Le programme villes sans bidonvilles (VSB) éprouve encore des difficultés à avancer avec la célérité requise en vue de réaliser ses différents objectifs et d'aboutir à l'éradication des bidonvilles, a indiqué la Cour des Comptes dans son rapport annuel au titre des années 2019-2020. Tache noire dans l'infrastructure de logement au Maroc, l'habitat insalubre comprend plusieurs formes de bâtisses dont l'état de construction peut être sommaire (bidonvilles), vétuste, ou présentant un risque de danger d'effondrement. En 2018, près de 472.723 ménages occupaient des bidonvilles. A ceux-là s'ajoutent quelque 84.148 ménages occupant 43.734 constructions menaçant ruine. Pour remédier à cette problématique, l'Etat a lancé moult initiatives, selon la Cour des Comptes, dont le fameux projet VSB, qui malgré des avancées notables, n'arrive toujours pas à atteindre son plein potentiel.
Depuis le lancement du programme en 2004, l'institution de Zineb El Adaoui a constaté que le nombre des ménages concernés n'a cessé d'augmenter. «Parti d'un objectif de 270.000 ménages, ce nombre a atteint 472.723 en 2018, soit une augmentation de 75%, avec un ajout annuel moyen de plus de 10.669 ménages», indique le rapport. Néanmoins, malgré l'importance des efforts déployés par l'Etat, ayant permis le traitement de la situation de quelque 280.000 ménages entre 2004 et 2018, le programme VSB éprouve encore des difficultés à avancer avec la célérité requise en vue de réaliser ses différents objectifs et d'aboutir à l'éradication des bidonvilles, note la Cour des Comptes.
Cette situation est due à des dysfonctionnements dans le processus d'exécution du programme, explique l'Institution, faisant référence aux anomalies dans l'élaboration des contrats-villes, aux lacunes dans la gestion et le suivi, aux défaillances dans la maitrise des subventions du FSHIU et aux changements récurrents des objectifs assignés au programme.
Quid du logement social ?
La Cour des Comptes s'est également attardée sur les dispositifs de logement social. Celle-ci a a souligné qu'il a été significatif puisqu'il a permis, au cours des dernières années, d'accélérer le rythme de production de logements. «Le parc immobilier a été renforcé jusqu'à fin 2020 par 517.201 unités de 250.000 DH et 28.053 unités de 140.000 DH», détaille le rapport. Cependant, il s'est avéré, selon la même source, que cette importante production n'a profité que partiellement aux ménages ciblés, notamment ceux habitant dans les bidonvilles et dans les HMR. Parmi les raisons listées par la Cour il y a l'absence d'études préalables au lancement des dispositifs de logement, des finalités mal définies et des incohérences en ce qui concerne la complémentarité avec les autres programmes d'habitat, ainsi que par des difficultés liées à l'exploitation du foncier et au manque de maitrise des partenariats public-privé.
Cela dit, la Cour des Comptes a dressé une série de recommandations pour soigner la plaie, avec en tête de liste le renforcement des mécanismes de prévention contre la genèse et la prolifération de l'habitat insalubre, en utilisant notamment les nouvelles techniques (partage d'informations, drones de surveillance...).
Afin de réaliser une meilleure insertion de la population ciblée dans ses nouveaux quartiers et logements et son appropriation de son cadre de vie, la Cour recommande d'adopter une démarche intégrée de développement humain qui aille au-delà de l'approche « logement » pour inclure les dimensions économiques et sociales des bénéficiaires, ainsi que la résorption des déficits liés au niveau d'équipement et de connectivité des sites mobilisés dans le cadre des différents programmes.
L'Institution appelle également à redynamiser le rôle d'encadrement technique du Département chargé de l'Habitat et de ses services déconcentrés, surtout que ce rôle est limité actuellement, pour certains programmes, à une simple gestion financière des opérations.