L'approvisionnement du Maroc en gaz depuis l'Espagne va crescendo depuis juin 2022. Les quantités acheminées par le Gazoduc Maghreb-Europe (GME) ne cessent de battre des records, d'un mois à l'autre. Détails. Les importations marocaines de gaz naturel liquéfié (GNL) ont augmenté à un rythme exponentiel depuis juin 2022, soit l'équivalent d'une production de gaz de 536 gigawattheures (GWh), en janvier 2023, selon les médias espagnols. C'est le deuxième chiffre le plus élevé à être acheminé depuis la mise en place de ce mécanisme en juin 2022, en commun accord entre les gouvernements de Rabat et Madrid, après les 553 GWh réalisés en novembre. Lorsque le GME a été rouvert, dans les sens inverse, les quantités acheminées depuis l'Espagne vers le Maroc étaient très faibles, mais au cours des deux derniers mois, les exportations se sont fortement intensifiées. Par rapport aux volumes presque testimoniaux de juin (60 gigawattheures, GWh), juillet (172 GWh) et septembre (123 GWh), les expéditions ont commencé à se multiplier en octobre (328 GWh) pour monter en flèche en novembre (553 GWh) et décembre (527 GWh). Le GME, destiné initialement à acheminer du gaz algérien vers l'Espagne, via le Maroc, a été rouvert dans le sens inverse, d'un commun accord entre Rabat et Madrid, suite à la décision de l'Algérie de le fermer de manière unilatérale en représailles contre le Royaume, dans un geste d'escalade consécutivement à sa décision de rompre les relations diplomatiques avec Rabat, ouvrant un nouveau chapitre dans son hostilité contre le Maroc à propos de la question du Sahara. En février 2022, le Maroc a décidé de s'approvisionner sur le marché du GNL malgré le coût plus élevé de l'importation de ce type de gaz. Le gaz liquéfié a un prix plus élevé car il nécessite une infrastructure spéciale pour comprimer le gaz en liquide afin de faciliter son transport de fret bon marché. Il nécessite aussi une infrastructure spéciale dans le pays destinataire pour le regazéifier. Etant donné qu'il ne dispose pas des infrastructures nécessaires pour regazéifier le GNL, le Royaume a conclu un accord avec l'Espagne pour le traitement du GNL dans des installations espagnoles pour ensuite l'expédier au Maroc via le Gazoduc Maghreb-Europe. Malgré le coût élevé d'importation de GNL, le ministre marocain de l'Energie a soutenu que le Maroc y trouvait son compte. Assurer la sécurité énergétique du Maroc «en vaut la peine », a-t-il déclaré. Avec le nouveau flux de gaz en provenance d'Espagne, le Maroc a pu rouvrir deux de ses plus grandes centrales de production d'électricité à Tahaddart et à Aïn Béni Mathar. Alors que le recours au GNL a résolu ou presque le problème de la sécurité énergétique du Maroc, la facture élevée de gaz devra se répercuter sur le déficit commercial mais aussi sur les charges de l'Etat, car le gaz et l'électricité sont des produits fortement subventionnés.