Nabil El Bousaadi En dépit du risque d'envenimer encore plus les relations déjà tendues entre Pékin et les capitales occidentales, le président chinois Xi Jinping a eu, mercredi dernier, un long entretien téléphonique avec son « vieil ami » le président russe Vladimir Poutine. Mais si depuis l'arrivée au pouvoir du président Xi en 2012, les deux hommes se sont rencontrés à plus de trente reprises – ce qui confirme que leur amitié est bien solide – leur dernière rencontre qui avait eu lieu à Pékin, en marge des Jeux Olympiques d'hiver, trois semaines avant le déclenchement de la guerre d'Ukraine, avait constitué leur premier tête-à-tête depuis le déclenchement, une année auparavant, de la crise sanitaire mondiale et leur avait permis de proclamer « l'amitié sans limite » entre la Chine et la Russie et de signer une multitude d'accords dans le domaine du gaz, notamment. Au cours de leur échange téléphonique de ce mercredi, entrant dans le cadre du raffermissement des liens entre Moscou et Pékin, Xi Jinping – qui fêtait ce jour-là son 69ème anniversaire – a assuré le dirigeant du Kremlin de l'appui de la Chine en matière de « souveraineté » et de « sécurité » et fait part à son « vieil ami » de l'entière disposition de la Chine à « poursuivre avec la Russie le soutien mutuel sur les questions de souveraineté, de sécurité et sur d'autres questions d'intérêt fondamental et de préoccupations majeures ». Considérant, par ailleurs, qu' « en dépit des bouleversements mondiaux, les relations entre la Russie et la Chine ont maintenu une bonne dynamique de développement », le président chinois a appelé à « une coordination stratégique plus étroite » entre les deux pays mais aussi à l'arrêt de la guerre en Ukraine en invitant chacun des protagonistes à « promouvoir une solution appropriée » et en signalant l'entière disposition de son pays à jouer un rôle en direction de la paix. Pour rappel, si la précédente conversation téléphonique qui avait eu lieu entre les deux présidents remonte à fin février – soit quelques jours à peine après le déclenchement de l'offensive russe – force est de reconnaître que le pouvoir chinois, qui entend faire front commun avec le Kremlin contre les Etats-Unis, s'est toujours abstenu d'utiliser le terme « invasion » pour décrire l'opération militaire lancée par Moscou et qu'il a toujours imputé la responsabilité du conflit russo-ukrainien aux Etats-Unis et à l'Otan. Mais bien que dans son discours du 7 mars dernier, Wang Yi, le chef de la diplomatie chinoise ait évoqué, une amitié sino-russe « solide comme un roc », rien, pourtant, n'avait été dit sur la question de la « souveraineté » de la Russie et quelques jours plus tard, le « Financial Times » avait affirmé que Moscou avait réclamé à Pékin une assistance et du matériel militaire pour son « opération militaire spéciale » mais que cette demande était restée sans suite. S'agit-il là d'une réponse positive faite par Pékin aux nombreuses mises en garde par lesquelles le camp occidental, qui a pris des sanctions sans précédent contre la Russie au moment où cette dernière qui se heurte aussi bien à la résistance ukrainienne qu'à l'unité du camp occidental ne peut compter que sur la Chine pour échapper à un isolement économique total, lui avait demandé de ne pas accorder à Moscou le soutien qui lui permettrait d'atténuer l'impact desdites sanctions ? Peu probable mais attendons pour voir...