres préférences. Notre conception se base sur la nécessité du suivi concernant l'apprenant, de la part des institutions d'éducation, dans la cristallisation de ce projet personnel, et ce, depuis le préscolaire jusqu'à son intégration dans le marché du travail », explique Chakib Benmoussa.
Dans le détail, « nous avons entamé un projet pour le suivi et l'orientation scolaire selon des normes de qualité représentées par la médiation scolaire, le suivi psychologique et social, aux côtés de la préparation d'un nouveau modèle qui est de l'ordre des programmes scolaires et qui répond aux besoins des apprenants. Pour que l'on puisse mettre en œuvre cette approche, on a travaillé sur la mise en place de conditions favorables, notamment à travers la généralisation des espaces scolaires et professionnels en ce qui concerne toutes les institutions secondaires», selon le responsable gouvernemental. Dans ce sillage, le département de Chakib Benmoussa veille à augmenter le nombre des conseillers dans le cadre d'un plan de formation visant à augmenter le nombre des pratiquants au niveau des établissements scolaires secondaires, qui a atteint 1127 conseillers. « On a entamé la formation de 1400 formateurs. 320 conseillers seront opérationnels dès la prochaine rentrée scolaire. Nous allons continuer avec le même rythme pour atteindre le nombre défini », avance-t-il.
L'avis de Sekkouri sous l'angle de l'employabilité
A travers son optique d'employabilité, le ministre de l'Inclusion Economique, de la Petite Entreprise, de l'Emploi et des Compétences, Youness Sekkouri, également membre du CSEFRS, a noté que le constat frappant est qu'« on se heurte à la réalité des choses sur le marché du travail » et que « l'orientation scolaire est une problématique qui dépasse tout ce qui est programme ».
L'une des causes principales de cette réalité est l'absence d'un acteur important au niveau de l'orientation scolaire, en l'occurrence les parents et tuteurs, puisque les enfants ne sont pas capables à eux seuls de prendre des décisions avisées, constate Youness Sekkouri, qui appelle à une initiative populaire en ce qui concerne l'orientation. « Pour moi, l'orientation, c'est le stage, qui permet à l'élève d'avoir un aspect rationnel. Une demi-journée de stage dans une entreprise ou une organisation vaut mieux que trois mois d'orientation », a-t-il martelé.