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Développement industriel à l'africaine et enjeux de justice climatique
Publié dans L'opinion le 21 - 04 - 2023

La population la plus jeune du monde, la plus grande réserve de main-d'œuvre de la planète d'ici 2050, 60% des terres arables inexploitées à l'échelle mondiale, le tiers des réserves planétaires tous minerais confondus, et pourtant l'Afrique, en particulier au sud du Sahara, concentre plus de la moitié de l'extrême misère dans le monde. C'est à se demander ce qui empêche le continent de briser le cercle vicieux de la dépendance et de la pauvreté.

Pas de développement africain sans industrialisation

Que font les jus d'ananas d'origine européenne dans les rayons des supermarchés en Guinée ? Alors que dans ce pays, l'ananas est tellement abondant qu'on estime les pertes liées à sa surproduction à 13% en 2021. Ce n'est ni le fruit ni l'eau qui manquent dans le « château d'eau d'Afrique de l'Ouest », et pourtant...
De la même manière, les tablettes de chocolat importées s'accaparent ce marché en Côte d'Ivoire, le plus grand pays producteur de cacao au Monde, et sont vendues à des prix que le consommateur local est loin de pouvoir se permettre. Quelques multinationales continuent à transformer à l'étranger plus de la moitié des fèves ivoiriennes au détriment des acteurs nationaux, malgré les investissements du pays dans la transformation de la filière ces dernières années.
Ce ne sont pas les exemples d'aberrations économiques qui manquent dans le quotidien des africains. Ils ne datent pas d'hier et ils traduisent un vrai dysfonctionnement du système, les schémas obsolètes de l'« aide », largement critiqués depuis des décennies, n'apportant pas l'ombre d'une solution à la situation. Une réelle vision d'industrialisation du continent, développée en Afrique et pour l'Afrique, peut en revanche contribuer à contrer ce qui apparaît, dans son absurdité et son injustice, comme un « mauvais sort ».
Une industrialisation qui brisera la dépendance économique et ses mécanismes en menant vers l'auto-suffisance, qui permettra à l'Afrique de tirer profit de ses diverses ressources, de sa terre et de son sous-sol, produire de la valeur ajoutée, et créer des emplois à des millions de personnes vivant en dessous du seuil de l'extrême pauvreté dans des pays paradoxalement si riches. En est-on si loin ?
Selon l'Indice 2022 de l'Industrialisation en Afrique (IIA) de la Banque Africaine de Développement (BAD), si des foyers d'industrialisation émergent partout sur le continent, le rythme du développement industriel reste trop lent. « La part de l'industrie manufacturière africaine dans la production mondiale est tombée à moins de 2 % et le continent demeure peu intégré dans les chaînes de valeur mondiales [...] ». L'Afrique, en tant que continent, continue à être le parent pauvre du développement industriel, et ce même si certains pays africains, dont l'Afrique du Sud, le Maroc et l'Egypte se démarquent par leurs politiques et performances industrielles et ont clairement un temps d'avance sur leurs pairs en la matière.

Sans surprise, le manque d'infrastructures reste un frein principal. D'après le même rapport :
« [...] À l'heure actuelle, la moitié des Africains n'ont pas accès à l'énergie et 30 % n'ont pas accès à l'eau potable, deux éléments essentiels pour l'agro-industrie et les autres industries. Le coût moyen de l'électricité pour les entreprises manufacturières est quatre fois plus élevé en Afrique que les tarifs industriels appliqués ailleurs dans le monde ». Sans parler des infrastructures de transport insuffisantes voire inexistantes dans certains cas, ce qui n'est pas sans impact sur les supply chains.


Quelle industrialisation sans justice climatique ?

