La douzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, ce jeudi 13 avril, sera également synonyme du retour de la grève des éboueurs à Paris qui va donc repartir de plus belle et risque de transformer une nouvelle fois Paris en décharge à ciel ouvert. La journée de mobilisation contre la réforme des retraites, ce jeudi 13 avril, coïncide avec le retour de la grève des éboueurs à Paris. Achevée le 29 mars après trois semaines de mobilisation, la grève des éboueurs va donc repartir de plus belle et risque de transformer une nouvelle fois Paris en décharge à ciel ouvert. Les éboueurs de la régie municipale de Paris ont voté ce mercredi 12 avril une nouvelle grève reconductible à partir du jeudi 13 avril pour interpeller le gouvernement et le chef de l'Etat. La filière traitement des déchets de la CGT promet avec cet « acte II » un mouvement plus fort qu'entre le 6 mars et le 28 avril, période durant laquelle jusqu'à 10.000 tonnes de déchets se sont accumulées sur le pavé parisien. Et selon des propos rapportés par Le Parisien mercredi, les éboueurs promettent de «transformer les rues de Paris en décharge publique». Un avertissement formulé en d'autres termes par le secrétaire général de la filière CGT, à l'origine de l'appel à la grève, Régis Vieceli. « S'il faut tenir deux semaines, on tiendra deux semaines. Il faut que le mouvement soit encore plus fort que la première fois, puisqu'Emmanuel Macron ne nous a pas entendus », a-t-il averti, alors que cette nouvelle grève débutera à la veille du verdict du Conseil constitutionnel sur la validité du texte. « On repart, parce que pour nous cette réforme des retraites doit tomber, et ce quelle que soit la décision du Conseil constitutionnel », a déclaré lors d'un point presse Régis Vieceli.
« Il faut que ce soit plus fort que la dernière fois »
Le 28 mars, la CGT avait annoncé une suspension du mouvement entamé le 6 mars, faute de grévistes en nombre suffisant, afin de remobiliser ses troupes. Et c'est désormais chose faite, à en croire Régis Vieceli. « On a travaillé pour ça, on a dû rediscuter avec nos camarades, avec nos collègues dans les ateliers, dans les garages, y compris avec les camarades du privé, et on espère bien avoir un fort taux de grévistes demain (jeudi). Il faut que ce soit plus fort que la dernière fois ». Le Parisien cite d'ailleurs un éboueur parisien qui atteste d'un besoin de réorganisation pour permettre une grève plus efficace : « On va essayer de faire grève quelques jours, sur nos jours de repos aussi. On demande qu'il y ait un roulement entre personnel. C'est l'absence de renouvellement qui nous a contraints d'arrêter la mobilisation temporairement ». « On a un mouvement tout à fait inédit dans la filière, on n'a jamais eu une telle intensité de grève. Le mouvement ne faiblit pas. Les éboueurs de Saint-Brieuc sont en grève depuis six semaines », a déclaré de son côté François Livartowski, secrétaire fédéral de la CGT-services publics, faisant toutefois état de « très fortes pressions sur les grévistes de la part des employeurs, avec des menaces et intimidations ». La CGT a d'ailleurs compté « plus d'une quarantaine de débrayages » dans la filière en France, a-t-il ajouté. Durant le mois de mars, la grève des éboueurs avait contraint la mairie de Paris à un bras de fer avec la préfecture de police de Paris. La maire de Paris, Anne Hidalgo, avait refusé d'opérer des réquisitions de personnels par soutien envers les grévistes. Laurent Nunez, préfet de police de la capitale avait donc lui-même demandé la réquisition d'éboueurs afin de débarrasser certaines des piles de déchets, au nom du risque sanitaire et sécuritaire. D'autant plus que la grève des éboueurs avait permis à certains manifestants d'utiliser les poubelles pour démarrer des feux, en marge de rassemblements spontanés dans les rues de Paris pour protester contre l'usage du 49.3 par le gouvernement. Macron rencontrerait les syndicats après décision du Conseil constitutionnel Le chef de l'Etat a confirmé qu'il rencontrera les organisation syndicales après la décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites. Emmanuel Macron proposera un "échange" aux syndicats dans un "esprit de concorde" après la décision attendue du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites. "Le pays doit continuer d'avancer", a également déclaré le président de la République au terme d'un déplacement aux Pays-Bas. "J'engagerai pour tout ce qui les concerne, les partenaires sociaux à pouvoir revenir - je sais que la période gardera encore les traces des désaccords du moment - mais je le ferai avec l'esprit de concorde et la volonté d'engager la suite, quelle que soit la décision" des Sages, a-t-il poursuivi. Pour l'heure, tous les projecteurs demeurent braqués sur la discrète institution de la rue de Montpensier à Paris, qui doit mettre fin au suspense vendredi "en fin de journée", au lendemain d'une douzième journée de mobilisation. Va-t-elle censurer la réforme? Seulement une partie? Et donnera-t-elle son feu vert à la procédure d'un référendum d'initiative partagée (RIP), chère à la gauche? Mercredi, au deuxième jour de sa visite d'Etat aux Pays-Bas, Emmanuel Macron a de nouveau été la cible d'opposants à la réforme, alors que deux manifestants ont été interpellés à son arrivée à l'université d'Amsterdam. Partisans comme opposants au texte s'attendent pour la plupart à ce qu'au moins quelques mesures soient censurées par le Conseil constitutionnel. C'est notamment le cas de l'index seniors, un nouvel indicateur obligatoire devant mettre au jour les pratiques des grandes entreprises en matière d'emploi des salariés de plus de 55 ans. Il pourrait être qualifié selon de nombreux observateurs de "cavalier" législatif, c'est-à-dire une mesure n'ayant rien à faire dans un texte budgétaire.