Les élections pour la deuxième Chambre ont permis à la coalition de s'offrir une majorité confortable, ce qui favorise une position de force et une marge de manoeuvre optimale au niveau des deux Chambres. Le scrutin indirect de la Chambre des Conseillers n'aura finalement pas créé de surprise. À l'instar des élections législatives et locales, le trio de la majorité a trusté le podium, en tête des élections de la Chambre des Conseillers, selon les résultats provisoires. Le RNI est à nouveau arrivé en tête avec 27 sièges, suivi du PAM avec 19 Conseillers et le Parti de l'Istiqlal a décroché 18 sièges. Un score qui a été renforcé par les six sièges décrochés par l'UGTM. Annoncés par le ministère de l'Intérieur dans la soirée du mardi 05 octobre, les résultats provisoires des élections de la Chambres des Conseillers ont respecté la logique du scrutin général du 08 septembre. La majorité s'assure ainsi 64 sièges sur 120, ce qui devrait lui offrir une assise confortable au niveau des deux Chambres du Parlement. Des résultats préliminaires qui rejoignent ainsi les scores enregistrés par le trio RNI-PAMIstiqlal au niveau des élections des Chambres professionnelles et des collectivités locales. Un paysage politique homogène Cette performance confirme l'homogénéisation du paysage politique marocain, ce qui représente une première dans l'Histoire moderne du Royaume. Cette donne offre ainsi une marge de manoeuvre optimale et inédite aux trois partis de la majorité au moment de mettre en oeuvre le programme gouvernemental. En clair, il y a peu de chance d'assister lors de cette nouvelle législature aux blocages, frondes parlementaires et les ballets de projets de loi entre les deux Chambres qui ont marqué le dernier exercice législatif. Ces résultats devraient également permettre à la « troïka » de s'assurer de la mise en oeuvre effective de l'action gouvernementale, depuis le Parlement jusqu'aux collectivités locales. Une assise qui devrait agir comme catalyseur à la nouvelle équipe gouvernementale qui devra mener des chantiers stratégiques à l'image de la généralisation de la couverture sociale ou encore la mise en oeuvre du Nouveau Modèle de Développement. Tant de projets structurants qui nécessitent une mobilisation et une réactivité à tous les niveaux pour réussir leur démarrage effectif, dans un environnement local secoué par les contrecoups économiques de la pandémie et un paysage international marqué par l'instabilité et la concurrence entre les puissances mondiales. L'Istiqlal renforce ses positions Sur un autre registre, l'Istiqlal confirme son retour au centre de l'échiquier politique, malgré une légère baisse du nombre de sièges décrochés qui sont passés de 24 à 18 Conseillers. Il n'empêche que le parti de la Balance pourra compter sur le renfort des 6 sièges décrochés par l'Union Générale des Travailleurs du Maroc (UGTM), ce qui porte théoriquement son assise à 24 sièges. La centrale syndicale affiliée à l'Istiqlal a également maintenu sa position de force, en décrochant la seconde place au niveau du scrutin dédié aux organisations syndicales. Parmi les élus du Parti de l'Is-tiqlal, plusieurs grandes figures de la formation de Nizar Baraka ont été élues ou réélues à la Chambre des Conseillers. On en cite le vétéran de l'Hémicycle Abdesslam Lebbar, qui était président du groupe istiqlalien, Fouad Kadiri, Sidi Mohammed Ould Errachid, Ahmed Lakhrif et l'ancien ministre du Tourisme Lahcen Haddad. De nouvelles figures ont pu également marquer leur entrée à la deuxième Chambre, il s'agit du jeune Othmane Termounia, Secrétaire général de l'Organisation de la Jeunesse Istiqlalienne.
Il est important que les deux Chambres du Parlement soient présidées par la majorité Le PJD toujours en perte de vitesse Concernant le reste du classement, ce qui ressort est le score du Mouvement Populaire qui a réussi à se placer à mi-tableau, tandis que le PJD s'en est sorti avec 3 sièges qui représentent une moyenne d'un peu plus de 2% sur les 120 sièges de la deuxième Chambre. Le PJD pourra également compter sur les deux sièges de l'UNTM. Les trois sièges glanés par le PJD, en plus des deux obtenus par son bras syndical, l'UNTM, ressemblent à s'y méprendre à un lot de consolation gracieusement consenti par le trio gagnant de la majorité, « d'une part, pour tempérer sa domination désormais sans partage sur le parlement, et, d'autre part, pour atténuer l'effet de la débâcle électorale retentissante du parti dirigeant de la majorité sortante », relèvent plusieurs observateurs de la scène politique nationale. D'où la réaction indignée appelant au rejet de ce qu'ils considèrent comme une marque de compassion déplacée, voire un « cadeau empoisonné », exprimée par certains représentants de l'aile dure du parti islamiste défait lors des dernières élections. Dans le détail, le MP a décroché douze sièges, l'USFP en a sécurisé huit, alors que l'Union Constitutionnelle n'a enregistré que deux strapontins. Par ailleurs, ce scrutin a connu un fort taux de participation, fait savoir le ministère de l'Intérieur qui précise que 94,84% des grands électeurs des collectivités territoriales, des centrales syndicales et des Chambres professionnelles ont participé à ces élections. Par contre, le taux de participation chez les représentants des salariés n'a pas dépassé 40,49%, selon la même source. Anas MACHLOUKH
L'info...Graphie Syndicats Après son succès fulgurant aux élections professionnelles, l'Union Générale des Travailleurs du Maroc (UGTM) a pu s'imposer, avec 6 sièges, sur la scène syndicale lors des élections pour la Chambre des Conseillers. Le syndicat dirigé par Enaâm Mayara est l'un des mieux représentés à la deuxième Chambre, en se positionnant au deuxième rang derrière l'UMT (8 sièges), à l'échelle des centrales syndicales les plus représentatives. Selon les résultats annoncés par le ministère de l'Intérieur, la CDT, l'UNTM et la FDT ont obtenu respectivement 3, 2 et 1 siège. À cet égard, il convient de souligner que le PJD a pu survivre grâce aux deux sièges de l'UNTM. En effet, les résultats du scrutin de la Chambre des Conseillers ressemblent à peu près à ceux des élections professionnelles, l'UGTM était arrivée en deuxième position derrière l'UMT avec 7362 délégués, soit 15,48% des voix. Compte tenu de cette position, le syndicat affilié au parti de la Balance s'est imposé ainsi comme un acteur incontournable sur la scène syndicale au Royaume. Par ailleurs, la reprise du dialogue social demeure l'un des grands défis du prochain gouvernement. Les trois partis de la majorité ont fait part de leur volonté de l'institutionnaliser, contrairement à ce que fut le cas durant la législature précédente. Ceci devrait apaiser les rapports entre l'Exécutif et la classe laborieuse.
