La crise ukrainienne qui retient l'attention du monde entier a pris ce jeudi un nouveau tournant lorsqu'à la suite des échanges de tirs à l'arme lourde ayant eu lieu entre les forces ukrainiennes et les séparatistes pro-russes dans le Donbass, les deux camps se sont rejetés la responsabilité des heurts. Ainsi, lorsque ce jeudi, l'armée ukrainienne a dénoncé une attaque contre la localité de Stanitsa Louganska ayant privé d'électricité la moitié de la ville et détruit le mur d'une école, les séparatistes de Lougansk ont imputé à Kiev une multiplication de bombardements à l'arme lourde n'ayant pour seul but que « de pousser le conflit vers une escalade ». Or, après qu'un communiqué de l'armée ukrainienne ait déploré la mort de « trois employés de l'école » visée par ces bombardements et les blessures dont aurait été victime « un soldat ukrainien » au terme de « 29 violations du cessez-le-feu », le chef de la diplomatie européenne Josep Borell, saluant « la retenue » dont aurait fait preuve l'Ukraine, a estimé que « le bombardement sans distinction d'infrastructures civiles était inacceptable ». Jugeant de son côté, la situation « extrêmement dangereuse » du fait de la « concentration extrême des forces ukrainiennes », le Kremlin a dénoncé, avec force, le soutien militaire accru de l'OTAN à l'Ukraine et le nombre croissant de livraisons d'armes occidentales. Face à cela, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a, encore une fois, assuré que son pays n'avait « pas besoin » de soldats occidentaux sur son territoire pour faire face à la menace russe car leur présence ne peut être qu'une «raison supplémentaire » qui sera donnée à la Russie pour la pousser à intervenir. Mais, en faisait la sourde-oreille aux propos émanant aussi bien de la Russie que de l'Ukraine, Washington a donné à cette « confrontation » un tour particulièrement solennel à l'ONU lorsque son chef de la diplomatie, Antony Blinken, est venu au-devant du Conseil de Sécurité exhorter les russes à « abandonner la voie de la guerre » en déclarant que les Etats-Unis disposent d' « indications » prouvant que les russes « sont prêts à la guerre » et en allant même jusqu'à affirmer que cette offensive aurait lieu « dans les prochains jours » ; tout cela avec la même assurance que celle qu'avait déployée Colin Powell lorsqu'il voulait justifier l'invasion de l'Irak en invoquant la possession, par Saddam Hussein, de ces armes de destruction massive qui jusqu'à ce jour n'ont toujours pas été trouvées. Volant à la rescousse de son ministre des Affaires étrangères comme l'avait fait, en son temps, George W. Bush avec son ministre de la Défense, le président américain Joe Biden a confirmé les propos d'Antony Blinken en ajoutant même que Moscou serait sur le point de lancer une « fausse alarme » qui justifierait l'invasion de l'Ukraine. Les débats tenus au sein du Conseil de Sécurité semblant se diriger vers une reconstitution des blocs dissous et dégageant un très fort parfum de guerre froide, la Chine, qui ne pouvait pas assister en spectatrice, a déclaré que « l'expansion constante de l'OTAN » est, pour le moins, anachronique ; une déclaration qui va à l'encontre de la politique étrangère de l'Empire du milieu telle que définie par Chou en-Laï en 1954 et reposant sur les principes de la « coexistence pacifique en cinq points » dont les principes de non-ingérence dans les affaires intérieurs des Etats et de non-agression. En exprimant, ainsi, un soutien clair et sans équivoque à la Russie alors qu'elle s'était bien gardée de faire au moment de l'annexion de la Crimée, en 2014, Pékin semble donc faire peu de cas du risque de subir des sanctions commerciales supplémentaires si la Russie venait à réclamer son aide pour échapper aux représailles économiques auxquelles va inévitablement donner lieu toute éventuelle attaque de l'Ukraine. Enfin, si lors de l'entretien téléphonique qu'il a eu cette semaine avec Emmanuel Macron, le président chinois Xi Jinping avait déclaré qu' « une résolution globale doit être obtenue par le biais de forums multilatéraux tel que le format Normandie (Allemagne, France, Russie, Ukraine) », donc qu'il faut absolument entamer un dialogue, ce n'est point là l'avis de Washington qui croit et s'acharne à vouloir faire croire au monde entier que la Russie va, sans l'ombre d'un doute, attaquer l'Ukraine d'un moment à l'autre ; alors, attendons pour voir…