Huit ans après sa mise en place, le plan d'accélération industrielle a porté ses fruits, positionnant le Royaume parmi les pays les plus compétitifs dans plusieurs secteurs, à l'instar de l'automobile, l'aéronautique ou le textile, dans lesquels il concurrence de grandes puissances industrielles telles que l'Inde et la Chine. Le développement des Zones Industrielles (ZI) et des Zones d'Activités Economiques (ZAE) a, certes, joué un grand rôle dans cette performance, mais il n'en demeure pas moins que l'abondance de la main-d'oeuvre qualifiée et pas chère a été (et reste toujours) le grand avantage du Maroc, du moment qu'elle offre un rapport qualité/prix hors pair. Sauf que malgré ces avancées louables, la production nationale n'a pas encore atteint sont rythme de croisière, du fait qu'elle reste grandement dépendante des importations et donc directement exposée aux aléas des cours internationaux. Et si le Maroc avait à produire tout ce qu'il pouvait localement, non seulement son industrie gagnerait en performance, mais plusieurs autres secteurs monteraient immanquablement en performance et en résilience. Indispensable à notre société, le verre fait partie de ces matériaux que le Royaume pourrait produire localement, et l'absence d'une industrie y afférente constitue un manque à gagner énorme pour toute l'économie nationale. Pourtant, le pays dispose de tous les ingrédients permettant de développer une industrie du verre en bonne et due forme : matière première (le silice), savoir-faire d'extraction, industrie de transformation... reste le problème de l'énergie. L'industrie du float étant énergivore, les producteurs cherchent à s'installer dans des pays producteurs de gaz, de sorte à diminuer les coûts de production. Là encore, Rabat pourrait se servir du GNL pour attirer les opérateurs, en attendant la concrétisation du Gazoduc Maroc-Nigeria, qui lui permettra de mettre en place un écosystème d'industrie lourde encore plus compétitif. Comme vous lirez sur nos colonnes, la réflexion autour de la mise en place d'une chaîne de valeur locale de production du verre ne date pas d'hier. Mais aujourd'hui, la crise mondiale offre au Royaume l'opportunité de se positionner dans une filière transversale et stratégique pour sa souveraineté industrielle. Et l'industrie du verre n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Saâd JAFRI