Devant les députés, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a assumé la responsabilité de toutes les réformes portées par son équipe. Enseignement, emploi, pouvoir d'achat, le chef du gouvernement assume tout, en annonçant de bonnes nouvelles pour les entreprises. Détails. Longtemps attendue, la séance plénière mensuelle consacrée à la politique générale a été l'occasion de mettre le point sur les premières actions du nouveau gouvernement après le vote de la Loi des Finances 2022. A la Chambre des Représentants, le chef du gouvernement Aziz Akhannouch s'est présenté, lundi, devant les députés pour répondre aux questions des groupes parlementaires sur la façon dont l'Exécutif entend construire l'Etat social, auquel appelle ardemment le Nouveau Modèle de Développement (NMD). Il s'agit d'une occasion de se prononcer sur les premières réformes qu'a entreprises le gouvernement récemment, notamment la réforme de l'Education qui fait couler beaucoup d'encre. Sans ambages, le chef de l'Exécutif a assumé le plan de Chakib Benmoussa pour amender les conditions des concours de l'Enseignement et la limite d'âge de 30 ans. «Il s'agit d'une décision qui engage tout le gouvernement et non pas seulement le ministère de tutelle», a-t-il martelé avec fermeté, en réponse aux objections des opposants à la réforme. Ceci dit, l'Exécutif se montre solidaire pour mener à bout une réforme épineuse mais jugée nécessaire pour améliorer le niveau de l'enseignement au Maroc. «La qualité de l'enseignement est la responsabilité de nous tous», a poursuivi Aziz Akhannouch, expliquant que pour atteindre cet idéal, il faut veiller à améliorer la sélection du corps professoral. «Aujourd'hui, nous voulons que ceux qui font le choix d'éduquer les enfants des Marocains le fassent par conviction», a-t-il plaidé, assurant que le gouvernement est déterminé à conduire la réforme globale du système éducatif avec rigueur et volontarisme. TVA : les remboursements dès décembre Interrogé sur la politique économique, le chef du gouvernement a indiqué vouloir faire bouger l'activité des entreprises. Sur le plan fiscal, l'Exécutif est engagé à en finir avec la bureaucratie en accélérant le remboursement de la TVA. De la tribune de l'Hémicycle, Aziz Akhannouch a annoncé une bonne nouvelle : l'Etat va procéder au versement de la TVA due aux entreprises dès le mois de décembre, en allouant une enveloppe de 13 milliards de dirhams à cet effet. Il s'agit d'une solution au problème du non-respect des délais réglementaires qui pénalisent les entreprises, en manque de ressources financières. Selon le chef de l'Exécutif, dans la période de décembre 2021 à avril 2022, le gouvernement va veiller à verser toutes les sommes dues aux entreprises et surtout les PME et TPE afin qu'elles puissent renforcer leurs trésoreries et résister ainsi aux effets de la crise et relancer leur activité. Rappelons ici que la TVA due est une expression comptable qui signifie la différence entre la TVA collectée et la TVA déductible. La Direction générale des Impôts a d'ores et déjà commencé à rembourser les petites et moyennes entreprises, en mobilisant une enveloppe d'un milliard de dirhams d'ici fin 2021. Conscient du rôle de l'investissement et de la dimension économique dans le soutien des piliers de l'Etat social, le gouvernement a adopté une politique économique basée sur cinq axes principaux, à savoir la relance immédiate de l'économie nationale, la mise en place d'un programme national et régional d'appui aux start-up dans les secteurs porteurs, la mise en oeuvre des réformes structurelles pour soutenir l'économie nationale, l'exécution de politiques sectorielles ambitieuses aux niveaux national et régional, en plus de la mise en place d'une politique efficace de soutien à l'activité économique des femmes, a rappelé M. Akhannouch. Afin d'exécuter ces axes, a-t-il poursuivi, le gouvernement adopte des mesures spécifiques qui concernent la mise en place et l'exécution d'une politique d'urgence pour accompagner les exclus du marché du travail et soutenir les entreprises en difficulté. Etat social : la priorité du gouvernement Priorité de son programme, le gouvernement fait de l'Etat social une priorité. Aziz Akhannouch a réaffirmé son engagement à concrétiser ce chantier prôné par le Nouveau Modèle de Développement. Conscient des attentes des citoyens qui exigent l'amélioration des services publics, M. Akhannouch a assuré que l'Etat social sera le fil conducteur de sa politique tout au long de son mandat, sachant que le Royaume alloue annuellement près de 2% de son PIB aux aides sociales, un taux qui représente, a-t-il expliqué, la moyenne internationale en la matière, selon les institutions financières internationales. L'Exécutif a d'ores et déjà commencé l'implémentation de la généralisation de la protection sociale, en sortant les décrets relatifs à l'élargissement des catégories des bénéficiaires de l'AMO, à savoir les professionnels, des travailleurs indépendants et des personnes non-salariées exerçant une activité libérale. Le Conseil de gouvernement, réuni jeudi dernier, a donné son feu vert aux médecins et aux dentistes. En somme, 3,4 millions de citoyens non-salariés, ainsi que leurs ayant-droits, bénéficieront des prestations de l'AMO, a rappelé le chef du gouvernement. Alors que le Maroc peine à se débarrasser des effets de la crise sanitaire, qui va, semble-t-il, durer plus longtemps que prévu avec l'apparition du nouveau variant Omicron, le gouvernement tâche de continuer l'effort de relance en misant sur le vaste chantier des projets d'utilité publique, qui vise à créer 250.000 emplois en deux ans, dont 125.000 prévus dans la Loi des Finances. Aussi, l'Exécutif parie sur l'initiative entrepreneuriale en mettant en place le programme Awrach en renfort au programme Intilaka. Aziz Akhannouch a réitéré l'engagement de créer un million d'emplois nets pendant les 5 prochaines années. Ceci rime avec les engagements de l'Exécutif de tirer de la pauvreté et de la vulnérabilité un million de familles. Pouvoir d'achat : urgence de l'action Dès son entrée en fonction, le nouveau gouvernement a dû faire face à la hausse des prix des produits de première nécessité, dont les cours ont flambé sur le marché international depuis le mois d'avril dernier sur fond de reprise de l'activité économique. L'Exécutif a préféré agir par l'intermédiaire de la compensation pour stabiliser les prix du gaz, du sucre et de la farine, indispensables dans tout foyer marocain. Dans son allocution, le chef du gouvernement a reconnu que son équipe est consciente de l'ampleur des attentes sociales nourries vis-à-vis de l'actuelle expérience gouvernementale, ajoutant que l'Exécutif saisit, à sa juste mesure, la nature des défis et enjeux auxquels est confronté le Royaume et qui placent la réforme du chantier social en tête des priorités. Anass MACHLOUKH Contractuels : des négociations en cours avec les syndicats Profitant de son passage au Parlement, Aziz Akhannouch a évoqué le dossier épineux des enseignants contractuels. Selon lui, le ministère de tutelle mène actuellement des rounds de négociation avec les centrales syndicales les plus représentatives afin de clore, une fois pour toutes, ce dossier qui traîne depuis des années. Le ministère de tutelle nous a expliqué, via le cabinet du ministre, que les enseignants cadres des Académies régionales, dits «contractuels», jouissent des mêmes droits que leurs camarades fonctionnaires. La contractualisation n'est plus en vigueur depuis deux années. Toutefois, l'Exécutif veut préserver le système de recrutement régional.