Une opération de révision des programmes pédagogiques du cycle secondaire, plus précisément du cycle collégial, sera lancée prochainement, a indiqué le ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa, lors de la première session ordinaire du 2ème mandat du Conseil Supérieur de l'Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique (CSEFRS). Lors de son allocution d'ouverture de la session, lundi 09 janvier, le président du Conseil supérieur de l'Education, Habib Malki a d'emblée défini le cap : «surpasser les défis qui entravent le développement du secteur de l'éducation, la mise en œuvre de programmes scolaires adaptés aux exigences du développement, l'enseignement des langues, l'amélioration de l'offre nationale en matière de formation professionnelle ». Tels, a-t-il dit, sont les objectifs qui sont inscrits parmi les priorités du Conseil au cours de son deuxième mandat», soulignant que ce défi collectif exige l'engagement de toutes les parties prenantes. Il a de même souligné que « toute vision de réforme ne doit pas être perçue comme circonstancielle ou transitoire, mais doit plutôt être menée sur la base d'un processus, empreint de continuité et de durabilité pour les générations à venir », ajoutant que les défis auxquels le système éducatif est confronté nécessitent l'engagement et le travail en synergie entre toutes les parties prenantes.
Le président du Conseil a annoncé, par la même occasion, l'intention d'introduire des amendements partiels à la loi régissant le Conseil supérieur de l'éducation et de la formation, liés à l'article 34 relatif aux Commissions permanentes, et à l'article 43 relatif à leur domaine d'action, afin de pallier à l'absence de certaines questions majeures relevant de leur compétence. Il y va, a-t-il poursuivi, de l'impératif de valoriser l'accumulation institutionnelle, investir dans les possibilités d'améliorer la performance des comités, développer leur mécanisme de travail, améliorer leurs domaines d'intervention et leur donner tous les moyens d'efficacité et de succès. De la sorte, ils pourront être en mesure de donner une forte impulsion à leur travail et s'acquitter au mieux de leurs rôles, en se prévalant d'un cadre organisationnel pertinent et efficace. Ce projet d'amendement partiel proposé par Habib Malki devra être soumis pour délibération et approbation. Vers une refonte profonde des programmes scolaires
Durant la réunion, une participante a mis en exergue la feuille de route (2022-2026), dont la mise en œuvre est sujette à des contraintes de temps. Selon elle, le défi temporel pourrait avoir une connotation politique. Le Maroc attend ses premiers résultats en 2026, pour elle, ce serait impossible, qu'à cette date butoir, les résultats se fassent sentir. En outre, elle a pointé du doigt l'école marocaine publique qui a besoin d'une « profonde refonte », en raison des modules actuels qui n'ont pas été changés depuis 2002, partant de son expérience pour avoir fait partie des membres de la Commission spéciale éducation-formation (COSEF) au début des premières années du siècle courant. Elle a préconisé de la sorte à Habib Malki, de diligenter une profonde refonte des modules, au lieu de mettre en place des réformes, en raison des changements radicaux qui ont eu lieu dans le monde depuis 2002. « Nous ne vivons plus dans le même monde qu'en 2002 », a-t-elle affirmé. Prenant la parole, Chakib Benmoussa a reconnu la pertinence de ses propos, en indiquant que les résultats de la feuille de route 2022-2026, ne peuvent être ressentis qu'au-delà de 2026, expliquant toutefois qu'elle s'articule autour d'objectifs dont les retombées peuvent être appréciées de façon périodique. Le ministre a en outre précisé que la feuille de route est effectivement confrontée aux défis temporels, car sa concrétisation tout au long de la période prédéfinie, dépasse le mandat du gouvernement actuel. « C'est pour cette raison qu'on a décidé de lancer ces discussions avec les partenaires au sein de ce Conseil. Ceci permettra d'assurer la continuité de la réforme, car ce n'est pas le ministre tout seul qui doit réformer l'écosystème », a-t-il fait savoir. Dans le même sillage, le ministre de tutelle a indiqué que, compte tenu