Dans Son discours à l'occasion du 47ème anniversaire de la Marche Verte, SM le Roi a mis en exergue le développement notable des régions du Sud, qui jouent aujourd'hui un rôle de trait d'union entre le Maroc et l'Afrique. «Notre approche pour défendre la marocanité du Sahara procède d'une vision intégrée qui joint, à l'action politique et diplomatique, la promotion du développement socio-économique et humain de la région». Ces mots prononcés par SM le Roi Mohammed à l'occasion du 47ème anniversaire de la Marche Verte montrent la place qu'occupe les pays voisins, particulièrement ceux d'Afrique, dans les stratégies de développement du Royaume. Et aujourd'hui, les provinces du Sud sont appelées à jouer le rôle de trait d'union entre le Maroc et sa profondeur africaine, et ce, grâce au Programme de développement des provinces du Sud. Ce programme, qui est doté d'une enveloppe budgétaire de plus de 77 milliards de dirhams et dont les travaux vont bon train, a donné un nouveau souffle à la région, qui regorge de potentialités économiques. Depuis le lancement de ce chantier en 2015, plusieurs projets de développement, au niveau des infrastructures, des industries, de l'économie solidaire, ont été lancés, et dont la concrétisation avoisine les 80%, nous confie Ynja Khattat, Président du Conseil de la région de Dakhla-Oued Eddahab, qui affirme que les bienfaits de ceux-ci se ressentent sur tout le continent. En effet, dans Son discours, le Souverain a énuméré les projets structurants qui contribuent au changement de la physionomie des provinces du Sud et à leur intégration régionale et continentale. La marche vers le développement continue «La voie express Tiznit-Dakhla est d'ores et déjà en phase d'achèvement. La connexion de la région au réseau électrique national est bel et bien assurée et ses réseaux de communication ont également bénéficié d'un plan de renforcement et d'extension», a affirmé SM le Roi, tout en annonçant que le projet de stations d'énergie solaire et éolienne prévu au programme a été mené à son terme. Par ailleurs, le Souverain a précisé que les études et les formalités administratives afférant au grand port Dakhla Atlantique ayant été finalisées, les travaux de construction démarreront prochainement. Un projet qui occupe une place majeure dans le développement de la région, selon Khattat qui estime que «celui-ci va avoir le même rôle que celui de Tanger Med, vu son positionnement géostratégique qui le place en face de l'Amérique et à côté de l'Afrique, qui constitue le futur de la planète». Suite aux avancées précitées, le Souverain a exhorté le secteur privé à rehausser le niveau de l'investissement productif dans ces provinces et à mettre plus particulièrement l'accent sur les projets à vocation sociale. Une mission facilitée par la nouvelle Charte de l'investissement, qui propose une batterie de mesures incitatives pour les investisseurs. Et aujourd'hui tout l'enjeu est dans le bon ciblage dans l'investissement de sorte à avoir des résultats optimaux, comme l'a bien montré le discours royal qui appelle à explorer de nouvelles possibilités et de nouveaux horizons, notamment dans les secteurs porteurs de l'économie bleue et des énergies renouvelables. Gazoduc Nigeria-Maroc, vecteur de prospérité SM le Roi a également rassuré sur l'état d'avancement du projet de Gazoduc Nigeria-Maroc, notant qu'il est destiné aux générations présentes et futures, et qu'il «oeuvre en faveur de la paix, de l'intégration économique du continent africain et de son développement commun». Un projet qui pourrait garantir l'indépendance énergétique en gaz pour le continent et qui va être mis à profit pour booster les investissements conjoints dans la région de l'Afrique de l'Ouest, en réduisant la facture énergétique qui constitue un élément déterminant dans la rentabilité de tout projet de partenariat. Car oui, une fois achevé, le projet fournira environ 3 milliards de pieds cubes standard par jour de gaz le long de la côte ouest-africaine depuis le Nigeria, le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée Bissau, la Gambie, le Sénégal et la Mauritanie jusqu'au Maroc. «Eu égard à la dimension continentale du Gazoduc Nigeria-Maroc, Nous y voyons aussi un projet structurant promettant d'arrimer l'Afrique et l'Europe», a ajouté le Souverain. Une vision juste du moment que le gazoduc longera la côte ouest-africaine du Nigeria au Maroc, en passant, entre autres, par le Sénégal et la Mauritanie, où il sera connecté au Gazoduc Maghreb-Europe et de là au réseau gazier européen, comme l'indique noir sur blanc les Mémorandums d'entente signés le mois dernier à Nouakchott. D'ailleurs, ce pipeline devrait profiter de la conjoncture internationale marquée par la guerre en Ukraine. Les Etats-Unis tentent depuis le début du conflit de rallier les pays européens à un embargo sur le gaz russe qui répond actuellement à 50% des besoins du marché européen, une part qui monte jusqu'à 90% pour certains pays du vieux continent. Le gazoduc Maroc-Nigeria représente une option sérieuse pour convaincre Bruxelles de stopper ses importations de gaz russe à moyen terme. D'ailleurs, les récentes découvertes de gisements en gaz offshore tout au long du tracé du GMN, notamment au large de la Côte d'Ivoire et du Ghana, entre le Sénégal et la Mauritanie (gisement de la Tortue) et dans les eaux territoriales marocaines, devraient rassurer, d'un côté, les pays européens sur la capacité de ce projet à répondre à leurs besoins en gaz et, de l'autre, les investisseurs potentiels sur la viabilité économique du projet. Ceci dit, le Souverain n'a pas manqué de souligner l'engagement des pays de la région envers ce projet, comme en témoigne les conventions signées en sa faveur et son soutien au sein de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). Le Souverain a sous cet angle réitéré la réceptivité du Maroc à toute forme de partenariat fructueux visant à mener à bien ce projet africain d'envergure. Une main tendue à toutes les parties cherchant la prospérité. Souhail AMRABI