Suite aux menaces d'attentats contre les villes du Sahara marocain formulées par le Front Polisario, le quotidien espagnol La Razon a interviewé Yanja El Khattat, président du Conseil de la Région Dakhla-Oued Eddahab et membre du Parti de l'Istiqlal. - Votre ville a été désignée par un « chef militaire » du Front Polisario comme cible d'attentats par des éléments du Front. Quelle a été la réaction de vos concitoyens face à ce que représente un risque pour leurs vies et leurs biens ? - Je tiens à préciser avant tout que cette annonce du Front Polisario est très dangereuse qui représente une dérive de cette organisation et une preuve de sa radicalisation, qui la classe comme organisation terroriste. Cette annonce s'inscrit dans un contexte mondial et régional spécial et après les contrecoups diplomatiques que les séparatistes et leur parrain, le régime militaire algérien, ont subis, notamment la reconnaissance de la souveraineté du Royaume du Maroc sur son Sahara par des forces internationales influentes comme les Etats Unis. S'y ajoutent l'ouverture de consulats de de plusieurs pays entre Dakhla et Laâyoune et l'important soutien à l'international que reçoit le plan marocain d'autonomie pour les provinces du Sud. Je tiens également à rappeler que la zone a, dans le passé, déjà souffert d'activités belliqueuses et terroristes du Front Polisario qui a mené pas moins de 289 attentats contre des citoyens espagnols entre 1973 et 1986. Malgré tout cela, nous demeurons tranquilles et nos concitoyens sont conscients que cette sortie n'est rien de plus qu'un symptôme de l'échec du projet des adversaires du Royaume et un signe de sa faiblesse, son désespoir et son incapacité politique et militaire. - Il n'empêche que toute action terroriste peut avoir des effets aveugles, même si ses auteurs prétendent qu'ils en contrôlent les effets, est-ce que cela ne vous inquiète pas ? - Il est certain que personne ne peut y prétendre qu'une action terroriste ne peut avoir d'incalculables conséquences qui peuvent aller jusqu'à ouvrir les portes de l'enfer. En clair, elles peuvent être un élément déterminant pour déclencher un conflit militaire généralisé dans la région et comme toujours les premières victimes seront les civils. Je pense que nous avons tous l'obligation et la responsabilité de dénoncer et rejeter cette menace belliqueuse pour éviter des attaques terroristes dans des zones de populations civiles. - Dans le Conseil que vous présidez, il existe différentes sensibilités politiques, quel est le niveau de coexistence entre elles ? Et est-ce que l'on peut parler de minorités opprimées ou que l'on empêche systématiquement de s'exprimer ? - Je suis président du Conseil régional de Dakhla-Oued Dahhab et je suis bien placé pour vous assurer que la situation politique et sociale est normale et que l'ensemble des sensibilités politiques coexistent sans aucun problème. Le processus électoral de 2021 qui a permis aux populations locales de choisir leurs représentants légitimes s'est déroulé dans des circonstances normales. La Région a enregistré un taux de participation aux élections législatives, régionales et municipales plus important comparé au niveau national et aux élections antérieurs. - L'économie du Sahara enregistre une forte croissance économique, quels seraient les effets sur l'activité en cas d'attaques terroristes ? - Je reste convaincu que ces menaces ne sont rien d'autre que de la pure propagande et qu'il n'y aura jamais d'attaques de ce genre. Malgré les allégations de nos adversaires sur notre intégrité territoriale, la situation dans la zone est sous contrôle et la tranquillité y est garantie grâce aux efforts des forces de sécurité, des unités antiterroristes et des Forces Armées Royales. Ces menaces s'inscrivent dans une stratégie suicidaire qui va à l'encontre des aspirations des populations de la zone et il ne sert à rien de propager le terrorisme et l'insécurité. - Qu'en est-il de la présence espagnole dans la zone et quel pourcentage représente cette présence dans le tissu économique local ? - La majorité des investissements espagnols dans notre région touchent les secteurs de la pêche et des services. A noter qu'il y a plusieurs entreprises marocaines qui travaillent dans la région et qui ont à leur tête un manager espagnol. Je pense que les entrepreneurs espagnols ont une bonne occasion pour investir à Dakhla et sa région. Ils doivent profiter des opportunités qui s'ouvrent actuellement, surtout après le pas franchi par le gouvernement espagnol et la volonté exprimée à haut niveau pour développer encore plus les relations entre les deux pays. Pour vous donner un exemple de nos efforts pour rapprocher nos deux pays et renforcer la coopération, le Conseil régional organise, à la fin de ce mois, à Dakhla un Forum d'investissement entre le Maroc et l'Espagne pour présenter le potentiel naturel et socioéconomique de la région et les opportunités d'investissement qu'elle présentent. Cet événement sera également l'occasion de présenter les nouvelles possibilités d'affaires et d'association économique entre les deux pays, voire à consolider encore plus les relations bilatérales.
