Bruxelles accueille le Salon de l'immobilier marocain SMAP Immo    Dakhla : Clôture en apothéose de la 11e édition du Raid Sahraouiya    The Algerian Foreign Minister in Syria to defend the Polisario and its prisoners    Diaspo #375 : Hamid Ouaïch, co-founder of Belgium's first manga studio    Rougeole au Maroc : Polémique sur une troisième dose vaccinale au lycée Lyautey    Artillerie tractée : Déçues par les CAESAR, les FAR optent pour les canons israéliens    Palestine : Israël entame l'exil forcé des Gazaouis par l'évacuation des blessés    L'Ambassadeur de Chine au Maroc participe à la cérémonie de remise de dons aux maisons de quartier à Taroudant    Coupe Lalla Meryem de golf: l'Anglaise Cara Gainer remporte la 28è édition    Botola D1: Wydad-Hassania en clôture de la J20 ce dimanche    Botola DII: Le KACM lorgne le poste de leader à l'issue de la J16 !    Le nouveau régime syrien est bien conscient de ceux qui l'ont soutenu dans le passé et de ceux qui l'ont combattu… et les Syriens se souviennent de la reconnaissance de Bachar al-Assad de la complicité de l'Algérie dans leur extermination    Le Maroc renforce ses capacités de défense avec l'accord des canons ATMOS 2000 israéliens    Sommet Arabe d'urgence au Caire : L'Egypte intensifie la concertation régionale    Agadir : Des unités cyclistes pour renforcer la sécurité touristique    MAGAZINE : Mohamed El Baz, l'incalculé de l'Art Fair 2025    Kenzi Hôtels Group. Abdellatif Kabbaj, l'architecte d'un empire hôtelier marocain    Hyundai Maroc : une ascension continue et de grandes ambitions pour 2025    Bourita: Les relations entre le Maroc et l'Irak sont "enracinées"    Gérard Larcher en visite officielle au Maroc du 23 au 26 février 2025    SAR le Prince Moulay Rachid préside la cérémonie de remise des Prix de la 49e édition du Trophée Hassan II de Golf et de la 28e édition de la Coupe Lalla Meryem    Polo: L'équipe de la Garde Royale s'impose face à la Household Cavalry britannique (6-3)    Fruit Logistica de Berlin: La mandarine marocaine Nadorcott en vedette    Guelmim-Oued Noun: 702 entreprises créées en 2024    Angola. Le Marocain Somagec signe unMoU de 1,3 milliard de dollars pour la construction de lignes de transport à haute tension    Belgique: Un fonds spécial pour lutter contre le trafic de drogue    Le temps qu'il fera ce dimanche 9 février 2025    Les températures attendues ce dimanche 9 février 2025    Polémique autour du recrutement d'infirmiers égyptiens, le Groupe Akdital réagit    Le régime algérien entre contradictions politiques et enjeux changeants… Aujourd'hui il est en opposition avec un régime, demain il s'allie avec lui    Le Suisse Synhelion prévoit d'investir dix milliards de dirhams au Maroc dans un projet de carburant solaire, 100 000 tonnes annuelles prévues    Le Maroc et Sound Energy en passe de raccorder le gisement de Tendrara au gazoduc Maghreb-Europe, Rabat a respecté sa promesse : «Nous ne laisserons pas ce réseau rouiller après la décision algérienne de ne plus l'alimenter»    AS FAR: Le Portugais Alexandre Dos Santos nouvel entraineur    Résistance iranienne : Le compte à rebours de la dictature est lancé    À Washington, série de rencontres d'une délégation de la société civile des provinces du Sud    Rilès : Quand la performance physique devient un manifeste artistique    Achraf Hakimi prolonge au PSG avec une conséquente revalorisation salariale    UA : Le Maroc discret sur la tournée de Bourita et du chef de la DGED en Afrique    Le renforcement des relations maroco-irakiennes : La visite de Fouad Hussein à Rabat consolide le partenariat stratégique    Casablanca : Inauguration du Lycée Français Alphonse Daudet (VIDEO)    Série d'entretiens de Talbi Alami avec ses homologues participant à la réunion des Etats Atlantiques    L'Irak renouvelle son soutien à la souveraineté du Maroc et rejette le déplacement des Palestiniens    Black Eyed Peas, Kool & The Gang, Seal… du lourd pour la 18e édition de Jazzablanca!    Diaspo #375 : Hamid Ouaïch, co-fondateur du premier studio de mangas en Belgique    SIEL 2025: Charjah invité d'honneur de la 30è édition    Festival : le FLAM a brillé haut et fort    Artisanat : Un objectif de formation par apprentissage de 30.000 stagiaires    Cheb Khaled, la star mondiale du raï, choisit de s'établir définitivement avec sa famille à Tanger    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Plaidoyer pour la langue Arabe classique
Publié dans L'opinion le 30 - 11 - 2021

Un ami m'a demandé d'écrire un commentaire sur le livre de Fouad Laroui : Le drame linguistique des Marocains, publié en 2011. J'ai longtemps hésité avant d'entamer ce travail, car le livre est déjà ancien. Mais mon ami m'a convaincu que son ancienneté n'affecte pas les idées qu'il développe et ne saurait justifier la discrétion des lecteurs sur sa dévalorisation de la langue arabe classique.
