Vendredi dernier, des experts internationaux ont signé la Déclaration de Casablanca pour l'abolition universelle de la gestation pour autrui. D'une seule voix, ils ont appelé à l'interdiction de cette pratique qui va à l'encontre de la dignité humaine. Le recours à la gestation pour autrui (GPA) est strictement interdit par la loi marocaine. De surcroît, au Royaume, on entend peu parler de cette technique de procréation médicalement assistée. En revanche, c'est la ville de Casablanca qui a été sélectionnée par un collectif d'experts de 74 pays du monde pour apposer sa signature sur la déclaration pour l'abolition universelle de la gestation pour autrui. Ce texte a été signé vendredi dernier à l'issue d'un séminaire pluridisciplinaire, par 90 experts, chercheurs et praticiens, pour la plupart juristes, médecins et psychologues, qui se consacrent depuis longtemps à la thématique de la gestation pour autrui et de ses effets sur les personnes et la société, sur la femme porteuse et sur l'enfant partagé. Le but de cette rencontre :éclairer le sujet par un regard anthropologique et éthique sur la pratique des mères porteuses, ainsi qu'une approche de la réalité de terrain. Ouverte par la juriste française Aude Mirkovic en présence d'observateurs du Comité des droits de l'enfant de l'ONU, cette manifestation scientifique de grande portée a permis de mettre à portée tous les éléments qui justifient la condamnation de la gestation pour autrui dans toutes ses modalités et sous toutes ses formes, qu'elle soit rémunérée ou non. Pour ce faire, seul un engagement des Etats à lutter contre ce fléau pourrait garantir la protection de la dignité humaine et des droits des femmes et des enfants, en adoptant des mesures rigoureuses interdisant la gestation pour autrui (GPA) sur leur territoire. Même si, dans les faits, les dealers de ce marché nébuleux réussissent, encore, à faire valoir des contrats comportant l'engagement des femmes à vouloir porter de leur plein gréet remettre «leurs enfants » à des familles «acheteuses », car aisées, le collectif appelle tous les gouvernements du monde à nier catégoriquement toute valeur juridique à ces pseudos-contrats qui ne sont que factices de par leur but contre-nature. Aussi, cet ensemble d'experts exhorte les Etats à prévoir de lourdes sanctions à l'encontre des personnes, physiques ou morales, qui se proposent comme intermédiaires entre les mères porteuses et les commanditaires.
«La pratique de la GPA est d'une gravité évidente. Premièrement, elle consacre l'exploitation des femmes et leur mise sous la domination des commanditaires et, deuxièmement, la programmation d'un enfant qui sera séparé, par contrat, de celle qui l'aura porté et enfanté ne respecte pas les droits de l'enfant. La souffrance de certains couples confrontés à l'infertilité ne doit pas faire oublier qu'il s'agit d'une violence faite aux femmes et d'une maltraitance inadmissible pour les enfants qu'aucune régulation ne peut réparer », s'insurge la juriste Aude Mirkovic.
La sensibilisation, d'abord ! Trois scientifiques et juristes Marocains figurent parmi les signataires. Parmi eux, il y a lieu de nommer Rachid Achachi, chercheur en sciences sociales, qui affirme que la mise en place de cette déclaration marque le point de départ d'une grande action, car tous les pays du monde peuvent être amenés à se sentir concernés un jour ou l'autre. Il est donc impératif aujourd'hui de faire bouger les choses et de sensibiliser le plus grand nombre contre ce phénomène à travers l'organisation de plusieurs rencontres et la diffusion de publications dans les médias et les réseaux sociaux.
De même, Bernardo Garcia-Larrain, professeur de droit franco-chilien, a rappelé que le phénomène touche tous les pays du monde, en particulier les pays les plus vulnérables. Toujours selon ses mots, il existe beaucoup d'agences qui recherchent des mères porteuses sur Internet, y compris dans les pays où la GPA est interdite.