Le président de Sebta, Juan Vivas, s'est attardé, lundi 24 janvier, sur la question de l'élargissement de l'espace Schengen à cette ville occupée, a rapporté El Faro de Ceuta. Vivas, qui s'exprimait à ce sujet au parlement local, a indiqué que « la question de Schengen doit s'inscrire dans un positionnement stratégique et global pour jeter les bases d'un avenir de sécurité, de stabilité et de progrès ».
« La suppression de l'exception Schengen est notre pari, même s'il peut y avoir d'autres alternatives », a-t-il ajouté. Cette décision, qui ne date pas d'aujourd'hui, mettrait fin à l'accès des habitants de la province Tétouan-Fnideq à la ville de Sebta sans visas. Contacté par nos soins, Abdelkrim Belguendouz, chercheur spécialisé dans le domaine des migrations et de la communauté marocaine résidant à l'étranger nous a annoncé que ces réactions « sont une tentative de Juan vivas de profiter de la présidence française du Conseil de l'Union européenne qui vise à pousser, jusqu'à l'adoption, la révision du mécanisme d'évaluation et de contrôle de Schengen (liberté de circulation des individus ressortissants de l'UE) ».
Rappelons que l'élargissement de l'espace Schengen à Sebta entraînerait l'obligation de présenter un visa à toute personne voulant y accéder, y compris les habitants des villes marocaines limitrophes. De coutume, ces derniers peuvent y entrer par passeport ou document de résidence.
Récupération par le développement Le Maroc a, depuis le début du règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, commencé une nouvelle stratégie de récupération des villes occupées de Sebta et Melilia « à travers le développement » nous annonce Abdelfattah Ezzin, sociologue et professeur chercheur à l'université Mohammed V de Rabat. L'expert explique que le Maroc a connu un développement remarquable au niveau social et économique, ce qui lui a permis de mettre fin à beaucoup de pratiques qui lui nuisaient auparavant comme la contrebande. Ainsi, dans « cette guerre froide » qui se joue sur plusieurs fronts, l'approche marocaine se base sur le cadre législatif alors que celle espagnole se caractérise par son côté hâtif abordant parfois les problèmes de migrations, d'autres fois ceux militaires ou encore économiques. Cette perception africaniste n'a point évoluer avec le temps, le chercheur estime alors que l'Espagne devrait avouer que ce qui la rapproche et ce qu'elle partage avec le Maroc dépasse ce qui les divise citant les enjeux stratégiques communs des deux pays ainsi que l'héritage andalous. Les déclarations de Juan Vivas font alors partie de l'instrumentalisation de la question de l'émigration par l'Espagne à des fins politiques, avance l'expert en migration, ajoutant que l'Exécutif ibérique devrait convaincre aussi bien le Parlement de son pays que les Etats membres de l'Union européenne, vu que ce genre de décisions concerne tous les pays membres.