De ce qui précède, il est évident que sans développement industriel, l'Afrique est vouée à continuer d'importer démesurément, transformer très peu localement et exporter sa production sans valeur ajoutée. Autrement dit, le continent demeure piégé dans la misère et les fortes disparités loin de toute souveraineté économique.
Rappelons par ailleurs certains faits indéniables lorsqu'on parle de développement industriel en relation avec le climat.
D'abord, les pays riches se sont industrialisés en polluant. Un chiffre classique pour illustrer cela : les pays du G20 - les plus riches et les plus industrialisés de la planète - sont responsables de 80% de la pollution climatique (source : ONU). Si on prend deux des plus grands pollueurs que sont les Etats-Unis et l'Europe, ils ont contribué à eux seuls à près de 50% des émissions historiques (source : Our World in Data) .
Ensuite, l'Afrique, regorgeant de ressources minérales et d'hydrocarbures, a été historiquement fondamentale, en tant que pourvoyeur de matières premières, à la richesse de ces nations développées et au maintien de la qualité de vie en Occident.
Qui plus est, l'Afrique, qui n'a contribué qu'à 3 % des émissions historiques de gaz à effet de serre (source : Our World in Data), dont une contribution ridicule des pays de l'Afrique sub-saharienne hormis le Nigéria et l'Afrique du Sud, est le continent le plus frappé par les conséquences du changement climatique : inondations au Mozambique et en RDC, pire sécheresse au Maroc depuis quatre décennies, cyclones au Zimbabwe, déficit de pluviométrie et crues destructrices en Afrique de l'Ouest qui viennent s'ajouter -participer même dans une certaine mesure- aux crises existantes dans la région, etc.
Ce qui est étonnant aujourd'hui est que ces mêmes pays riches, pollueurs historiques et encore largement dépendants des énergies fossiles, veulent dicter à cette même Afrique la façon de s'industrialiser, par exemple en refusant de financer l'exploitation des énergies fossiles, selon l'argument de la nécessaire décarbonation pour freiner le réchauffement climatique. Un discours dénoncé par de nombreux dirigeants africains notamment lors de la COP 27, car reflétant une injustice et une « hypocrisie » au niveau mondial sur la question de la transition énergétique.
Le vice-président nigérian Yemi Osinbajo a affirmé en réaction à ce type de raisonnement : « Aucun pays au monde n'a réussi à s'industrialiser en utilisant des énergies renouvelables », et pourtant on attend de l'Afrique qu'elle le fasse « alors que tout le monde sait que nous avons besoin d'industries fonctionnant au gaz pour faire des affaires ».

Transition énergétique juste et modèles africains

S'il est tout à fait urgent que l'Occident repense son modèle productiviste basé sur l'hyperconsommation et la course derrière les faux besoins, modèle qui est incontestablement à l'origine de la crise écologique mondiale, le même discours ne saurait s'appliquer aux pays en développement, derniers responsables du réchauffement climatique et premiers à en souffrir, leurs populations luttant souvent pour les besoins de leur simple survie.
Sur la question énergétique, s'il est indispensable que les pays riches avancent le plus rapidement possible vers les objectifs de neutralité carbone avant qu'il ne soit tard pour espérer rester dans une limite du réchauffement à +1,5°C, les pays en développement, dont les nouveaux pays gaziers comme le Sénégal et la Mauritanie, ont avant tout le droit d'exploiter au mieux la diversité des ressources énergétiques à leur disposition pour accéder à l'électricité, se développer et s'industrialiser.
Dans ce contexte, c'est à l'Afrique de construire ses propres modèles de développement et de concevoir ses propres systèmes énergétiques, dans une vision sur le long-terme qui lui permettra de s'affranchir progressivement des combustibles fossiles. La jeunesse africaine, largement consciente et préoccupée par les enjeux du climat - car en perçoit et en subit les conséquences - a de quoi propulser son continent au rang de leader dans les énergies renouvelables dans les années à venir compte tenu du potentiel en la matière et de toutes les opportunités qu'il y a à saisir. Mais cela ne saurait se faire sans une vision juste et équitable de la transition énergétique sur le plan international.
Pour citer des exemples de pays africains à la pointe du renouvelable, l'Ethiopie se distingue avec une part des énergies renouvelables de plus de 90% du mix-énergétique du pays, à travers des investissements importants dans les énergies solaire et hydroélectrique. Il est à noter en termes de développement industriel que l'Ethiopie reste en deçà de la moyenne africaine en termes d'IIA (Source : BAD 2022) mais montre des signes d'émergence depuis plusieurs années, entre autres grâce à la mise en place de réseaux de parcs industriels et de zones économiques spéciales (ZES).
Le Maroc fait également partie des leaders en matière d'énergies propres avec une politique ambitieuse visant à porter la part de ces énergies à 52% dans son mix-énergétique d'ici 2030, et à se positionner de façon compétitive sur la production et l'export de l'hydrogène vert. Cette nouvelle source d'énergie prometteuse pourra accélérer la décarbonation de plusieurs secteurs industriels et contribuer considérablement à la souveraineté énergétique de l'Afrique. D'après une étude récente de la Banque européenne d'investissement, l'Alliance solaire internationale et l'Union africaine, l'Afrique peut produire, à partir de son énergie solaire, 50 millions de tonnes d'hydrogène vert par an d'ici à 2035 à un coût compétitif.

L'ingéniosité africaine n'est pas à démontrer. Elle est aujourd'hui source d'inspiration dans le domaine technologique par ses solutions inclusives radicalement innovantes, par exemple le mobile money en réponse à la sous-bancarisation, ou encore la social tech au service de l'accès aux soins de santé. De la même façon, cette ingéniosité, combinée à une vision stratégique pour l'essor industriel de notre continent, peut concevoir et mettre en œuvre des modèles industriels et économiques novateurs susceptibles de faire sortir les populations de la pauvreté endémique inacceptable dans des pays disposant d'autant de richesses naturelles et humaines, tout en s'inscrivant dans une logique de développement durable. Des champions à l'échelle continentale et mondiale montrent déjà la voie.




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