Alors que la rentrée scolaire a débuté ce 4 octobre, les étudiants ingénieurs continuent d'appeler les autorités compétentes à répondre en faveur de leurs revendications, à savoir l'ouverture des internats et l'adoption du système d'enseignement en présentiel. Les cités universitaires ouvriront leurs portes à compter du 11 octobre, a annoncé le ministère de l'Education nationale, de la Formation professionnelle, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (Département de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique). Cette décision, qui sera activée progressivement, concerne dans un premier temps les anciens étudiants et étudiantes, et intéressera les nouveaux étudiants dans un second temps, a indiqué le ministère dans un communiqué, ajoutant qu'elle va de pair avec l'adoption de l'enseignement en présentiel dans tous les établissements d'enseignement et de formation et pour les différents filiales et parcours, et ce, afin de permettre aux étudiants de poursuivre leurs études universitaires dans de bonnes conditions. Les étudiants plongent dans l'incertain Dans le cadre des avis du ministère de l'Education, les étudiants ingénieurs estimés à plus de 43 156 durant la saison 2020/21 dans les écoles publiques seulement, estiment qu'ils souffrent jusqu'à présent d'une sorte de marginalisation de la part des autorités puisqu'ils n'ont pas encore donné de réponse définitive à leurs questions concernant le mode d'étude et l'ouverture des internats, peut-on lire dans un communiqué de l'Association des Etudiants de l'Ecole Nationale de l'Industrie Minérale. La même source a précisé que ces étudiants s'inquiètent pour leur formation et leur position dans le marché du travail de demain du fait que la situation actuelle les a privés de combiner entre le théorique et le technique. « La formation normalement répartie en théorique et technique manque de travaux pratiques ainsi que de sorties pédagogiques », a-t-elle expliqué. Outre cela, l'association a noté qu'il s'est avéré que le mode distanciel, qui s'est manifesté comme seul recours afin d'assurer la continuité de la formation des élèves ingénieurs au niveau national, n'a été appliqué qu'aux établissements publics et en particulier, ceux de la capitale. « Les écoles privées ont bénéficié d'une formation présentielle totale accompagnée d'une vie estudiantine parfaitement normale. Sans oublier les événements, les activités parascolaires actives et les soirées qu'organisaient les étudiants au sein de celles-ci dans une période qui était extrêmement critique », a-t-elle regretté. Tout en considérant que la modalité distancielle n'est autre qu'une marginalisation claire et nette à l'égard du futur socle de la société, ladite association a indiqué que les élèves ingénieurs de l'Ecole Nationale Supérieure des Mines de Rabat ne sont pas prêts à revivre ce désarroi qui a perturbé le cours normal de leurs vies tout en les amenant à se soucier davantage de leur avenir qui s'avère de plus en plus ambigu. L'association des Etudiants de l'Ecole Nationale de l'Industrie Minérale a, in fine, fait savoir que si ce scénario de la fermeture ne prend pas fin dans les 48h annoncées dans le dernier conseil ministériel, les étudiants seront absolument prêts à défendre fortement leur cause. Le fiasco annoncé de l'enseignement à distance Contacté par nos soins, la direction de plusieurs écoles supérieures d'ingénierie ont refusé de répondre à nos questions à propos de l'organisation de cette rentrée scolaire. Les étudiants pour leur part, n'ont pas hésité à partager leur peur de la répétition de l'expérience d'enseignement à distance « qui a mal influencé leurs parcours », nous annonce Salma. K étudiante à l'ENIM. En effet, le taux de satisfaction et du degré d'adaptation des étudiants et des enseignants à ce nouveau dispositif d'enseignement, tout à fait inédit dans notre pays, est loin d'être positif. Un groupe de professeurs universitaires marocains s'est en effet intéressé à cette question en menant une enquête nationale axée sur la « continuité pédagogique et enseignement à distance en période de confinement : Perception et satisfaction des acteurs universitaires ». Réalisée sur un échantillon représentatif de 200 enseignants et 1.340 étudiants, répartis dans plusieurs régions, cette enquête a été menée, entre autres, par Amine Dafir et Taoufik Benkaarache, enseignants à la Faculté de droit de Mohammedia. Les conclusions de cette enquête sont probantes : La formation à distance n'a pas réussi à remplacer les études en présentiel. En effet, 61,5% des enseignants estiment que l'enseignement à distance n'a pas réussi à remplacer le présentiel tandis que 57% des étudiants ne souhaitent pas renouveler l'expérience à l'avenir. Deux enseignants sondés sur trois se sont déclarés globalement satisfaits de leur expérience en cette période de confinement alors que seulement deux étudiants sur 10 se disent satisfaits. Hiba CHAKER La sécurité sanitaire des étudiants érigée en priorité absolue Pour le ministère de l'Education nationale, la fermeture des cités universitaires représentait une étape cruciale dans la stratégie de lutte contre Covid-19. Selon le bilan du ministère 2017-2020 publié récemment, les circonstances exceptionnelles de la pandémie ont imposé la fermeture temporaire des cités universitaires. Suite à l'arrêt des cours en présentiel et l'adoption de l'apprentissage à distance, l'ensemble des campus universitaires marocains ont été évacués, dans le souci de garantir la sécurité sanitaire de tous. Sur un total de 50.174 résidents, 49.122 étudiants ont pu quitter les cités et rejoindre leurs familles, alors que seulement 1.052 y sont restés, dont des ressortissants étrangers et des étudiants en médecine, sollicités par les hôpitaux pour venir en aide aux corps médical pendant cette crise sanitaire.