Mettre fin à la guerre au Yémen serait-il faisable ? Hans Grundberg estime que cela est possible à condition de pousser les protagonistes à des concessions douloureuses. L'envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, Hans Grundberg, a déclaré qu'il y avait une issue possible à la guerre. Lors d'un briefing au Conseil de sécurité, mardi, Grundberg a déclaré que mettre fin à «la guerre au Yémen n'est pas facile, mais pas impossible». Grundberg a souligné qu'il travaille actuellement à l'élaboration d'un plan de règlement politique global et à la mise en place d'un accord multipartite qui tiendrait compte des intérêts des parties belligérantes. « Les derniers mois d'escalade ont mis en lumière la dimension régionale du conflit au Yémen », a déclaré l'Envoyé spécial de l'ONU pour le Yémen, devant les membres du Conseil. Selon lui, les attaques d'Ansar Allah (les houthis qui contrôlent le nord du Yémen) contre les Emirats arabes unis le mois dernier, notamment contre un aéroport civil et des zones industrielles voisines où trois civils ont été tués, montrent « à quel point les enjeux sont devenus importants » et à quel point « ce conflit risque de devenir incontrôlable ». « Pour les Yéménites, le mois écoulé a été marqué par une multiplication des lignes de front et un nombre record effroyable de victimes civiles. La frappe aérienne de la coalition (dirigée par l'Arabie saoudite) sur un centre de détention à Sadaa, tuant ou blessant plus de 300 détenus, a été l'un des pires incidents de victimes civiles en trois ans. La forte augmentation des frappes aériennes au Yémen, y compris sur les zones résidentielles et les infrastructures civiles à Sanaa et Hodeïda, est alarmante », a ajouté Grundberg. Il a précisé qu'il était en train d'élaborer un cadre pour progresser vers un règlement politique inclusif afin de mettre fin au conflit et qu'il commencerait la semaine prochaine une série de consultations bilatérales sur ce cadre. Il a ajouté qu'en parallèle qu'il continuait d'explorer toutes les possibilités de désescalade immédiate du conflit. « Il n'y a pas de solution militaire durable » L'Envoyé spécial a toutefois reconnu que la confiance était faible et que « mettre fin à cette guerre nécessitera des compromis inconfortables qu'aucune partie belligérante n'est actuellement disposée à faire ». « Il nous incombe donc à tous, y compris au Conseil, de déployer tous les efforts possibles pour faire comprendre aux parties à ce conflit qu'il n'y a pas de solution militaire durable », a-t-il ajouté. Le chef de l'humanitaire de l'ONU, Martin Griffiths, a souligné de son côté que la guerre au Yémen continuait de menacer des millions de vies à travers le pays. « Et pour l'instant, cette crise ne montre aucun signe d'apaisement », a-t-il dit devant le Conseil de sécurité. « Nous avons assisté au cours des six dernières semaines à une escalade brutale et dangereuse du conflit. Cela a eu des conséquences dévastatrices pour les civils et les infrastructures civiles », a-t-il ajouté. Conférence de bailleurs de fonds le 16 mars Il a rappelé qu'une conférence de bailleurs de fonds pour le Yémen allait être organisée le 16 mars. « J'implore tous les bailleurs de fonds de saisir cette occasion pour démontrer leur engagement envers le peuple yéménite en donnant généreusement. Des fonds sont nécessaires le plus rapidement possible », a-t-il dit. Il a déclaré être parfaitement conscient que la survie des personnes « ne peut pas dépendre uniquement des flux et reflux des cycles de financement humanitaire ». « Une approche plus durable est à la fois nécessaire et réalisable », a estimé M. Griffiths. « La communauté internationale doit s'unir pour s'attaquer aux facteurs sous-jacents des besoins au Yémen, en particulier l'effondrement de l'économie », a-t-il ajouté, précisant que le cadre proposé par les Nations Unies offrait une voie à suivre à cet égard. Ce cadre « rassemble des initiatives qui pourraient faire une différence immédiate en augmentant les revenus, en réduisant les prix et en renforçant la stabilité macro-économique », a-t-il dit. Cela comprend des injections de devises, la reprise des vols civils via l'aéroport de Sanaa, la levée des restrictions sur les importations commerciales et l'utilisation des recettes d'importation pour payer les salaires du secteur public.
Les Houthis présentent leur vision pour une solution humanitaire Le mouvement houthi a annoncé, mardi, qu'il avait remis à la Russie sa vision pour un règlement du dossier humanitaire au Yémen dans le but d'alléger les souffrances de la population. Dans un tweet, le porte-parole officiel du mouvement, Muhammad Abd al-Salam a souligné que «les houthis ont transmis à l'ambassadeur de Moscou Vladimir Didushkin, leur vision d'une solution humanitaire, qui vise à soulager les souffrances du peuple yéménite et à créer l'atmosphère pour arrêter la guerre et entrer dans un processus politique sous les auspices des Nations Unies». Il a ajouté : «Nous en avons préalablement remis une copie à l'envoyé de l'ONU au Yémen, Hans Grundberg». Abdel Salam n'a pas donné de détails sur la nature de la vision, alors qu'il n'a pas été possible d'obtenir une déclaration officielle du gouvernement russe à ce sujet. Depuis près de 7 ans, le Yémen souffre d'une guerre continue entre les forces pro-gouvernementales, soutenues par une alliance militaire arabe dirigée par l'Arabie saoudite voisine, et les Houthis soutenus par l'Iran, qui contrôlent des gouvernorats, dont la capitale, Sanaa (nord), depuis septembre 2014. En novembre dernier, les Nations Unies ont annoncé qu'en fin 2021, la guerre au Yémen aura tué directement et indirectement 377.000 personnes. La guerre a coûté 126 milliards de dollars à l'économie du pays, dans l'une des pires crises humanitaires et économiques au monde, la majeure partie de la population de 30 millions d'habitants dépendant de l'aide, selon les Nations Unies.