C'est pour cela que je l'ai lu très attentivement. Et sans être un spécialiste de linguistique, et aimant la langue arabe classique je me suis permis de faire sur le contenu de ce livre les observations suivantes :

Je fus d'abord frappé par l'appellation du prophète de L'Islam par « Mahomet ». J'ai vite compris que l'auteur ne s'adresse pas au lecteur marocain qui appelle son prophète « Mohammed », mais au lecteur français et généralement francophone non musulman.
J'ai remarqué également le nombre impressionnant des auteurs cités en référence pour appuyer ses idées : Sur 111 références 67 sont étrangères à la langue arabe classique. L'auteur s'appuie sur les positions de 65 d'entre elles qui sont négatives pour cette langue. Les deux autres références sont celles de Larousse et de Massignon qui sont plutôt favorables.
D'après Larousse « la langue arabe classique est non seulement le plus riche des idiomes sémitiques mais encore c'est l'une des langues les plus complètes du monde à tous les points de vue ».
L'auteur rejette en bloc ces appréciations.
Massignon, quant à lui, s'intéresse à la non voyelisation des textes de la langue arabe et estime que c'est une qualité parce que, dit-il, « elle incite le lecteur à penser ». Là encore, Laroui n'est pas d'accord, il estime que c'est plutôt un « handicap ». Il cristallise, d'ailleurs, son opinion sur cette absence des voyelles sur les textes arabes qui les rend, d'après lui, « très difficiles à lire ».
Il semble ignorer que cette voyelisation est d'abord obligatoire pour le cycle primaire et pour les débutants dans l'apprentissage de cette langue. Elle ne devient superflue que pour les initiés qui la maitrisent parfaitement. Par conséquent elle ne pourrait être un handicap et encore moins une raison, comme il le prétend, pour aiguillonner le lecteur vers d'autres langues « plus faciles ».
D'un autre côté, l'auteur ne se rend pas compte de certaines positions contradictoires : Apres avoir écrit (page 22) qu'aucune langue n'est meilleure qu'une autre, il écrit que « lorsque l'Arabe classique se trouve en concurrence avec le Français dès les premières années d'étude, la tentation est grande de concentrer ses efforts sur la langue qui se lit comme elle s'écrit ».
Mettez les voyelles aux enfants dès les premières années d'études et l'Arabe classique se lira aussi facilement que le Français. Mais le problème ne se limite pas là, c'est la qualité de l'enseignement, la formation, la motivation de l'enseignant et le matériel pédagogique qu'on met à sa disposition dès l'école maternelle.
Quand ces conditions sont réunies pour une langue, l'enfant se penchera davantage vers elle. Malheureusement, ces conditions ne sont réunies que dans des écoles privées étrangères qui enseignent le Français comme langue principale et qui sont fréquentées par les enfants des familles aisées.
Par conséquent ce n'est pas un défaut de la langue arabe si certaines familles marocaines envoient leurs enfants de bas âge aux écoles maternelles et écoles primaires étrangères.
D'autre part, l'auteur ne cesse, le long de son ouvrage, de relever les « défauts » de la langue arabe classique. Je voudrais lui rappeler que toutes les langues présentent des difficultés. Ce ne sont, en définitive, que des créations humaines.
