Avec des températures dépassant parfois les 40°C, un épisode caniculaire met le Royaume à rude épreuve. Une vague de chaleur qui se caractérise par son intensité, mais surtout sa précocité. Le point avec la Direction Générale de la Météorologie (DGM). - Vous avez passé plusieurs villes en alerte orange. Comment expliquez-vous le pic de chaleur que connaît le Royaume depuis quelques jours ? La cause est-elle la même que celle de la mi-juin ? - Au cours de ces derniers jours, la température a connu une hausse significative, dépassant la moyenne mensuelle de 5 à 12 degrés. Le 11 juillet, on a enregistré plus de 45 degrés à Sidi Slimane, Marrakech et Smara. 43 degrés ont été enregistrés à Béni Mellal et Settat, 42 degrés à Fès, Meknès et Khouribga et 33 degrés à Rabat et Casablanca. Durant le week-end, le 10 juillet, il a été enregistré un record mensuel de plus de 49.1 degrés à Smara. Une valeur de 48.6 degrés a aussi été enregistrée à Taroudant le neuf du mois. Cette hausse de température vient suite à la remontée d'une masse d'air sec et chaud par le Sud vers notre pays. Plus communément connu sous l'appellation « Chergui », qui est le résultat de l'activité de la « dépression saharienne » qui dirige les vents du Sud-Est au Sud et qui fait remonter des masses d'air chaud faisant ainsi hausser les températures à plus de 5 à 12 degrés sur notre pays. Cette vague de chaleur a aussi atteint le Sud de l'Europe, en particulier l'Espagne, l'Italie, le Portugal et la France. - Le dérèglement climatique, causé par les émissions de gaz à effet de serre, est-il derrière des vagues de chaleur plus fréquentes, plus intenses et plus longues ? - Selon les résultats parus au dernier rapport du GIEC (Groupe Intergouvernemental des Experts du Climat), la température mondiale de surface sur la période 2011-2020 était 1.09°C, plus chaude que celle de la période préindustrielle de 1850 -1900. Cette dernière avait connu un réchauffement plus important sur les continents (+1.59°C) qu'audessus des océans (+0.88°C). Le réchauffement de la température de surface mondiale, directement imputable aux activités humaines, est estimé à 1.07°C, soit la quasi intégralité du réchauffement observé. Les résultats montrent également que les changements climatiques ont provoqué des changements dans la fréquence des événements météorologiques et climatiques extrêmes, globalement plus fréquents et plus intenses depuis 1950. Il est par ailleurs pratiquement certain que les vagues de chaleur et les canicules sont devenues plus fréquentes et plus intenses dans la plupart des régions terrestres depuis les années 1950. Les chaleurs extrêmes ont d'ailleurs vu leur fréquence doubler depuis les années 1980 tandis que les vagues de froid sont devenues moins fréquentes et moins sévères. Pour notre pays, en prenant le cas de Sidi Slimane, les résultats observés montrent que le nombre de jours dépassant 40°C a augmenté d'environ 40% durant la dernière décennie par rapport à la normale climatologique. Aussi, on signale que Sidi Slimane a connu le plus grand nombre de jours chauds (T40°C) en 2016 avec un total de 29 jours suivi par l'année 2017 avec un total de 27 jours. - A quel point cette vague de chaleur serait-elle cruciale pour déterminer l'intensité des prochaines vagues ? - A ce propos, on rappelle que les vagues de chaleur au Maroc sont conditionnées par des remontées d'air chaud d'origine saharienne vers le Nord de notre pays. A cet effet, l'intensité d'une vague de chaleur sur notre pays en terme d'amplitude ou d'intensité est fortement corrélée à l'emplacement et aux valeurs au centre de la dépression saharienne d'origine thermique située généralement sur la région saharienne au cours de la saison estivale, qui s'étend depuis le mois de mai jusqu'au mois de septembre. En d'autres termes, une vague de chaleur est conditionnée en premier lieu par la quantité de chaleur au niveau du grand Sahara et son élan spatial vers le Nord. - Est-ce que nous risquons de dépasser la canicule des années précédentes ? - Par rapport à cet aspect, si on prend toujours le cas de Sidi Slimane comme exemple illustratif, les résultats montrent que les deux mois de juillet et d'août ont toujours connu l'occurrence de jours chauds, voire même très chauds durant cette période. - Cette répétition de canicules constituera-t-elle la norme à l'avenir ? Quelles sont les projections climatiques de la DGM ? - Par rapport à ces deux questions, les résultats parus dans le dernier rapport du GIEC ainsi que les études menées au sein de la DGM ont montré, selon l'ensemble des scénarios et pour plusieurs horizons, que la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), englobant notre pays, connaîtra une amplification des vagues de chaleur en terme d'amplitude et en terme de durées. Cette amplification sera bien marquée dans le cas de scénario de forte émission de gaz à effet de serre et moindre pour les autres cas. Recueillis par Safaa KSAANI Forêts Le Nord du Royaume, théâtre d'incendies
Depuis mercredi dernier, les forêts relevant des provinces de Larache, d'Ouazzane et de Tétouan sont le théâtre d'incendies ravageurs. Les équipes d'intervention poursuivent leurs efforts pour maîtriser la situation. Le chef du Centre national de gestion des risques climatiques forestiers, Fouad Assali, a souligné que les équipes d'intervention relevant des Eaux et Forêts, de la Protection Civile, des Forces Armées Royales, de la Gendarmerie Royale et des Forces Auxiliaires, ainsi que les autorités locales, poursuivent leurs efforts pour venir à bout des 4 incendies de forêt, qui se sont déclarés dans les provinces de Larache, d'Ouazzane et de Tétouan, ainsi qu'un autre incendie au niveau de la province de Taza. Il a précisé que des centaines d'éléments et un nombre important d'engins et de camions-citernes ont été mobilisés pour maîtriser ces incendies, appuyés par quatre avions «Canadair» des Forces Royales Air et quatre avions Turbo Trush de la Gendarmerie Royale, notant que les températures élevées et les vents forts, notamment dans les provinces de Larache et d'Ouazzane, ont compliqué la tâche des équipes d'intervention. «Les efforts se poursuivent dans l'espoir de maîtriser ces incendies dans les prochaines heures», a-t-il relevé, précisant que l'incendie déclaré dans une localité située entre les communes de Souk L'qolla et de Boujediane (province de Larache) a ravagé, jusqu'à présent, environ 800 hectares de massifs forestiers, tandis que 80 ha sont partis en fumée dans l'incendie de Sahel El Menzla (province de Larache) et 190 ha dans l'incendie déclaré dans une localité située entre les communes de Mokrisset et de Zoumi (province d'Ouazzane). Voir «Fait du jour» pour plus de détails.