Xi Jinping et Vladimir Poutine ont loué, lundi, la solidité de leur partenariat bilatéral, quelques heures avant l'arrivée du président chinois à Moscou pour un sommet avec son homologue russe, isolé sur le plan international en raison de l'invasion de l'Ukraine. La visite d'Etat de trois jours en Russie, pays avec qui la Chine a d'importants liens diplomatiques et économiques, est la première du dirigeant chinois chez son voisin depuis près de quatre ans. Dans un article publié dans le journal russe Rossiyskaya Gazeta, Xi Jinping a présenté sa venue comme un "voyage d'amitié, de coopération et de paix", face à des Occidentaux qui regardent la relation sino-russe avec méfiance. "J'ai hâte de travailler avec le président Poutine pour adopter ensemble une nouvelle vision" des liens bilatéraux, écrit notamment Xi. Forte d'avoir facilité la récente réconciliation diplomatique entre l'Arabie saoudite et l'Iran, la Chine se positionne en médiatrice sur la guerre Russie-Ukraine et appelle notamment à des négociations de paix entre Moscou et Kiev. Dans un article publié lundi dans un journal chinois, Vladimir Poutine salue "la volonté de la Chine de jouer un rôle constructif dans le règlement" du conflit et estime que "les relations russo-chinoises ont atteint le point culminant de leur histoire". Coutumier des propos au vitriol, l'ancien président russe Dmitri Medvedev, actuellement vice-président du Conseil de sécurité nationale, a déclaré que la Cour de la Haye pouvait être la cible d'une frappe avec un missile russe.
Une bouffée d'oxygène pour un président isolé
"On peut très bien imaginer une frappe de haute précision avec un missile hypersonique russe Oniks depuis un navire russe en mer du Nord contre le bâtiment du tribunal à la Haye", a-t-il écrit sur Telegram, invitant les juges de la CPI à "regarder attentivement le ciel". Autrefois figure plutôt libérale au sein du régime russe, Medvedev est devenu l'un des partisans les plus acharnés de l'offensive contre l'Ukraine, multipliant les déclarations au vitriol contre Kiev et ses alliés occidentaux. La venue du président chinois offre également une bouffée d'oxygène à Vladimir Poutine, isolé diplomatiquement et qui, en signe de défiance, s'est rendu ce weekend à Marioupol, ville ukrainienne dévastée par les bombardements. Il s'agissait de la première visite du président russe en zone conquise depuis le début de l'offensive lancée par le Kremlin fin février 2022. Xi Jinping, qui vient d'entamer un troisième mandat de président, chose inédite en Chine, appelle régulièrement Vladimir Poutine son "vieil ami". Unis par un partenariat "sans limites", célébré l'an passé trois semaines avant le début de l'intervention en Ukraine, Pékin et Moscou se sont rapprochés ces dernières années, notamment pour faire front commun contre les Occidentaux. La Chine n'a pas condamné publiquement l'invasion russe et critique les Etats-Unis pour leurs livraisons d'armes à l'Ukraine ainsi que l'Otan pour n'avoir pas pris en compte les préoccupations russes en matière de sécurité.
Washington ne soutiendrait pas d'appel au cessez-le-feu
Pékin appelle toutefois au dialogue ainsi qu'au respect de l'intégrité territoriale de tous les Etats --y compris donc de l'Ukraine. "Aucun pays ne devrait dicter l'ordre international", a écrit Xi Jinping dans l'article publié dans le journal russe. "La Chine a toujours défendu une position objective et impartiale basée sur le fond du problème et a activement encouragé les pourparlers de paix". Une position jugée trop tiède par plusieurs pays occidentaux, pour lesquels la Chine soutient ainsi de façon tacite l'agression russe. Ils estiment en outre que les grands appels de Pékin à la paix ne peuvent se traduire par des actions concrètes dans l'immédiat. Les Etats-Unis ont ainsi déjà indiqué qu'ils ne soutiendront pas un nouvel appel chinois au cessez-le-feu lors de la visite de Xi Jinping en Russie, considérant que cela reviendrait à consolider l'emprise russe sur les territoires conquis en Ukraine. Nombre d'analystes doutent également de la capacité de Xi Jinping à réellement faciliter un rapprochement russo-ukrainien, compte tenu des liens qui unissent Moscou et Pékin --et de son relatif manque d'influence sur le Kremlin. Selon le quotidien américain The Wall Street Journal, Xi Jinping, au nom de la neutralité affichée par son pays, pourrait également s'entretenir avec son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky une fois de retour en Chine. Pékin appelle la CPI à éviter le "deux poids deux mesures" La Chine a appelé lundi la Cour pénale internationale (CPI) à éviter le "deux poids deux mesures", après l'émission par cette juridiction d'un mandat d'arrêt contre Vladimir Poutine. Le président russe est accusé par la CPI, basée à La Haye (Pays-Bas), de crime de guerre pour "déportation illégale" d'enfants ukrainiens dans le cadre du conflit entre Moscou et Kiev. La réaction chinoise survient quelques heures avant le début d'une visite d'Etat du président Xi Jinping en Russie, la première en près de quatre ans, lors de laquelle il s'entretiendra avec Vladimir Poutine. "La Cour pénale internationale doit adopter une position objective et impartiale, respecter l'immunité de juridiction des chefs d'Etat en vertu du droit international", a déclaré lundi Wang Wenbin, un porte-parole de la diplomatie chinoise, en réponse à une question sur le sujet. L'institution doit "éviter la politisation et la politique du deux poids deux mesures", a-t-il souligné devant la presse, dans une référence aux autres interventions militaires ne donnant lieu à aucun mandat d'arrêt de chef d'Etat.