Selon les estimations de la Banque Mondiale, les catastrophes telles que les inondations, les tremblements de terre, les sécheresses, coûtent au Maroc plus de 550 millions de dollars par an. D'où l'urgence d'activer de manière efficace les stratégies préventives. A l'instar des pays de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA), le Maroc a fait face ces dernières années à plusieurs catastrophes naturelles, dont les dégâts matériels et humains sont de taille. Des drames qui ne se termineront pas de sitôt, du moment que sa position géographique l'expose à moult risques géologiques et climatiques, d'autant plus que l'urbanisation rapide et le changement climatique risquent d'accroître la fréquence et la gravité des phénomènes météorologiques. Afin de faire face à l'intensification des risques d'origine climatique ou naturelle, le Maroc en partenariat avec la Banque Mondiale (BM) ont mis en place un projet cherchant à améliorer les cadres institutionnels de financement des activités de réduction des risques de catastrophe et à renforcer la résilience financière des populations ciblées face aux aléas naturels. Une initiative qui renforce les projets du Programme de gestion intégrée des risques de catastrophes naturelles et de résilience, dont le financement a dépassé les 400 millions de dollars US en 2021. Baptisé « Programme pour la résilience et la gestion intégrée des risques de catastrophes », il a contribué à renforcer la capacité du Maroc à faire face aux aléas naturels et aux changements climatiques en appuyant l'élaboration d'une stratégie nationale de gestion des risques de catastrophe, indique l'Institution de Bretton Woods dans un rapport publié récemment. Ceci en soutenant des investissements structurels dans la réduction des risques pour plus de 174.000 bénéficiaires, en assurant près de 9 millions de personnes contre les dommages corporels lors d'événements catastrophiques et en créant un fonds de solidarité au profit de près de 6 millions de personnes parmi les plus pauvres et les plus vulnérables du pays. Expérience pilote Le rapport ajoute que pour atteindre ces objectifs, la Banque Mondiale a compté à la fois sur des financements et sur une assistance technique. Deux prêts de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) ont été alloués au titre d'un programme axé sur les résultats (PforR). C'est la première fois que la Banque Mondiale utilise cet instrument de financement pour des opérations de gestion des risques de catastrophe. «Conçu pour fournir un appui global et complet, ce programme soutient les réformes institutionnelles et le renforcement des capacités, accroît les investissements dans la réduction des risques de catastrophe et appuie un régime d'assurance novateur associant les secteurs public et privé», note la même source. Tous ces axes de travail bénéficient de l'assistance technique et de l'appui au renforcement des capacités fournis par la Banque Mondiale. « Le projet Vigirisque Inondation, piloté par la Direction de la Gestion des Risques Naturels, a bénéficié d'un financement du Fonds de Lutte contre les effets des Catastrophes Naturelles (FLCN) qui est appuyé par la Banque Mondiale. Il est mis en oeuvre sur quatre zones pilotes et a pour objectif l'amélioration de la gestion du risque d'inondation au Royaume du Maroc », indique Achraf Hadine, Chef du Centre National de Prévision des Risques, Direction de la Gestion des Risques Naturels, Ministère de l'Intérieur. Ce projet réalisé en étroite collaboration avec la Direction Générale de la Météorologie (DGM), la Direction de la Recherche et de la Planification de l'Eau (DRPE) et les quatre Agences de Bassin Hydraulique et Provinces pilotes, vise essentiellement la mise en place d'un système intégré d'aide à la gestion du risque articulé autour d'un centre national et de centres provinciaux opérationnels. Ceux-ci assureront « une veille du risque d'inondation, et appuieront les autorités chargées de la réponse d'urgence dans la mise en oeuvre d'actions préventives », précise-t-on de même source. En mettant l'accent sur le renforcement de la gestion et du financement des risques de catastrophes, le programme contribue directement à l'objectif 10 du cadre de partenariat-pays établi avec le Maroc, qui vise à « améliorer l'adaptation au changement climatique et la résilience aux catastrophes naturelles ». Une meilleure adaptation aux défis climatiques Il est à noter que ce programme a permis au Maroc de mieux s'adapter au changement climatique et d'améliorer sa résilience aux catastrophes naturelles en contribuant à plusieurs résultats, notamment, le Fonds de lutte contre les effets des catastrophes naturelles (FLCN) qui a fait l'objet d'une refonte, pour passer d'un mécanisme d'intervention d'urgence à un fonds national de résilience. En mars 2022, le fonds avait soutenu 180 projets de réduction des risques de catastrophes, pour un volume d'investissement total de 304 millions de dollars, dont 111 millions cofinancés par le FLCN. Les projets structurels achevés couvrent plus de 174.000 bénéficiaires directs sur l'ensemble du territoire national. Sans oublier le programme d'urgence qui a été mis en place en décembre dernier pour les bassins versants les plus touchés. Les mesures prises consistent en la construction de puits exploratoires pour acheminer l'eau vers de nombreuses localités, notamment à Guercif, Taourirt et Oujda, ainsi que le développement et l'amélioration de la gestion de l'eau, à travers la réduction du gaspillage d'eau dans les canaux d'irrigation. A cela, s'ajoutent plusieurs chantiers structurants visant à combler les pénuries d'eau, tels que la construction de stations de dessalement d'eau de mer. En effet, l'Exécutif a multiplié les efforts pour l'achèvement des projets de stations de dessalement d'eau de mer, en témoigne la station de dessalement d'eau de la ville de Casablanca, dont la capacité de traitement est estimée à 548.000 m3 par jour, soit 200 millions de m3 par an, extensible à 822.000 m3 par jour. Selon la même source, la BIRD a financé un montant total de 300 millions de dollars au titre du programme axé sur les résultats pour la résilience et la gestion intégrée des risques de catastrophes. Ce programme a été accompagné de plusieurs programmes d'assistance technique financés par la Facilité mondiale pour la prévention des catastrophes et le relèvement (GFDRR) et le Secrétariat d'Etat suisse à l'économie (SECO) pour un montant d'environ 1,5 million de dollars, incluant un appui au FLCN, à la stratégie nationale de gestion des risques naturels, à la résilience urbaine et aux solutions de financement et d'assurance contre les risques de catastrophe. Rime TAYBOUTA Comment le Maroc gère la sécheresse
Au Maroc, les pertes d'eau s'élèvent cette année à 500 millions de m3 en raison de la sécheresse, contre 1 milliard de mètres cubes en saison normale, notant qu'il n'est pas normal que l'on perde de l'eau qui finit à la mer. Cette situation inédite que vit le Maroc requiert un leadership et une collaboration nationale accrue sur la question pour que le Royaume puisse s'en tirer, des efforts doivent être fournis à tous les niveaux, des institutions jusqu'au consommateur. Ainsi, un programme d'urgence a été mis en place en décembre dernier pour les bassins versants les plus touchés. Les mesures prises consistent en la construction de puits exploratoires pour acheminer l'eau vers de nombreuses localités, notamment à Guercif, Taourirt et Oujda, ainsi que le développement et l'amélioration de la gestion de l'eau, à travers la réduction du gaspillage d'eau dans les canaux d'irrigation. A cela s'ajoutent plusieurs chantiers structurants visant à combler les pénuries d'eau, tels que la construction de stations de dessalement d'eau de mer.