La mise en place d'une taxe carbone aux frontières d'un bon nombre de pays européens a soulevé l'importance d'aligner le secteur industriel sur les nouvelles exigences de durabilité et la nouvelle reconfiguration des chaînes de valeur mondiales. Produire propre est aujourd'hui un impératif auquel devra répondre l'ensemble des industriels pour gagner en visibilité et surtout en compétitivité. Le Maroc a emprunté cette trajectoire en plaçant la décarbonation au cœur de sa feuille de route de relance industrielle. Une orientation qui promouvra davantage le made in Morocco sur le marché international. D'autant plus que la mise en place d'une taxe carbone aux frontières d'un bon nombre de pays européens a soulevé l'importance d'aligner le secteur industriel sur les nouvelles exigences de durabilité et la nouvelle reconfiguration des chaînes de valeur mondiales. L'entrée en vigueur de cette taxation est envisageable en 2026, ce qui laisse peu de temps aux industriels nationaux pour convertir leur processus vers un mode opératoire décarboné. Malgré la contrainte du temps, les opérateurs marocains voient en cette nouvelle mesure une opportunité du fait que le Royaume dispose de tous les atouts pour réussir cette mutation. Outre sa situation géographique et sa proximité avec l'Europe, le Maroc capitalise, pour ce nouveau cap, sur les acquis de la stratégie nationale des énergies renouvelables. Etant un secteur énergivore, l'industrie marocaine atteint un nouveau palier de son développement. L'heure étant de réussir la transition bas carbone dans le secteur. Pour ce faire, tout un dispositif d'accompagnement a été mis en place en vue d'encourager les industriels à amorcer cette transition. Le département de tutelle a dans ce sens créé une cellule, war room, en coordination avec l'Agence marocaine pour l'efficacité énergétique (AMEE). Une banque de projets a été lancée dans ce sens comprenant 150 projets industriels orientés économie verte. Le ministère avait, en outre, procédé avec Maroc PME au lancement du programme «Tatwir croissance verte» pour accompagner les PME nationales dans leur décarbonation. Globalement, l'appui à la décarbonation touche aux projets portant sur l'optimisation des pratiques et des performances énergétiques des équipements (efficacité énergétique) et l'utilisation des énergies renouvelables ainsi que les projets d'amorçage de filières industrielles vertes saisissant ainsi les nouvelles opportunités de marché (production d'équipement de recyclage industriel, production de chauffe-eaux solaires et photovoltaïques, produits d'isolation thermique). Deux autres types de projets sont concernés. Il s'agit des projets d'innovation et de développement de produits éco-conçus, ayant une empreinte carbone positive (véhicule hybride, moto électrique, produits bio, produits à base de matières recyclées) et des projets de mise en place de technologies propres dans les procédés de fabrication et des flux de matières permettant une utilisation rationnelle des matières premières et la réduction de la quantité d'effluents polluant l'environnement (STEP, isolation thermique, recyclage des déchets). Il est à noter qu'un vaste chantier est ouvert au niveau national en vue de relever ce défi et rendre l'industrie nationale plus compétitive et décarbonée. Citons dans ce sens la préparation de la mise en place d'un mécanisme permettant aux entreprises d'établir un bilan carbone. Ce travail est amorcé par le département de l'industrie en étroite collaboration avec le département des énergies et des mines, la Fondation Mohammed VI pour l'environnement, l'AMEE et la CGEM. Le ministère de l'industrie, sous l'ère Moulay Hafid Elamy, a également réussi à décrocher pour le compte des industriels une offre énergétique avec une part oscillant entre 25 et 30% pour l'énergie verte. De même, un projet relatif au gaz naturel est en cours de finalisation avec l'ONHYM. S'agissant du secteur privé, la CGEM avait manifesté son intention d'élaborer et de déployer une feuille de route pour accompagner les entreprises dans leur démarche de décarbonation et d'appréhender au mieux l'entrée en vigueur des nouvelles mesures aux frontières de l'Union européenne. Le patronat mène, également, une étude pour définir une feuille de route nationale pour la mobilité électrique et durable.