Face à un contexte social fort déprimé, à cause de la hausse des prix qui touche principalement des produits de première nécessité, le gouvernement a affiché sa détermination à renforcer les filets de protection sociale, à travers les mécanismes de soutien au pouvoir d'achat des citoyens, et ceux de contrôle et de suivi pour traquer les spéculateurs. Se disant l'écoute des doléances des citoyens dans ce contexte de cherté de vie, due notamment aux retombées inflationnistes de la crise économique mondiale et aux perturbations des chaines d'approvisionnement, du fait de la guerre russo-ukrainienne, l'Exécutif entend déployer avec plus d'énergie les leviers de contrôle surtout qu'on est à l'approche du mois sacré de Ramadan qui donne du fil à retordre au citoyen marocain.
En effet, la hausse des prix des denrées alimentaires est le sujet de préoccupation dominant dans les conversations des citoyens. Le Haut-Commissariat au Plan a lui-même confirmé que l'indice des produits alimentaires a enregistré une hausse atteignant 11%, ce qui a alourdi d'autant le fardeau du consommateur.
Akhannouch se veut rassurant
Le gouvernement s'est dit, lui, déterminé à agir pour arrêter la spirale haussière en annonçant sa décision de « renforcer le contrôle du marché national, de garantir son approvisionnement régulier en denrées alimentaires, de lutter contre la spéculation et de protéger le panier de la famille marocaine, à l'approche du mois de Ramadan ».
Lors du conseil de gouvernement qui s'est tenu ce jeudi 9 février, Aziz Akhannouch a appelé toutes les parties prenantes à se mobiliser davantage pour faire face à la flambée des prix. Par ailleurs, il a insisté sur l'impératif d'un contrôle plus rigoureux du marché.
Dans le même sens, le chef du gouvernement a fait savoir que des visites de terrain auront lieu pour veiller sur les différents processus de production et de commercialisation, par le biais des commissions de contrôle des prix au niveau des marchés. Et de rassurer que les prix des légumes connaitront une baisse dans les prochaines semaines.
De fait, plusieurs commissions actives sur le territoire du Royaume ont entamé leurs tournées chez les vendeurs et les commerçants au sein des marchés, en l'occurrence au niveau de Casablanca, lâayoune, Ait Ourir et bien d'autres.
L'objectif étant de de suivre de près l'approvisionnement des marchés et l'évolution des prix des produits alimentaires de première nécessité, ce qui devrait permettre de garantir la stabilité des prix et l'approvisionnement normal des marchés.
La fédération des consommateurs tire la sonnette d'alarme
Joint par l'Opinion, Ouadie Madih, président de la Fédération Nationale des Associations du Consommateur (FNAC), a regretté l'inaction des commissions de contrôle de prix pour faire face à la flambée des prix. Dans ce sens, le président de la FNAC a donné l'exemple de plusieurs commissions régionales auxquelles la fédération a présenté ses réclamations quant aux infractions constatées au niveau du marché, mais recevoir d'écho.
Pour le représentant des consommateurs, ces commissions ne semblent pas de grande utilité, étant donné qu'elles n'opèrent qu'à titre occasionnel. « La consommation des citoyens est journalière », explique-t-il, notant qu'elle ne se limite pas à un mois, tel que le mois de Ramadan ou à une période précise.
« Le contrôle doit être fait dans les règles et dans le cadre de la loi. Mais d'après nos constats sur le marché, le contrôle n'existe malheureusement pas dans le marché marocain », a-t-il déploré.
Madih exhorte les parties concernées à renforcer les moyens de contrôle d'une « manière quotidienne », étant donné que le citoyen marocain ne consomme pas durant un mois sur 12. En d'autres termes, la cherté de vie ne se pose pas seulement durant le mois de Ramadan, mais il s'agit d'un problème permanent, les ménages marocains se heurtent chaque jour à ce problème, dit-il.
Un contrôle occasionnel ?
En vertu de leurs prérogatives, les commissions de contrôle provinciales et locales sont chargées de mener « de manière régulière » des opérations de contrôle inopinées et de suivi minutieux de la situation des marchés. Elles interviennent également pour la répression des contrevenants en vue de préserver la sécurité et la santé des consommateurs, et de sensibiliser les commerçants sur l'impératif de l'affichage des prix, et du respect des prix subventionnés. Le but étant de protéger le pouvoir d'achat des citoyens.
Rappelons que le ministre de l'Intérieur, Abdelouafi Laftit, avait affirmé lors de son passage au parlement en mai 2022, que le nombre des visites effectuées par les commissions de contrôle des prix a augmenté de 80% au cours des cinq derniers mois, marqués par une hausse des prix de nombre de produits.
Interrogé sur « le rôle des commissions de contrôle des prix au niveau des préfectures et des provinces face à la hausse des prix des produits de base», Laftit avait précisé que ces commissions s'en tiennent au respect des prérogatives qui leur sont dévolues et que la fixation des prix des produits n'est de pas de leur ressort.
Le Conseil de la concurrence rappelle, à cet égard, que les prix des biens, produits et services sont définis par les mécanismes de la libre concurrence, sauf pour les cas où la loi en dispose autrement et ce, conformément à l'article 2 de la loi n° 104.12 sur la liberté des prix et la concurrence.