Houyame Hakmi et Saâd Uakkas font partie de la nouvelle génération marocaine qui entend peser de tout son poids sur le Sommet de Glasgow pour le climat. Ils demandent non seulement d'être entendus mais que leurs décisions soient prises en compte. - Vous avez fait partie des jeunes qui ont représenté le Maroc à la « Conférence des jeunes pour le climat » (COY16), qui a eu lieu du 28 au 31 octobre dernier, en amont de la « Conférence des Parties » (COP26), et qui a réuni des jeunes âgés de moins de 30 ans, venus du monde entier pour s'accorder sur des demandes à transmettre aux dirigeants. Quelles remarques et revendications avez-vous transmis de votre côté ? - Les jeunes du monde entier ont soumis des déclarations individuelles ou communes dans le cadre des universités. Mes demandes ont été incluses dans la déclaration des jeunes élaborée par l'Université Mohammed VI Polytechnique en faveur d'un environnement durable, et qui a été signée par plus de 2500 jeunes marocains. La déclaration touchait à six questions émergentes, en l'occurrence le changement climatique, l'énergie propre, les villes et communautés durables, l'écomobilité, l'inclusion sociale et l'égalité des sexes. Au cours de la COY16, nous avons élaboré une déclaration globale des jeunes. Personnellement, je demande à ce que cette déclaration soit lue et prise en considération par les dirigeants de la COP26, puisqu'elle contient des informations et des données précieuses. Nous avons besoin non seulement d'être entendus mais aussi d'être inclus dans le processus de prise de décision. Nous parlons d'une seule voix et nous appelons la communauté internationale, nationale et locale à être plus inclusive. - Selon vos observations, pensez- vous qu'il y aura une réelle coordination internationale pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre ? - Jusqu'à présent, de bons signes d'une coordination internationale entre les pays sont émis. En effet, depuis les premiers jours, il y a déjà eu un accord sur la question du méthane et de grands espoirs sur un marché mondial de carbone pour aider à réduire ces émissions. Il convient de souligner que la COP26 est une occasion pour la prise de mesures et la réalisation d'actions de façon à réduire les émissions de gaz. C'est à cela que nous assistons à présent. - Concrètement, que va-t-il être décidé lors de cette COP26 ? - Je pense que la COP26 vise principalement à mettre en place un certain nombre de nouvelles initiatives et à accélérer les actions ayant pour perspective de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de renforcer l'adaptation et la résilience aux impacts climatiques et d'augmenter le financement et le soutien. En outre, cette COP vise à agrandir l'ambition des pays pour éliminer totalement le charbon. - Qu'attendez-vous de votre côté de cette nouvelle conférence internationale ? - Au-delà de l'aspect théorique de la conférence, je m'attends à ce que les pays participants s'engagent à respecter les actions entreprises et les objectifs fixés. La COP26 est très importante et constitue un test pour la coopération dans la lutte contre la crise climatique. Je m'attends également à ce que ces pays produisent des plans nationaux plus ambitieux pour réduire leurs émissions. - A quoi peut bien servir cette COP ? Pensez-vous qu'elle sera plus bénéfique et efficace que les autres Conférences ? - Cette COP est une conférence d'action. Les pays seront poussés à prendre des mesures plus importantes. Je ne dirais pas que ce sera un échec. Il est un peu tôt pour l'annoncer ou prédire que nous sommes sur la voie d'une COP pleinement réussie. Toutefois, les premiers signes semblent raisonnablement bons. A titre d'exemple, l'Inde (troisième émetteur de gaz à effet de serre derrière la Chine et les Etats-Unis, ndlr) s'est fixé comme objectif d'atteindre la neutralité carbone d'ici à 2070. - Le G20 arrive à la COP26 avec un accord qui ne convainc pas certains responsables. Qu'en pensez-vous ? - Il est vrai que le G20 a fait preuve d'un faible engagement et d'un faible accord lors de la COP26. Mais les négociations n'en sont qu'à leurs débuts. Il y a des hauts et des bas, mais je crois que, vers la fin, une plus grande pression sera exercée sur les pays et je crois que de solides accords seront conclus. Recueillis par Safaa KSAANI Portrait Au coeur de l'orchestre de la diplomatie du climat
Lors de la 16ème Conférence des jeunes des Nations Unies sur le changement climatique (COY16), le Maroc a été représenté par Houyame Hakmi et Saâd Uakkas. Les deux jeunes ont également été nommés pour participer à la 26ème Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP26) qui se tient du 1er au 12 novembre en Ecosse, à Glasgow. Les délégués marocains y ont partagé leurs expériences nationales et présenté la Déclaration des jeunes, signée par plus de 2.500 jeunes marocains, élaborée par l'UM6P en faveur d'un environnement durable. Houyame Hakmi est l'une des trois étudiantes de la Faculté de gouvernance, d'économie et de sciences sociales de l'Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) qui présenteront, lors de la COP26, une charte des universités vertes. «Je suis très heureuse d'avoir eu l'occasion de faire entendre la voix de la jeunesse marocaine et africaine auprès des représentants de la présidence britannique et des Nations Unies», se félicite Houyame Hakmi. Saâd Uakkas représente, quant à lui, l'Association du Gharb pour la protection de l'environnement. Il est présent à la COP26 en vue de partager les engagements et les projets environnementaux locaux et nationaux réalisés par les ONG et les jeunes marocains. Il plaide également en faveur de l'inclusion des jeunes dans les décisions relatives au climat. Une Déclaration mondiale a été rédigée et adoptée par plus de 500 jeunes militants en provenance de 120 pays. Elle est présentée aux dirigeants mondiaux lors de la COP26 afin de partager les préoccupations des jeunes sur le climat. Par ailleurs, il convient de rappeler que Saâd Uakkas, étudiant en 8ème année de médecine, a gagné, cette année, le prestigieux "Diana Award" pour son militantisme pour le droit à la santé et pour l'accès à des soins de qualité. Ainsi, il est le premier Marocain à recevoir ce Prix, créé à la mémoire de Diana, la princesse de Galles, et considéré comme la plus haute distinction qu'un jeune puisse recevoir pour ses actions sociales ou ses efforts humanitaires. S. K.