Le Maroc est devenu le principal marché pour les exportations de blé de l'Union Européenne (UE) en 2022/23. Il devrait importer 1,5 million de tonnes de blé tendre entre mars et mai de cette année. Dans la perspective de pallier les effets de la sécheresse ayant frappé notre pays et garantir l'approvisionnement national en matière de blé tendre, le Royaume a mis en place une série de mesures visant à faciliter l'importation de cette denrée, entre autres la modification de son programme de subventions à l'importation de blé qui devrait aider les entreprises à assurer l'acheminement des cargaisons en provenance de la région de la Mer Noire. Selon les données citées dans un rapport de Reuters, le Maroc devrait importer 1,5 million de tonnes de blé tendre entre mars et mai de cette année. Cela est dû notamment à l'ajustement des conditions de subvention à l'importation, permettant aux entreprises d'importer davantage de produits à base de blé. L'UE a réalisé des ventes importantes au début de la campagne d'exportation de juillet à juin, étant donné que les importateurs cherchaient à éviter les perturbations d'acheminement du blé en Mer Noire à cause du conflit russo-ukrainien, sachant que des incertitudes planent sur le prolongement de l'accord céréalier.
Le Royaume multiplie les sources
Comme les céréales, en particulier le blé, sont des aliments de base pour le régime alimentaire marocain, la sécheresse qui a sévi durant les dernières années a aggravé la dépendance du Maroc à l'égard des importations de cette denrée. La stabilité de la demande sur le marché marocain, entre autres destinations, offre un bon débouché à la France, premier producteur de blé de l'UE, pour écouler un excédent de 10 millions de tonnes qui n'a pas été vendu aux Etats membres de l'Union.
Au cours des huit premiers mois de 2022, les importations de blé ont atteint 18,8 milliards de dirhams (1,7 milliard de dollars), soit près du double des 9,2 milliards de dirhams (842 millions de dollars) de l'année précédente.
« Le Maroc prévoit d'importer 1,5 million de tonnes supplémentaires de blé tendre entre mars et mai, et les importateurs devraient s'en tenir aux approvisionnements de l'UE compte tenu des risques logistiques et financiers liés aux céréales ukrainiennes et russes », a déclaré, à Reuters, Yann Lebeau, du groupe français de l'industrie céréalière Intercéréales.
UE, baisse des perspectives d'exportation
« L'Europe et les Etats-Unis sont de plus en plus incapables de vendre leur ancienne récolte », a déclaré Michael Magdovitz, analyste chez Rabobank (une institution financière internationale de bancassurance d'origine néerlandaise). La baisse des perspectives d'exportation a poussé les contrats à terme sur le blé européen et américain à leur plus bas niveau depuis 2021 cette semaine. Après avoir prévu des exportations record de blé tendre de l'UE de 40 millions de tonnes en 2022/23 au début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la Commission Européenne a progressivement réduit ses prévisions à 32 millions de tonnes, d'autres prévisionnistes les voyant plus proches de 30 millions de tonnes. Toutefois, les traders n'excluent pas une vague d'exportations de l'UE en fin de saison, les doutes sur les approvisionnements de la Mer Noire persistant alors que la Russie ne s'engage à respecter l'accord sur le corridor que jusqu'à la mi-mai et examine les moyens d'augmenter ses prix à la production.
Les chiffres de la FAO
En 2022, la production de céréales au Maroc a été estimée à 3,3 millions de tonnes. C'est ce qu'affirme la FAO dans son premier rapport trimestriel de 2023 sur la situation alimentaire mondiale, rendu public le 1er mars. Le volume annoncé représente une baisse de 68 % par rapport au stock de 10,5 millions de tonnes enregistré un an plus tôt et une baisse de 58 % par rapport à la production moyenne de 7,9 millions de tonnes au cours des cinq années précédentes. La sécheresse persistante est à l'origine de cette mauvaise performance, qui a impacté tous les secteurs de l'industrie céréalière, en particulier le blé tendre qui compte pour environ 70% de l'approvisionnement total du pays. Plus précisément, la récolte de blé a diminué de 66 % pour s'établir à 2,5 millions tonnes contre un stock de 7,5 millions de tonnes précédemment.