3 questions à Lahcen Haddad « On s'attend à une bonne harmonie entre l'Exécutif et les Conseils régionaux vu la domination des trois partis de la majorité »
Lahcen Haddad, ancien ministre du Tourisme, ex-député istiqlalien, a été nouvellement élu à la Chambre des Conseillers. Il a répondu à nos questions sur les enjeux des élections de la deuxième Chambre. - Les trois partis de la majorité se sont positionnés à la tête des élections de la Chambre des Conseillers : s'agit-il d'une suprématie, comme disent certains observateurs politiques ? - D'abord, je tiens à souligner que le scrutin du mardi, comme le législatif, a accouché d'une nouvelle carte politique au Maroc, donnant une forte majorité très confortable aux trois partis, à savoir le RNI, le PAM et l'Istiqlal. Pour notre part, nous avons clôturé avec succès le cycle électoral, vu les résultats satisfaisants que nous avons obtenus. - Le Parti de l'Istiqlal a remporté 18 sièges à la deuxième Chambre, quelle est votre appréciation ? - Le Parti de l'Istiqlal a réalisé un score honorable puisqu'en plus des 18 sièges obtenus, sa représentation au sein de l'hémicycle est soutenue par l'UGTM qui s'est accaparé six sièges, ce qui est une bonne nouvelle. Par conséquent, l'Istiqlal devient ainsi le deuxième groupe parlementaire derrière le RNI. - Maintenant que la coalition gouvernementale contrôle aussi bien le Parlement que les Conseils régionaux, est-ce une bonne nouvelle pour le futur de la régionalisation avancée, compte tenu de l'harmonie qui caractérise la relation entre l'Exécutif et les régions ? - Oui, effectivement, ce fut l'essence même de l'idée de l'alliance des trois partis dans les Conseils communaux et régionaux. Comme ils président désormais l'ensemble des Régions et les grandes villes, il est certain que le prochain gouvernement agirait de concert avec les assemblées régionales compte tenu de la convergence des vues. Quoique ça puisse paraître anodin, ceci est très important pour garantir une synergie régulière et éviter le blocage des grands projets de développement. Recueillis par A. M.
Trois questions à Abdesslam Lebbar Il n'y a pas eu de surprises par rapport aux résultats du 8 septembre Abdesslam Lebbar, président du groupe istiqlalien à la Chambre des Conseillers élu pour un nouveau mandat, a répondu à nos questions sur les résultats des élections du 5 octobre. - Vous avez été élu pour un nouveau mandat à la Chambre des Conseillers, une Chambre que vous connaissez parfaitement, quelle est votre lecture du scrutin du 5 octobre ? - Personnellement, je suis fier et reconnaissant des résultats annoncés, la nuit du mardi, d'autant que le scrutin a été démocratique et s'est déroulé dans de bonnes conditions. Je ne peux que me réjouir de la capacité de notre pays à relever le défi de tenir les élections professionnelles, législatives et locales ainsi que celles de la Chambre des Conseillers dans une conjoncture exceptionnelle et en respect total du nouveau code électoral. - Le Parti de l'Istiqlal a récolté 18 sièges, derrière le RNI et le PAM, quels enseignements peut-on tirer de ces résultats ? - À lire attentivement les résultats de élections, il me paraît clair qu'ils ont confirmé la suprématie des trois partis qui ont dominé les scrutins législatif et local grâce à une forte adhésion populaire. Donc, je puis vous affirmer qu'il n'y a pas eu de surprises par rapport aux résultats du 8 septembre. S'il y a des enseignements à tirer de toutes les échéances électorales auxquelles nous avons assisté, il est certain que ce moment démocratique va nous pousser tous à renforcer notre front intérieur face aux périls qui nous guettent de toutes parts. - Peut-on s'attendre à ce que la présidence de la Chambre des Conseillers appartienne à la majorité, contrairement aux années précédentes ? - En réalité, comme les trois partis de la majorité ont fait preuve d'une alliance forte durant les élections locales, il serait normal et envisageable que le prochain président de la Chambre émane de la coalition. Pourquoi pas ? D'autant qu'il n'y a pas une loi qui régit expressément l'élection du président. Le fait que la présidence soit attribuée à l'opposition ne fut qu'une coutume parlementaire. Recueillis par A. M.