Des bus électriques made in Morocco dont la production mobilise des centaines de travailleurs marocains et dont le prix défie toute concurrence. Ce n'est pas un fantasme, mais une possibilité tout à fait à la portée si l'orientation nationale s'attelait dès aujourd'hui à faire éclore ce potentiel et ses retombées positives qui se déclineraient à divers niveaux. À un moment où la Commission Européenne a d'ores et déjà fixé l'objectif d'enrayer les véhicules thermiques de son territoire d'ici 2050 en interdisant, dès 2035, la commercialisation des véhicules neufs à combustibles fossiles, la mise en branle au Maroc d'un écosystème industriel de production de bus et minibus électriques pourra bénéficier d'un taux d'intégration très important en capitalisant sur les atouts nationaux en matière de savoir-faire industriel, de production d'énergies renouvelables et de disponibilité des minerais stratégiques. Pour y arriver, encore faut-il que les décideurs politiques cessent de s'approvisionner exclusivement en bus thermiques, même si ces véhicules sont assemblés localement. Dans le même élan, donner sa chance à l'entreprise et à l'investisseur marocains de s'atteler au défi pourrait se révéler un tournant stratégique pour l'atteinte des objectifs nationaux en matière de décarbonation et de production de valeur ajoutée locale. Dans un contexte où des pays qui ont longtemps bénéficié de la manne pétrolière commencent déjà à investir dans les énergies renouvelables et la mobilité électrique pour anticiper la reconfiguration énergétique qui ne manquera pas de survenir, le Royaume gagnerait à capitaliser sur ses atouts naturels, humains et législatifs pour continuer à revendiquer son statut de leader régional des énergies renouvelables et de modèle continental de la transition industrielle. Oussama ABAOUSS