Maintenir le cap de l'innovation et de la modernisation à tous les niveaux des différents secteurs industriels, y compris leur présentation, dont le packaging et diverses indications sur les compositions d'utilisation, de date d'utilisation, tels sont les défis des Centres Techniques Industriels. Explications avec David Toledano, président du Réseau des Centres Techniques Industriels Marocains (RECTIM). - Comment le Réseau des Centres Techniques Industriels Marocains décrit-il le secteur, au lendemain de plus de deux années de crise sanitaire liée au Covid-19 ? - Il faut rappeler, d'abord, que pendant la période de confinement, les Centres Techniques Industriels (CTI) ne se sont jamais arrêtés. Ils ont réduit leurs prestations. Nous en avons profité pour aider un certain nombre d'industriels à modifier leurs interventions, notamment en ce qui concerne la production des masques. Nous avons dû mettre en place une certification, à pas forcé, afin de valider la qualité et l'utilisation de ces masques produits au Maroc. Durant la même période, nous avons pu aider à la fabrication des lits médicalisés et validés par les institutions techniques. Enfin, nous avons pu aussi aider à la fabrication de respirateurs marocains, lesquels ont été également validés. Tout ceci pour montrer que nous pouvons aller de l'avant dans l'innovation technologique et industrielle avec de grosses productions de masques, tout en boostant l'activité industrielle du pays. Résultat : nous avons pu exporter nos produits auprès de plusieurs pays européens. - L'un des objectifs de la convention-cadre, que vous avez signée mardi à Casablanca avec le ministère de tutelle, est de faire des CTI l'accélérateur de l'innovation et de la R&D industrielle. Quelle stratégie mettre en place pour y arriver ? - Effectivement, nous sommes dans une évolution technologique. Il faut dire que les Centres Techniques Industriels ont été créés pour accompagner le système qualité du Maroc et protéger les consommateurs, entre autres, par la mise en place des normes qualité pour les produits non seulement importés au Maroc, mais aussi les produits qui sont fabriqués localement. Car il ne s'agit pas de laisser n'importe qui faire n'importe quoi dans les différents secteurs. L'histoire des plaquettes de frein non conformes de véhicules est un exemple édifiant en la matière avec les accidents mortels qui s'en sont suivis. Comme c'est aussi le cas d'asphyxies, dues à des chauffes-eau à gaz non conformes. On a pu y remédier grâce à l'effort du gouvernement mais aussi à celui des Centres Techniques Industriels à travers des contrôles. Aujourd'hui, nous montons en puissance sur les prestations et les capacités des CTI. Ces derniers se sont dotés de matériels hautement performants et de cadres aussi hautement qualifiés. De ce fait, l'orientation voulue et soutenue par le ministère de tutelle est d'aller vers plus d'innovations car c'est là où le combat de demain va se porter. Autrement dit, si nous ne réussissions pas ce changement en innovant, nous ne pourrions pas être ni compétitifs, ni performants. Aujourd'hui, certes, nous ne sommes pas le pays le plus compétitif du monde, mais nous sommes appelés à monter d'un cran dans l'innovation et la recherche à travers nos centres d'excellence. C'est le passage obligé. - Avec cette convention-cadre, d'aucuns parlent déjà d'un nouvel horizon dans le partenariat entre l'Etat et les CTI. A ce sujet, quelle est votre analyse ? - Effectivement, l'une des premières actions des CTI s'inscrit dans le renforcement du partenariat public-privé, mais aussi d'une gestion commune. Je rappelle que les CTI sont des associations à but non lucratif et qui sont dévolues aux entreprises industrielles. A ce titre, ils doivent accompagner, comme c'est le cas d'ailleurs, la construction et le développement industriels. Il faut le reconnaître, aujourd'hui, nous sommes arrivés à maturité. En effet, après 25 ans d'existence, nous étions tournés vers le contrôle normatif : importation et accompagnement de produits locaux, la création de norme, etc. Une fois que cette étape est franchie, il faut donc passer à un stade supérieur. Pour ce faire, nous sommes disposés, dans divers cadres, dont le cadre de Task Force Souveraineté, à accompagner les projets ainsi que les industriels qui se proposent d'investir dans des domaines nouveaux. Il faut le dire, le transfert de technologies coûte excessivement cher et n'est pas facilement accessible. Dans ce sens, nous avons acquis une expertise qui permet aujourd'hui de répondre à la demande d'accompagnement de ces investisseurs divers et variés : les IMME, dans le métier de la construction (ciment, marbre ou encore la céramique), dans la plasturgie, le cuir, le textile, etc. Autrement dit, nous sommes bien outillés pour l'accompagnement technologique dans ces différents secteurs. - Qu'en est-il de la validation des nouveaux produits et de la formation technique spécifique avec le process actuel ? - Nous avons mis en place, aujourd'hui, des structures de formation technique au profit des personnes qui sont liées directement aux différents corps de métier. Qu'il s'agisse du bâtiment, de la construction ou dans d'autres secteurs comme le cuir, la plasturgie, l'agroalimentaire, ce sont les centres techniques qui s'en chargent officiellement au niveau des fédérations. Actuellement, il y a de l'innovation et des capacités. L'ambition est de tirer vers le haut cette innovation et cette modernisation. Il faut maintenir ce cap de l'innovation et de la modernisation à tous les niveaux des différents secteurs industriels, y compris leur présentation dont le packaging (emballage) et diverses indications sur les compositions d'utilisation, de date d'utilisation pour ne pas dire de péremption. Ce sont des choses auxquelles nous devrions faire attention. Car ces indications sont essentielles pour les consommateurs. - Enfin, quelles sont les actions prioritaires du Réseau des Centres Techniques Industriels Marocains pour les deux années à venir ? - Le Réseau des Centres Techniques Industriels Marocains a été créé pour mutualiser un certain nombre de missions. Il s'agit, entre autres, de venir en appoint aux CTI dans des actions d'organisation, de marketing, de communication et de liaison. C'est aussi une interface et l'interlocuteur avec le ministère de tutelle. Son Conseil d'administration est composé des différents présidents des Centres. Le Réseau établit des partenariats avec un certain nombre de pays à travers le monde. C'est le cas de la France, l'Espagne, les Etats-Unis, l'Italie, etc. De même, il établit des liens avec le monde universitaire. Donc, nos actions prioritaires s'inscrivent dans cette dynamique. Recueillis par Mamady SIDIBE Bon à savoir
Le Réseau des Centres Techniques Industriels Marocains (RECTIM) a pour missions principales d'offrir et développer toute activité de services, de soutien, de conseil et d'accompagnement aux CTI. A ce titre, il participe à l'élaboration des politiques publiques d'appui au développement technologique et à l'innovation, en communiquant à l'Etat les besoins des entreprises industrielles recensés dans le cadre de l'activité du Réseau et des CTI. Selon son président, David Toledano, le RECTIM a pour objectif également de renforcer les échanges et la coopération entre les CTI en favorisant l'établissement d'alliances technologiques et commerciales entre les centres ainsi qu'une collaboration opérationnelle et scientifique tout en fédérant et en animant les CTI autour de projets collaboratifs à fort contenu innovant. Par ailleurs, pour ce qui concerne des projets de développement des CTI, le RECTIM appuie sur le plan fonctionnel les CTI dans le montage de leurs projets et contribue au processus d'évaluation des projets dans le cadre du Fonds d'Appui aux Centres Techniques (FACET).