Le Parlem ent iranien a entamé dimanche les débats sur les ministres proposés par Mahmoud Ahmadinejad et procédera mercredi à un vote de confiance qui constituera un test pour le président dont les choix politiques ont été critiqués par son propre camp depuis sa réélection. La séance du Parlement a débuté par un discours d'une heure du président ultraconservateur qui a défendu ses choix et assuré que ce nouveau gouvernement défendrait «la grandeur» de la nation iranienne et saurait «faire face aux pays oppresseurs». Plusieurs députés conservateurs avaient critiqué la présence de femmes sur la liste, une première depuis l'avènement de la République islamique en 1979. Ils avaient également estimé que certains candidats n'ont pas la compétence requise pour occuper un poste de ministre. Dimanche, devant 197 des 290 députés que compte le Parlement, M. Ahmadinejad a affirmé la volonté du futur gouvernement de «réduire la dépendance du pays aux revenus pétroliers». Il a proposé de réduire «les exportations de brut» pour favoriser la production de «produits raffinés» en Iran, deuxième pays exportateur au sein de l'Organisation des pays exportateurs du pétrole (Opep). Il s'est déclaré par ailleurs favorable à une «politique extérieure active» avec une «coopération (...) constructive avec tous les pays, à l'exception du régime sioniste». M. Ahmadinejad, réélu le 12 juin lors d'un scrutin dénoncé par ses adversaires comme entaché de fraude massive, a par ailleurs fermement défendu son choix d'intégrer trois femmes au gouvernement, soulignant qu'il s'agissait d'un «grand événement». «Pour construire une société idéale, nous devons répondre aux attentes de la société», a-t-il indiqué. Soussan Keshvaraz, Marzieh Vahid Dastjerdi et Fatemeh Ajorlou ont été proposées pour les ministères de l'Education, de la Santé et de la Sécurité sociale. Plusieurs personnalités du camp conservateur avaient dénoncé l'arrivée de femmes au gouvernement et d'autres le manque d'expérience des ministres proposés. «L'islam respecte la femme. Mais cela ne veut pas dire qu'on doit leur laisser des positions sociales importantes», avait ainsi estimé l'ayatollah Ahmad Khatami, un religieux conservateur. Le député Ali Akbar Youssefnejad a dénoncé dimanche pour sa part le manque qu'ont les ministres pressentis de «vision stratégique dans la gestion des ministères». Un autre député conservateur, Ali Motahari, qui avait déjà déclaré que M. Ahmadinejad avait nommé des «beni-oui-oui» dans le but de «contrôler les ministères clés des Renseignements, de l'Intérieur, de la Culture, du Pétrole et des Affaires étrangères», a renouvelé dimanche ses critiques. Pour sa part, Mohammad Reza Bahonnar, un des vice-présidents du Parlement et leader conservateur important, a reproché au président de ne pas avoir consulté les députés pour la constitution du gouvernement. «Nous aurions pu lui dire comment le faire» s'il l'avait demandé, a-t-il affirmé. Hossein Garoussi, député conservateur favorable au nouveau gouvernement, a estimé pour sa part que les candidats choisis «avaient un niveau d'éducation élevé» et que «la présence de femmes dans le cabinet» devait être considérée comme un avantage pour l'Iran sur la scène internationale. Parmi les ministères clés, le chef de la diplomatie sortant, Manouchehr Mottaki a été reconduit à son poste. L'ancien ministre du Commerce, Massoud Mir Kazemi, a été proposé au ministère du Pétrole. Enfin, pour le portefeuille de la Défense, M. Ahmadinejad a proposé le nom d'Ahmad Vahidi, recherché depuis 2007 par Interpol pour son implication présumée dans un attentat antisémite meurtrier en Argentine en 1994.