La présence de la femme dans le gouvernement connait une évolution soutenue, vu que le taux de féminisation dans l'Exécutif est passé de 12,8% en 2011 à 29,1% en 2021. Le Haut-commissariat au Plan (HCP) publie un important rapport sur la situation de la femme marocaine, intitulé : « La Femme marocaine en chiffres : 20 ans de progrès ». Cette étude présente un recueil de données statistiques portant sur plusieurs domaines, sous forme de données, graphiques et infographie : santé et bien-être, éducationformation, accès au marché de travail, violence, niveau de vie... Il en ressort que le taux d'alphabétisation des femmes, qui représentaient 50,3% de la population totale en 2020, est passé à 53,9% en 2019 contre 39,6% en 2004. Chez les hommes, ce taux a atteint 74,6% en 2019 contre 65,6% en 2004. Sur le plan de l'accès à l'éducation, le même rapport fait état de la scolarisation de 90,5% des filles âgées entre 15-17 en 2020 en milieu urbain et de 39,2% en milieu rural. A l'inverse, les garçons sont scolarisés à hauteur de 85,7% pour la même tranche d'âge en milieu urbain et de 50,5% en milieu rural, contre respectivement 70,3% et 14,7% en 2000. Dans les différentes filières de l'enseignement supérieur, le HCP rapporte que le taux de féminisation atteint 52,7% en 2019 contre 42,9% en 2000. Un pourcentage porté notamment par la médecine dentaire qui connaît un taux de féminisation de 73,2%. Toujours selon le Haut-commissariat au Plan, 59% des filles âgées de 15 ans et plus n'avaient aucun diplôme en 2020, 28,3% ont un niveau de diplôme moyen, et 12,7% possèdent un diplôme supérieur. Esperance de vie Par ailleurs, l'espérance de vie à la naissance chez les femmes est passée, au niveau national, de 75,6 ans en 2010 à 78,3 ans en 2020. En milieu urbain et rural, il est de 76,9 ans et 71,4 ans respectivement. Autre constat frappant: les femmes âgées de 25 à 29 ans ont un taux de fécondité important de l'ordre de 108,5% en 2020 au lieu de 112% en 2014. De son côté, le taux de fécondité des adolescents (15-19 ans) est de 19,4% (11,5% en milieu urbain et 22,5% en milieu rural). Le plus faible taux (9,5%) enregistré en 2019 était observé chez les femmes âgées de 45 à 49 ans. Citant les chiffres de l'année 2018, le rapport du HCP montre, d'autre part, que 11,3% des femmes âgées de 15 à 49 ans ont des besoins non satisfaits en matière de planification familiale. Ces femmes « n'utilisent aucune méthode de contraception et déclarent ne plus vouloir d'enfants ou vouloir retarder le prochain enfant /prochaine grossesse». Toujours selon le HCP, 86,6% des femmes ont accouché en milieu surveillé en 2018 (96,6% en milieu urbain et 74,2% en milieu rural), 86,1% ont reçu des soins prénataux qualifiés (96% en milieu urbain et 73,7% en milieu rural), 88,5% ont été assistées à l'accouchement par un personnel qualifié (95,6% en milieu urbain et 79,6 en milieu rural). Autres données non moins significatives : le taux de mortalité maternelle est passé de 112 décès pour 100 mille naissances vivantes en 2010 à 72,6 décès en 2018 (111,1 en milieu rural et 44,6 en milieu urbain). Marché du travail Le HCP indique, d'autre part, que la participation des femmes au marché de travail en 2020 demeure faible avec un taux d'activité de 19,9% contre 70,4% pour les hommes. La même source ajoute que 47,3% des femmes occupées travaillent en tant que salariées (51,7% pour les hommes), 17,7% des auto-employées (39,8% pour les hommes), et 35% occupent des emplois non rémunérés (8,6% pour les hommes). Le secteur de l' « agriculture, forêt et pèche » reste le premier employeur des femmes (44,8%), suivi de celui des « services » (40,4%) puis de l' « industrie y compris l'artisanat » (14,2%). Selon la profession, seulement 1,1% des femmes actives occupées travaillent en tant que conductrices d'installations et de machines et ouvriers de l'assemblage (contre 5,9% pour les hommes). A l'inverse, les ouvrières agricoles et de la pêche (y compris ouvriers qualifiés) représentent 36% des femmes actives occupées (contre 12,6% pour les hommes). Toujours est-il que 8,6% travaillent en tant que responsables hiérarchiques, cadres supérieurs, membres des professions libérales (contre 3,8% pour les hommes).
Parallèlement, le taux de pauvreté monétaire des femmes cheffes de ménages est passé de 3,9% en 2014 à 1% en 2019. De même, la vulnérabilité économique des femmes cheffes de ménages a enregistré une baisse sur la période 2014-2019. Chiffres à l'appui, le taux de vulnérabilité des femmes cheffes de ménages est passé de 10,6% en 2014 à 6,7% en 2019. Ce taux est passé de 8,2% à 4,8% en milieu urbain, et de 17,4% à 12,4% en milieu rural. La proportion des entreprisses dirigées par des femmes a atteint 12,8% en 2019. C'est le secteur des services où la femme dirigeante est plus présente (17,3%), suivi du commerce (13,8%), de l'industrie (12,6%) et de la construction (2,6%). Selon la taille de l'entreprise, elles sont plus présentes dans les très petites entreprises (13,4%) et les PME (10,2%). Par ailleurs, 18% des entreprises individuelles (82% pour les hommes) et 11% des SARL (Sociétés à Responsabilité Limité) (89% pour les hommes) sont gérées par des femmes. Le taux de chômage des femmes est passé de 9,6% en 2010 (8,9% pour les hommes) à 16,2% en 2020 (10,7% pour les hommes), relève-t-on de même source. Vie publique et prise de décision Dans ce rapport, le HCP fait le point aussi sur le taux des ministres, féminin et masculin, dans le gouvernement y compris le Chef du gouvernement. L'on souligne à ce titre que le taux de féminisation dans l'Exécutif est passé de 12,8% en 2011 à 29,1% en 2021 (contre 70,8% pour les hommes). Au niveau du parlement, en 2021, 24,3% des sièges sont occupés par les femmes contre 75,7% pour les hommes. En 2011, faut-il le rappeler, seulement 12,8% des sièges étaient occupées par des femmes. Au niveau administratif, la même source fait savoir que 10,6% des femmes sont des Secrétaires générales, 14,3% des inspecteurs générales, 12,9% des directrices générales, 15% des cheffes de division, et 24% des cheffes de service. Enfin, au niveau diplomatique, le HCP, tout en se basant sur les chiffres de 2018, indique que 25,1% des femmes travaillent dans les ambassades, et 35,5% dans les consulats. A. CHANNAJE