« C'est de la pure propagande qui a pour objectif de faire peur aux entrepreneurs qui souhaitent investir dans les provinces du Sud ». - Pensez-vous que les menaces du Polisario peuvent affecter ses investissements ou ceux d'autres pays intéressés par les opportunités offertes par la région ? - Je pense que c'est de la pure propagande qui a pour objectif de faire peur aux entrepreneurs qui souhaitent investir dans les provinces du Sud. Le Maroc est un exemple de stabilité et de sécurité dans la région et il est intéressant de noter qu'au moment où le Royaume multiplie les initiatives pour arriver à une solution juste et applicable de ce conflit artificiel et est derrière l'ensemble des actions visant à généraliser la paix, la sécurité et la prospérité pour l'ensemble des peuples de la région, d'autres s'efforcent à l'entraîner dans le chaos et à propager la guerre, la haine, la pauvreté et le terrorisme. - Le Polisario a dernièrement adressé des « avertissements » aux entreprises qui investissent au Sahara, certains visant directement des opérateurs espagnols. Est-ce que cela s'est traduit par le retrait de personnels de la zone ? - Au contraire, je peux vous assurer que malgré ces « avertissements » et la situation sanitaire qui a touché l'ensemble de la planète, plusieurs investisseurs de différents pays ont fait le déplacement jusqu'à Dakhla pour explorer les opportunités d'investissement et profiter des facilités et incitations qu'offre notre pays pour y investir. Notre région est une terre d'opportunités et offre la possibilité de participer à son développement économique et social, notamment dans les secteurs de la pêche, de l'agriculture, du tourisme, des énergies renouvelables, des mines et de la logistique qui recèlent d'énormes gisements de croissance. - Quels sont les secteurs industriels les plus attractifs pour l'investissement dans la zone saharienne ? Et est-ce que le Maroc et concrètement votre ville disposent d'infrastructures capables d'accueillir ces investissements? - Les secteurs économiques les plus importants de la région sont la pêche, l'agriculture, le tourisme, les énergies renouvelables, les mines et la logistique. Depuis la fin de la colonisation, l'Etat a entrepris beaucoup d'efforts pour doter la région d'énormes projets d'infrastructure qui l'a transformée en un territoire attractif et compétitif, surtout depuis l'annonce en 2015 par Sa Majesté du Nouveau Modèle de Développement des provinces du Sud et de ses plans régionaux de développement intégré. Depuis, plusieurs chantiers structurels ont été programmés comme le mégaprojet du nouveau port et sa zone industrielle et logistique de 1.000 ha qui reflète la vision futuriste du Maroc pour diversifier les activités commerciales et économiques dans la région. Sans oublier la réalisation d'une station de dessalement de l'eau de mer pour l'irrigation de 5.000 ha, le projet d'autoroute entre Laâyoune et Dakhla, la connexion de Dakhla avec le réseau national de l'électricité, la création de deux plateformes logistiques et industriel au niveau du poste frontalier de El Guergarate et à Bir Guendouz. - Quel message souhaitez-vous transmettre au Front Polisario et aux sahraouis qui vivent dans les camps de Tindouf, suite aux menaces d'attentats terroristes ? - Ils doivent en finir avec ce conflit artificiel et chercher à se sauver du calvaire qu'ils vivent qui ne fait que s'aggraver de jour en jour et retourner dans leur pays, le Maroc. Le Royaume est plus que disposé à les accueillir et à leur offrir des conditions de vie digne et stable, après des années de souffrance loin de leurs territoires. Le monde a beaucoup changé et ils doivent faire preuve de réalisme et adhérer au projet d'autonomie sous souveraineté marocaine qui garantit la paix, la sécurité, la prospérité pour l'ensemble de la zone et l'ensemble des populations qui y vivent. Recueillis en espagnol par La Razon