Le mois sacré de Ramadan approche à grands pas, les ménages marocains affichent toutefois des préoccupations quant à la flambée des prix qui les afflige. Face à un contexte social fort déprimant à cause de la hausse des prix qui touche principalement des produits de première nécessité, le gouvernement a affiché sa détermination à renforcer les filets de protection sociale, à travers les mécanismes de soutien au pouvoir d'achat des citoyens, et ceux de contrôle et de suivi pour traquer les spéculateurs. Se disant à l'écoute des doléances des Marocains dans ce contexte de cherté de vie, due notamment aux retombées inflationnistes de la crise économique mondiale et aux perturbations des chaînes d'approvisionnement, du fait de la guerre russo-ukrainienne, l'Exécutif entend déployer avec plus d'énergie les leviers de contrôle et de suivi. Le gouvernement a promis, à l'issue de son dernier Conseil tenu le jeudi 9 février, un retour progressif des produits alimentaires aux prix normaux grâce aux mesures prises. De même, plusieurs ministres sont venus confirmer une amélioration des prix et un approvisionnement normal des produits alimentaires de base.
De belles promesses...
Les prix des viandes rouges devraient connaître une baisse grâce à la suspension de la TVA à l'importation et des droits d'importation des bovins domestiques. L'encouragement de la procédure d'importation des bovins destinés à l'abattage, de l'Europe et de l'Amérique latine, permettra aux professionnels d'importer environ 30.000 têtes avant l'arrivée du Ramadan. Ceci contribuera à préserver le cheptel national et à garantir un retour à la normale des prix. Le ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Mohammed Sadiki, a annoncé, vendredi 10 février à Rabat, que la flambée des prix des viandes rouges, constatée récemment, est «passagère» et que les prix commenceront à baisser progressivement avant le mois de Ramadan. À l'occasion d'une réunion tenue avec la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (FIVIAR), Sadiki a expliqué que les chamboulements des chaînes de viandes, causés par les effets de la pandémie et la sécheresse, ont touché l'approvisionnement des marchés, menant à la hausse des prix. Du même bord, la ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah, avait annoncé que les prix de la viande et des légumes devront connaître une baisse au cours des prochains jours ou semaines. Fettah a attribué cette hausse à la sécheresse et à la vague de froid qui ont frappé le royaume, mais a également reconnu l'existence de manipulations et de spéculations des intermédiaires sur les marchés. Les propos rassurants de la ministre ont eu lieu à l'issue d'une réunion interministérielle tenue le jeudi 9 février, au siège du ministère de l'Intérieur, en vue de suivre l'approvisionnement des marchés et des prix. D'ailleurs, le chef du gouvernement a confirmé ses propos prévoyant «un retour rapide des prix à la normale». Akhannouch a assuré qu'il est prévu que les prix des légumes, à leur tête les tomates, les oignons et les pommes de terre, connaîtront une baisse. «La hausse des prix des tomates est essentiellement liée à la vague de froid dans notre pays», a-t-il précisé, notant que «les prix vont repartir à la baisse dans les prochaines semaines avec le retour de températures plus clémentes, ce qui contribuera à la maturité des cultures nationales et à leur disponibilité sur les marchés».
Qu'en est-il des autres produits ?
Lors de sa récente visite à une usine de pâtes alimentaires et de couscous, le samedi 11 février à Salé, le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a rassuré les citoyens quant aux prix des pâtes alimentaires et du couscous. Le secteur de production dispose d'une capacité importante qui répond parfaitement aux besoins du marché marocain. «Il n'y a eu ni rupture de ces produits, ni hausse des prix durant les six derniers mois», a-t-il affirmé, ajoutant qu'«il n'y a pas d'indicateurs montrant qu'il y aura une hausse de prix». Pour lui, ces aliments «n'ont subi et ne subiront aucune hausse dans les prochains mois». Dans le même sillage, le ministre a effectué une autre visite à une usine de production d'huile. A cet égard, il a annoncé que les prix des huiles alimentaires devraient connaître une baisse dans les prochains jours.
Mezzour a déclaré que la période de forte hausse des prix semble arriver à son terme.Tous les indicateurs révèlent un passage à «une phase de détente des prix», et ce, grâce aux efforts déployés tant par les opérateurs privés que par l'Etat, a-t-il affirmé.
Le ministre a relevé également que l'approvisionnement des marchés en huiles et autres produits alimentaires «est assuré» pour l'ensemble des régions du Royaume.
Intensification de contrôle...
Le chef du gouvernement a appelé, lors du dernier Conseil de gouvernement, toutes les parties prenantes à se mobiliser davantage pour faire face à la flambée des prix. Par ailleurs, il a insisté sur l'impératif d'un contrôle plus rigoureux du marché.
Dans le même sens, il a fait savoir que des visites de terrain auront lieu pour veiller sur les différents processus de production et de commercialisation, par le biais des commissions de contrôle des prix au niveau des marchés. L'objectif étant de suivre de près l'approvisionnement des marchés et l'évolution des prix des produits alimentaires de première nécessité, ce qui devrait permettre de garantir la stabilité des prix et l'approvisionnement normal des marchés.
De fait, plusieurs commissions actives sur le territoire du Royaume ont entamé leurs tournées chez les vendeurs et les commerçants au sein des marchés. En vertu de leurs prérogatives, les commissions de contrôle provinciales et locales sont chargées de mener «de manière régulière» des opérations de contrôle inopinées et de suivi minutieux de la situation des marchés. Elles interviennent également pour la répression à l'encontre des contrevenants en vue de préserver la sécurité et la santé des consommateurs, et pour sensibiliser les commerçants sur l'impératif de l'affichage des prix et du respect des prix subventionnés. Le but étant de protéger le pouvoir d'achat des citoyens.
Pour rappel, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baïtas, avait indiqué que 16.696 points de vente ont été inspectés par les commissions mixtes locales de contrôle. Ainsi, 859 infractions ont été relevées en matière de prix et de qualité des aliments et près de 139 avertissements ont été émis, avec 720 procès-verbaux envoyés aux tribunaux pour prendre les mesures légales nécessaires contre les contrevenants. De même, environ 29,64 tonnes de produits alimentaires impropres à la consommation ou non conformes à la réglementation ont été saisies et détruites.