En marge de la journée d'études sur le thème « Dynamiser l'Entrepreneuriat Agricole et Rural », organisée par le GCAM et le ministère de l'Agriculture, M. El Mahdi Arrifi, Directeur général de l'Agence de développement agricole (ADA) analyse les contours de ce nouveau défi tout en insistant sur la convergence des synergies des différents intervenants. Explications. -Comment appréhendez-vous la dynamique d'accompagnement de l'entrepreneuriat agricole et rural ? - L'entrepreneuriat agricole et rural des jeunes est l'un des chantiers majeurs de la nouvelle stratégie marocaine en matière d'agriculture, à partir de l'initiative « Génération Green » et qui est un programme d'accompagnement des jeunes ruraux dans l'entrepreneuriat agricole. Qu'il s'agisse de l'accès au foncier, devenir un exploitant agricole ou la création de coopérative entrepreneuriale ou encore dans les domaines de services liés à l'agriculture. Autrement dit, il s'agit de toute une panoplie de mesures agricoles pour la culture des parcelles mécaniquement ou manuellement. Cela concerne également l'irrigation ou l'hydraulique sans oublier la valorisation agricole, l'agro-industrie ainsi que la formation et le digital. -En quoi se déclinent-ils ces outils d'accompagnement ? - A travers le programme « Génération Green », le Maroc a mis en place des outils d'accompagnement des jeunes dans la conduite de leur projet agricole. On y trouve de l'accompagnement financier par l'incitation publique, la garantie de crédit à taux bonifié, comme on le voit avec le Crédit Agricole du Maroc. Dans ce sens, il existe des offres importantes en matière d'accès au crédit pour les jeunes porteurs de projets à travers un package garanti par l'Etat. Il y aussi les outils d'accompagnement technique concernant tous les domaines d'activité des jeunes dans la création d'entreprise ou d'exploitation agricole. -Et ce n'est pas tout ? -Effectivement, il existe aussi des formations de pointe pour différentes filières aussi bien pour les domaines, les pratiques agricoles ou le matériel ainsi que les services. Egalement, à côté de ces outils financiers et techniques et formation, il y a l'accomplissement des procédures administratives. C'est l'ensemble de ces questions qui étaient à l'ordre du jour débattus lors de la journée consacrée à la dynamique de l'entrepreneuriat agricole et, rural organisée par le Groupe Crédit Agricole. -L'enjeu est-il aussi de fédérer l'ensemble des synergies des différents intervenants ? - Tout à fait car nous avons décidé qu'il est nécessaire de faire converger les synergies des différents intervenants dans ce processus. D'où la mise en place des Centres régionaux des jeunes entrepreneurs agricoles, lesquelles se chargent d'accueil, d'études et d'orientation des porteurs de projets agricoles et leur formulation jusqu'à leur concrétisation. Et ce n'est pas tout puisqu'il y a aussi l'accompagnement post projet pour que le projet soit viable et que le jeune porteur soit autonome dans l'exécution de son projet. -Quel est le rôle de l'ADA dans cette configuration ? - L'ADA coiffe ces opérations dans l'ordre d'exécution institutionnelle du ministère de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts. Elle supervise à l'échelle nationale. Elle est chargée de la mise en place des dispositifs institutionnels et de la gouvernance au niveau central et de chaque région et province. Elle définit également les procédures en mettant en place tous les outils nécessaires tant sur le plan technique que financier. Enfin, l'Agence fait l'évaluation et le reporting de toutes les opérations à l'échelle nationale. -Naturellement, tout ceci nécessite des moyens financiers pour un jeune porteur de projet agricole. Existe-t-il un minima ou un maxima pour accéder au crédit ? - Comme je l'ai évoqué un peu plus haut, il y a d'abord le financement public à travers des participations publiques et celui bancaire à des taux très intéressants jusqu'à 75% dans le cadre du programme intégré d'accompagnement et de financement des entreprises, lancé par Sa Majesté le Roi. Même les jeunes qui n'ont pas assez de moyens peuvent y prétendre pour réaliser des projets avec un tout peu d'apport financier personnel. Ceci à travers des crédits et des incitations publiques. Mais tout cela est assorti à des conditions dont l'acceptabilité du projet et de l'aptitude du candidat. Pour cela, il doit être engagé, sérieux, enthousiaste et dynamique car l'accompagnement financier et technique, à eux seuls, ne suffisent pas à réussir un projet. Autrement dit, il faut de la volonté et de l'implication de soi-même dans l'exécution du projet du début jusqu'à la réussite du projet. - Un mot sur l'agrégation agricole - Le système d'agrégation agricole, l'un des fondements du Plan Maroc Vert (PMV), constitue une solution compétitive articulée autour d'un partenariat gagnant-gagnant entre l'amont productif et l'aval commercial et industriel et ce, sur la base de contrats définissant les engagements de chaque partie dans le cadre d'un projet d'agrégation bien identifiés. Il s'agit notamment des modèles de développement intégré de la filière tomate primeur dans la région de Souss-Massa-Draa autour d'un pôle primeur intégré (intrants, conseil, conditionnement, logistique), de développement spectaculaire et rapide dans la région du nord de la filière des fruits rouges (frais, surgelés) destiné au marché européen, ou encore celui de mise en place d'une filière nationale de lait autour de centres de collecte assurant l'intégration avec les unités industrielles de transformation de lait. Propos recueillis par Wolondouka SIDIBE
Des chiffres pour le dire Selon le ministère de tutelle, les exportations des produits agricoles ont connu une augmentation de 117% en passant de 15 milliards de dirhams à 33 milliards de dirhams, de 2007-2018. Sur le plan social, le Plan Maroc Vert a permis la création de 342 000 emplois supplémentaires, et l'augmentation du nombre de jours de travail par an et par ouvrier de 110 jours/an à 140 jours/an suite à l'extension des superficies cultivées, à la diversification des cultures, et à l'amélioration de la production. Ces performances ont été atteintes grâce à la politique volontariste de l'Etat concrétisée par la mise en oeuvre de projets solidaires (pilier II) et de projets à haute valeur ajoutée (pilier I). Ainsi en matière d'agriculture solidaire, 989 projets ont été lancés au profit de 730 000 bénéficiaires. Ces projets ont permis notamment la plantation de 438 455 hectares, la mise en place de 450 unités de valorisation, l'aménagement hydro agricole sur 83 960 hectares, l'amélioration pastorale sur 39 185 hectares, et l'ouverture de pistes rurales sur 545 kilomètres.