Les prix des engrais phosphatés devraient connaître une baisse fin avril - début mai en raison de la fin de la demande saisonnière en Chine et d'une grande offre sur le marché à l'export, estiment les analystes de la plateforme britannique My Investments. A ce jour, le coût des engrais phosphatés a baissé de 7% depuis un pic local fin janvier, à 600 dollars la tonne (FOB Baltica), suite à une baisse des prix sur le segment azoté. En 2023, le coût du DAP sera au niveau de 530-540 dollars la tonne, soit 33 % de moins qu'en 2022, mais 20% de plus que la moyenne sur 10 ans, selon les experts. Le coût des engrais azotés en mer Baltique a baissé de 35% depuis le début de l'année à 270 dollars la tonne, en raison de l'augmentation de l'offre sur le marché et de la baisse des prix du gaz. La disponibilité des engrais azotés pour les agriculteurs est à un niveau record depuis 5 ans, selon les analystes. La prévision du prix moyen de l'urée en 2023 a été réduite à 290-300 dollars la tonne (FOB Baltique), soit la moitié du niveau de 2022. L'agence de notation financière internationale "FitchRating" a considérablement abaissé la semaine dernière ses attentes concernant les prix des engrais azotés en 2023-2024. La prévision du coût moyen de l'ammoniac cette année a été réduite de 750 dollars à 600 dollars la tonne et l'urée de 500 dollars à 350 dollars la tonne (FOB Moyen-Orient). C'est 40 à 45 % de moins que les niveaux de l'an dernier. Les analystes notent qu'un excédent d'approvisionnement s'est formé sur le marché de l'ammoniac en raison de la mise en service de nouvelles installations de production l'an dernier. Dans le même temps, une nouvelle croissance de la capacité est attendue jusqu'en 2025. Le coût de l'urée est soumis à la pression à la fois du gaz moins cher et des approvisionnements des pays sanctionnés : la Russie, l'Iran et le Venezuela, écrit Fitch. L'offre excédentaire sur ce marché continuera de faire pression sur les prix : en plus d'une augmentation des exportations depuis la Chine, de nouvelles installations de production devraient être mises en service en Egypte, en Turquie, en Russie et au Venezuela en 2023-2024. Les prix du chlorure de potassium en 2023 seront près de 30 % inférieurs à ceux de l'année dernière, estime Ficth. La prévision de prix du chlorure de potassium a été abaissée de 460 $ à 450 $/t en 2023 et de 350 $ à 300 $/t en 2024, compte tenu du redémarrage des capacités au Canada et de la poursuite des exportations de la Russie et de la Biélorussie. La demande de chlorure de potassium se redresse mais ne devrait revenir aux niveaux de 2021 que d'ici 2025, note Fitch. Malgré l'affaiblissement des prix, la disponibilité des engrais potassiques pour les agriculteurs est toujours à un niveau bas, relève toutefois l'agence. Le coût moyen du DAP en 2023, selon Fitch, sera de 550 $/t contre 900 $/t l'an dernier, et tombera à 380 $/t en 2024 (la prévision n'a pas changé). Selon les analystes de l'agence, la reprise de la demande sera nivelée par la croissance des exportations de la Chine et du Maroc. Dans le même temps, la mise en service de nouvelles capacités en 2023-2025 sera limitée, à environ 1 million de tonnes par an. Selon le Forum économique mondial, de mi-2020 à fin 2022, les prix des engrais dans le monde ont été multipliés par trois. La baisse des prix au premier trimestre de cette année est en partie due au fait que les agriculteurs réduisent ou refusent d'acheter des engrais minéraux, selon les experts de l'organisation. Quel impact pour l'OCP ? Selon des observateurs, l'OCP produit tous types d'engrais et cette baisse de cours ne se répercuterait pas sur ses recettes annuelles. Le groupe serait en mesure de maintenir les progrès financiers réalisés depuis l'avènement de la crise sanitaire mondiale en 2020 et le déclenchement du conflit russo-ukrainien en 2022 et ce, en raison des sanctions occidentales infligées à la Russie, un important producteur d'engrais. En outre, le groupe a décidé d'investir 130 milliards de dirhams sur la période 2023-2027, d'après l'ambitieux programme présenté par le patron de l'OCP, Mostafa Terrab, en décembre 2022, devant SM le Roi Mohammed VI. Ce programme s'appuie sur quatre fondements. Il s'agit en premier lieu d'accroître les capacités de production d'engrais. L'OCP vise à faire passer ses ventes d'engrais de 12 millions de tonnes, en 2021, à 20 millions de tonnes à l'horizon 2027. La production de la roche suivra la même tendance, puisqu'elle passera de 44 millions de tonnes actuellement à 70 millions de tonnes en 2027. Neutralité carbone Le deuxième pilier de cette nouvelle stratégie est d'atteindre la neutralité carbone avant 2040, ce qui nécessitera de s'appuyer sur le renouvelable pour toute la consommation énergétique du groupe. D'ailleurs, le troisième fondement de la stratégie du groupe (2023-2027) est de tout miser sur le gisement unique d'énergies renouvelables. L'Office dirigé par Mostafa Terrab compte ainsi investir massivement dans le solaire et l'éolien, dans le but de fournir à l'ensemble des usines du groupe de l'énergie décarbonée à l'horizon 2027. Dans ce sens, l'OCP s'est déjà investi dans la réhabilitation des terrains miniers en champs solaires et éoliens. En 2027, le groupe aura à sa disposition une capacité installée de 5 gigawatts d'énergie verte. Le groupe compte aller plus loin, en installant des usines de dessalement d'eau de mer alimentées par cette énergie verte, avec l'objectif de faire provenir 100% de l'eau consommée par le groupe en 2024, du dessalement et du traitement des eaux usées. L'eau non-conventionnelle alimentera par la même occasion en eau potable et d'irrigation des zones riveraines des sites OCP. La capacité de production de l'eau non conventionnelle par le groupe devra ainsi passer de 35 millions de mètres cubes, en 2021, à 560 millions de mètres cubes à l'horizon 2027, d'après la présentation faite devant le Souverain.