de l'importance du cycle secondaire qui permet à l'élève d'acquérir les bases nécessaires, il a été décidé de lancer une opération de révision de tous les programmes méthodologiques et pédagogiques du cycle secondaire, plus particulièrement les programmes du collège. Afin d'évaluer les acquis des élèves, et donc améliorer leur niveau d'apprentissage, les établissements scolaires vont procéder à la fin de chaque cycle à l'évaluation des connaissances de l'élève. Réagissant à certains commentaires sur la place des langues dans la Feuille de route pour la réforme de l'Education 2022-2025, notamment la langue amazighe, Benmoussa a fait savoir que son département travaille, en collaboration avec une Commission spéciale, sur les méthodologies nécessaires pour l'enseignement de cette langue, d'autant plus que le volet de l'apprentissage des langues occupe une place capitale dans la réforme voulue. « Notre objectif est d'intégrer l'enseignement de la langue amazighe dans le cycle primaire avant de passer au secondaire », a-t-il précisé, ajoutant : « Cela implique bien évidemment un suivi continu avec les Décrochage scolaire professionnels du domaine ». Le Maroc aura besoin d'une étude sociologique pour optimiser les résultats des réformes menées Benmoussa a précisé qu'au regard du développement technologique que connaît le monde, et des changements qui s'opèrent de manière récurrente, les reformes de l'éducation dans le monde entier ne peuvent être optimisées à souhait. Cela est valable pour le monde entier et pas seulement au Maroc. Durant cette séance, Benmoussa a bien insisté sur la période charnière que connaît l'éducation marocaine publique, en mentionnant le besoin de faire une étude sociologique de la société marocaine. « Cela va nous aider à mieux comprendre l'implémentation de nos idées que nous nous accordons à dire qu'elles sont convenables pour les réformes, mais il se peut qu'elles échouent car elles peuvent être incompatibles avec la réalité de notre société », a-t-il fait savoir. D'après lui, il existe un risque de voir les acteurs échouer dans l'exercice de leur devoir en faisant une mise en œuvre des réformes entreprises par la tutelle, en discordance avec les réalités de la société marocaine, au regard de plusieurs facteurs, telles que l'histoire de la société et ses coutumes, ce qui pourrait condamner ces réformes à être de simples constructions sans impact réel. M.E.K. et M.K. L'info...Graphie Feuille de route 2022-2026 Mille et une lacunes à surpasser
Lors de la présentation de la Feuille de route 2022-2026 pour la réforme de l'Education, devant le Conseil supérieur de l'éducation, de la formation et de la recherche scientifique, le ministre de l'Education nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa a rappelé les objectifs stratégiques de la réforme voulue, tout en faisant certains constats frappants que connaît le système éducatif national, plus particulièrement l'école publique. D'ailleurs, il a annoncé que les premières évaluations des connaissances des élèves faites dans les établissements scolaires ont montré que seuls 30% des élèves maîtrisent le programme scolaire à la fin du cycle primaire. De plus, seuls 10% des élèves maîtrisent le programme scolaire à la fin du cycle collégial, avec un décalage important entre les élèves de l'école publique et ceux de l'école privée. Résultats non satisfaisants, aux yeux de Benmoussa car ils dénotent le manque de confiance des citoyens dans le système éducatif public. « Le niveau du système éducatif au Maroc n'est pas acceptable. C'est l'une des raisons derrière le recul de confiance des citoyens dans l'école publique », souligne-t- il. D'ailleurs, selon le programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), qui évalue les acquis de ces derniers, le Maroc est classé en 77ème place sur 79 pays, en ce qui concerne les mathématiques alors qu'il est placé à la 75ème sur 79 pays en termes de lecture. De plus, une évaluation des acquis de 25.000 élèves du cycle primaire réalisée en septembre dernier a montré que seuls 13% des élèves maîtrisent un simple calcul, 23% seulement maîtrisent la lecture d'un texte en arabe et 38 seulement maîtrisent un texte en français de 15 mots.