Selon Ir Anim, une organisation dédiée à la « judaïsation » de Jérusalem-est, financée par des fonds privés américains, 750 colons juifs viendront s'ajouter aux 2 000 déjà présents dans les quartiers à forte densité palestinienne avant la fin de l'année. « Ce processus va aller en s'accélérant », souligne la direction d'Ir Anim. Il est en effet prévu de faire progresser la colonisation à pas de géant. D'ores et déjà, 170 Israéliens résident à A-Tur, 250 à Ras al-Amud, 280 à Siwan, 50 à Sheikh Jarrah, des centaines d'autres s'installent en ce moment dans le nouveau quartier de Nof Zion situé au coeur de Djebel Moukaber. Le but est clair : modifier l'équilibre démographique en vue d'empêcher que Jérusalem-est ne devienne la capitale du futur État palestinien. Après l'annexion de la ville sainte, Israël a édifié une douzaine de nouveaux quartiers dans la partie orientale (occupée) de la cité sainte où résident maintenant 200 000 Israéliens aux côtés de 270 000 Palestiniens. Quant à Jérusalem-ouest, exclusivement juive, la population y dépasse les 250 000 habitants. À en croireIr Anim, mais aussi d'après une autre ONG, Ateret Cohanim, qui poursuit les mêmes objectifs, il ne s'agit plus seulement d'encercler la Jérusalem palestinienne d'une ceinture urbaine juive, mais aussi de « noyauter » les parties de la ville encore arabes. Récemment, à Sheikh Jarrah, deux familles (une cinquantaine de personnes) ont été expulsées manu militari. Ateret Cohanim a pu présenter devant la Cour suprême d'Israël des titres de propriété datant de l'empire ottoman. D'autres familles palestiniennes du même lot d'habitations s'attendent à être elles aussi chassées de leur domicile. Le consul américain et son homologue britannique ont eu beau protester, mais rien n'y a fait. Même si le médiateur américain George Mitchell parvient à persuader Benjamin Netanyahou d'accepter le gel partiel de la construction dans les colonies de Cisjordanie, tout indique que cette mesure ne s'appliquera pas à Jérusalem-est. Pourtant, le ministre égyptien des Affaires étrangères, conscient de l'ampleur quasi irréversible de ce processus, a convaincu l'Autorité palestinienne d'exiger avant toute reprise des négociations « l'arrêt total de la colonisation à Jérusalem ».