Téhéran impute l'impasse des négociations à la réticence américaine à lever toutes les sanctions, Washington reproche aux Iraniens de ne pas respecter les compromis auxquels ils s'étaient engagés. Les pourparlers indirects entre les Etats-Unis et l'Iran pour relancer l'accord sur le nucléaire iranien ont été suspendus, vendredi, et les interlocuteurs européens ont exprimé leur consternation face au nombre de demandes formulées par le nouveau gouvernement iranien. Le septième round de pourparlers à Vienne est le premier où l'Iran est représenté par une délégation du gouvernement du président pur et dur Ebrahim Raisi. Un haut responsable du ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré aux médias locaux que la réticence des Etats-Unis à lever toutes les sanctions est le principal défi pour relancer l'accord nucléaire, ajoutant qu'un accord peut être conclu si les puissances européennes font preuve de volonté politique et de flexibilité « sérieusement ». Un responsable du département d'Etat américain a déclaré à la presse sous couvert d'anonymat, samedi, que l'Iran s'était retiré de tous les compromis qu'il avait précédemment faits lors des pourparlers de Vienne visant à relancer l'accord nucléaire de 2015, avertissant que Washington «ne peut pas accepter» que Téhéran continue à entraver les négociations. Le responsable américain a poursuivi que l'Iran continuait d'accélérer son programme nucléaire de manière provocatrice. Une situation «inacceptable» Le responsable américain a ajouté que son pays ne peut accepter une situation dans laquelle l'Iran continue d'accélérer son programme nucléaire tout en bloquant les négociations. Il a expliqué que Washington n'avait cependant pas décidé de fermer la porte aux négociations qui ont repris lundi dernier à Vienne, et espère que Téhéran reviendra bientôt sur ces pourparlers «avec une volonté de négocier sérieusement», ajoutant que «l'Iran n'a pas montré l'attitude d'un pays qui envisage sérieusement un retour rapide» à l'accord de 2015. Il a estimé que si les Etats-Unis ont fait preuve de «patience» au cours des cinq derniers mois au cours desquels les négociations entamées en avril ont été suspendues en raison de l'élection d'un nouveau président iranien, Téhéran «a continué d'accélérer son programme nucléaire de manière provocatrice». «Nous ne savons pas quand le coordinateur de l'accord de 2015, le représentant de l'Union européenne, convoquera à nouveau les pourparlers, mais franchement, la date de la reprise nous préoccupe beaucoup moins que si l'Iran revient avec une position sérieuse», a déclaré le responsable. Cela signifie que Washington continuera à suivre la voie diplomatique, tout en répétant qu'il y a « d'autres outils » à sa disposition en cas d'échec. Téhéran souligne le sérieux de sa démarche Avant de rentrer à Téhéran, Bagheri a évoqué les «objections» exprimées par les Européens. «Je leur ai dit que c'était normal car nous ne présenterons pas de documents et de propositions qui correspondent à leurs points de vue», a-t-il déclaré à l'agence de presse officielle iranienne. Il a réitéré le «désir sérieux» de son pays de «s'entendre». Jeudi, le négociateur en chef de l'Iran à Vienne, Ali Bagheri, a annoncé que son pays avait soumis deux propositions, «l'une sur la levée des sanctions» et l'autre sur «les activités nucléaires». «Maintenant, l'autre partie doit examiner ces documents et se préparer à négocier avec l'Iran sur la base des textes présentés», a-til déclaré. Devant le Palais Coburg, où a été conclu l'accord de 2015, l'ambassadeur chinois Wang Kun s'est montré moins pessimiste, parlant de «pourparlers de fond». Il a déclaré aux journalistes que toutes les parties ont convenu de faire une courte pause pour consultations et pour prendre des directives de leurs hiérarchies, tout en espérant que « cela donnera un nouvel élan aux négociations ». Désillusion européenne Mais selon un diplomate européen, les propositions iraniennes « ne peuvent pas servir de base de négociation » et rendent toute avancée impossible. Vendredi, les Européens ont fait part de leur «déception et inquiétude» face aux revendications iraniennes. De hauts diplomates français, allemands et britanniques ont déclaré que «Téhéran se retirait de tous les règlements difficiles à atteindre» lors du premier cycle de négociations entre avril et juin, dénonçant un «recul». «On ne sait pas comment cet écart sera comblé dans un délai réaliste», ont ajouté les diplomates européens. Malgré ces déclarations dures, ils ont annoncé être « pleinement engagés dans la recherche d'une solution diplomatique », soulignant toutefois que « le temps presse ».
Selon Tel-Aviv : « l'Iran doit payer le prix pour ses violations de l'accord » Le Premier ministre israélien Naftali Bennett a dénoncé dimanche matin «les violations» de l'accord sur le nucléaire commises par l'Iran, estimant qu'il était temps que Téhéran en «paie le prix». «J'appelle tous les pays qui négocient avec l'Iran à Vienne à adhérer à une ligne ferme et à faire comprendre à l'Iran qu'il est impossible à la fois de procéder à l'enrichissement d'uranium et de négocier», a déclaré M. Bennett à l'ouverture de la réunion du Conseil des ministres. Ces déclarations interviennent tandis que les Etats-Unis ont accusé samedi l'Iran de bloquer les négociations à Vienne pour sauver l'accord sur le nucléaire iranien tout en développant son programme atomique. «L'objectif du régime iranien est la levée des sanctions, à cette fin ils sont venus à Vienne avec des dizaines de conseillers et d'experts», a averti M. Bennett. «Seulement cette fois ils veulent en plus un renforcement de dizaines de milliards de dollars et une manne pour toutes leurs activités», a-t-il souligné. Or «Nous avons un dialogue sincère et intense à ce sujet avec les Américains, les Britanniques, les Français, les Russes et d'autres encore», a-t-il indiqué sans préciser la totalité des interlocuteurs. Alors que les pourparlers, qui avaient repris en début de semaine, marquent une pause depuis vendredi, «notre objectif est de profiter de cette fenêtre pour dire à nos amis américains : c'est bien le moment d'utiliser d'autres outils», a affirmé Bennett. «Il y a un temps pour tout, un temps pour se taire et un temps pour parler, et il est temps à présent de parler», at- il estimé évoquant le déplacement du directeur du Mossad à Washington ce dimanche.