Je cite entre autres la langue française déjà citée par l'auteur : Pour un débutant la langue française n'est pas aussi simple que l'auteur le laisse croire. Ne serait-ce que pour ses six temps de conjugaison, son orthographe, et pour certaines de ses lettres qui ne se lisent pas comme elles s'écrivent.
C'est le cas de la lettre C qui se lit différemment selon qu'elle est accompagné de (a, o, u) ou de (y, e, i) ou avec l'article ç en bas, c'est le cas de la lettre x qui ne se prononce pas à la fin des mots ou se prononce S : Dix. C'est le cas de la lettre P qui se lit F quand elle est accompagnée de la lettre h : (Philosophie).
Il ne s'agit pas pour nous de dénigrer la langue française mais de montrer que chaque langue a ses difficultés.
Par ailleurs l'auteur se lance dans un certain nombre d'affirmations gratuites : L'Arabe classique, écrit-il, est « une langue figée, rigide, et non littéraire, », il écrit plus loin que c'est une langue « orale », sans apporter aucune justification à ses affirmations.
Il semble oublier que cette langue a dominé la civilisation universelle pendant 7 siècles, du 7ème au 14ème, qu'elle a permis la traduction et la conservation des œuvres scientifiques et philosophiques grecques et leur transmission à l'Occident qui les ignorait jusqu'alors, qu'elle a été la langue écrite de Ibnou Rochd (AVEROES), de Ibnou Sina (Avicenne), de Ben khaldoun, historien, démographe et fondateur de la sociologie, du grand voyageur Ibn Batouta, qu'elle est la langue du grand Sofi Ibn al Arabi, qu'elle est la langue des romans de Naguib Mahfoud, Prix Nobel de littérature, qu'elle est la langue de Nizar Kabbani, dont les poèmes sont célèbres à travers tous les pays arabes. Et elle est d'abord et avant tout la langue du Coran, source spirituelle par excellence de deux milliards de Musulmans.
Il faut reconnaitre que l'importance d'une langue est liée au rôle de ses utilisateurs dans le monde. Quand les Arabes étaient des innovateurs dans tous les domaines, leur langue était la plus utilisée, ce n'est plus le cas depuis plusieurs siècles.
Cette question a échappé à M. Laroui qui s'est empressé de conclure qu'il faudrait remplacer l'Arabe classique par le dialectal en tant que langue nationale.
Il faudrait rappeler que ce sujet a été abordé par plusieurs pays arabes, notamment en Egypte, et qu'il a été abandonné.
Au Maroc les autorités coloniales, à la première moitié du 20ème siècle, avaient abordé le sujet. Le but politique de l'opération était clair : créer une scission entre le Maroc et les autres pays arabes. Ils ont réuni les professeurs français de linguistique, et après plusieurs mois ceux-ci ont conclu, avec l'objectivité des hommes de sciences, que l'Arabe dialectal ne pourrait jamais être érigée en langue nationale des Marocains.
Plusieurs décennies plus tard voilà que M. Ayouch, président d'une société de publicité, a adopté l'Arabe dialectal pour la diffusion de ses messages publicitaires.
Il faut remarquer que ces messages, même avec des voyelles, sont plus difficiles à lire et à comprendre que s'ils étaient écrits en Arabe classique.
M. Ayouch est allé même jusqu'à proposer au sein de la commission nationale de la réforme de l'enseignement que l'Arabe dialectal soit la langue nationale du Maroc.
Il a fallu un débat organisé à la chaine de télévision 2M, sur le sujet, entre lui et le Professeur Abdallah Laroui pour le faire revenir sur ses propos.
Enfin je profite de ce commentaire du livre de Fouad Laroui pour relever quelques erreurs dans le chapitre « Surabondance lexicale » p (46).
Le pluriel de bab en Arabe classique c'est abouab et non pas bibane qui est de l'Arabe dialectal. Sarāb n'a pas pour traduction en français : repaire, trou, tunnel, mais mirage (voir verset du Coran n° 39 sourat Annour).
Quanaâ n'a pas de correspondant en Français, mais le mot le plus proche est : contentement. Il n'est pas synonyme de Iqtinaâ qui veut dire conviction.
En conclusion s'il y a un drame linguistique, c'est bien celui du haut cadre marocain qui dévalorise la langue arabe classique, langue Nationale de son pays.
Ahmed KETTANI


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.