Prenant part au Sommet « historique » du Néguev en Israël, le ministre des Affaire étrangères, Nasser Bourita, a annoncé le renforcement de la représentation diplomatique à l'Etat hébreu tout en adressant savamment un message sur le Sahara marocain. Détails. « Historique », qualificatif choisi par la diplomatie israélienne pour désigner le Sommet du Néguev, auquel prend part le Maroc aux côtés des Emirats arabes unis, Bahreïn, Egypte, Etats-Unis et Israël. Représentant le Maroc dans ce Sommet tenu dans le désert israélien, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, est arrivé à bord d'un jet privé et a participé à la réunion de haut niveau, dimanche, avec Yair Lapid, Anthony Blinken et leurs homologues bahreïni, émirati et égyptien. Le Covid-19 s'introduit par effraction Une mauvaise nouvelle est venue perturber les travaux du Sommet avec la contamination du Premier ministre israélien, Naftali Bennet, qui a été déclaré positif au Covid-19. Ceci dit, tous les autres ministres des Affaires étrangères, y compris Nasser Bourita, sont considérés comme des cas contacts du moment qu'Anthony Blinken a serré la main du Premier ministre israélien. Israël : le Maroc s'apprête à renforce son poids diplomatique Par ailleurs, ce Sommet est une occasion de consolider les accords d'Abraham et créer une dynamique entre les pays signataires, notamment entre le Maroc et Israël. Lors d'un point de presse conjoint, tenu en marge du Sommet, Nasser Bourita a saisi savamment l'occasion pour faire part à ses homologues de son désir de se rencontrer à nouveau dans « un autre désert avec le même esprit ». Une allusion faite au Sahara marocain. Le conflit régional, rappelons-le, semble proche d'une résolution définitive en faveur du Maroc, après le soutien des Etats-Unis, de l'Espagne, de l'Allemagne et le renouvellement du soutien français au Plan d'autonomie. Outre cela, le ministre marocain a fait savoir que la participation marocaine à ce Sommet, voulue par SM le Roi Mohammed VI, est la preuve de l'excellence des relations entre le Royaume et l'Etat hébreu. Profitant de cette occasion, il a annoncé le renforcement de la mission diplomatique marocaine en Israël. « Depuis la signature de la déclaration tripartite en décembre 2020, nous avons réalisé plusieurs avancées à travers l'échange des visites, les accords de coopération signés et l'établissement d'une liaison aérienne directe », s'est réjoui le chef de la diplomatie marocaine. Rappelons, à cet égard, que les deux pays sont représentés, chez l'un et l'autre, par des bureaux de liaison. L'Iran inquiète Il n'est ni fortuit ni anodin que ce Sommet soit qualifié d'historique tant les enjeux sont importants puisque les Etats participants ont évoqué des dossiers régionaux d'intérêt commun. Il s'agit du premier Sommet de cette taille ayant réuni l'ensemble des pays signataires des accords d'Abraham. L'agenda est chargé : la guerre en Ukraine, la coopération multilatérale et surtout l'Iran, dont le dossier nucléaire accapare une grande partie de l'ordre du jour, selon plusieurs sources médiatiques israéliennes. Les participants ont évoqué longuement la question iranienne au moment où l'accord nucléaire de 2015 renaît de ses cendres. A noter que les Etats-Unis et les autres puissances (France, Royaume-Uni, Allemagne, Russie et Chine) sont en cours de renégociation de l'accord signé en 2015. Très concernés par cela, les Etats arabes et Israël y attachent une importance particulière puisqu'ils se sentent directement ciblés par la menace iranienne. Téhéran, rappelons-le, joue un rôle jugé déstabilisateur au Moyen Orient et même en Afrique du Nord pour autant qu'il soutient des groupuscules de subversion, à savoir les milices houthis au Yémen et le Hezbollah au Liban. Le Maroc est également concerné par la menace iranienne sachant qu'il reproche au Hezbollah de soutenir le Polisario et d'entraîner ses combattants. Les propos du Secrétaire d'Etat américain, Anthony Blinken, sont de nature à refléter cette préoccupation collective de la menace que fait peser l'Iran. « Nous travaillerons ensemble pour faire face aux défis et aux menaces de sécurité communs, y compris ceux de l'Iran et de ses mandataires », a-t-il déclaré. Question palestinienne : Rabat pour une solution de deux Etats Concernant la question palestinienne, Nasser Bourita a réitéré l'attachement du Maroc à la solution des deux Etats vivant côte à côte. Le Royaume est en faveur d'un Etat palestinien établi sur les frontières de 1967 avec Al-Qods comme capitale. Anass MACHLOUKH