La région arabe a les taux de chômage les plus élevés au monde, en particulier chez les femmes et les jeunes avec 14,3 millions de personnes déjà au chômage avant la pandémie de Covid-19, a révélé un rapport publié par la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO) et le Bureau régional de l'Organisation internationale du travail (OIT) pour les Etats arabes. Intitulé « Vers une voie productive et inclusive : la création d'emplois dans la région arabe », le rapport met en évidence les niveaux élevés d'emploi informel dans la région, représentant environ les deux tiers de l'emploi total et résultant des changements démographiques, de l'instabilité politique et des faibles niveaux de stabilité budgétaire et monétaire.
La secrétaire exécutive de la CESAO, Rola Dashti, a souligné le manque d'égalité des sexes sur les marchés du travail arabes, illustré notamment par une faible participation des femmes en tant que propriétaires d'entreprises et dans les postes de direction.
« Nous devons remettre en question les perceptions discriminatoires à l'égard des femmes sur les marchés du travail afin que qu'elles puissent évoluer dans leur carrière et tirer parti de leur niveau d'éducation accru », a-t-elle affirmé.
Les chiffres du chômage des jeunes dans la région sont les plus élevés au monde. Au cours de la dernière décennie, le taux de chômage moyen des jeunes est passé d'environ 22 % en 2010 à 26 % en 2019, le chômage des jeunes femmes approchant même les 40 %. En outre, la région souffre de taux incroyablement élevés de chômage de longue durée chez les jeunes, enregistrant par exemple 36 % en Tunisie, 60 % au Maroc et 80 % Egypte, fait savoir le rapport.
Pour sa part, la directrice régionale de l'OIT pour les Etats arabes, Ruba Jaradat, a souligné comment la pandémie de Covid-19 a mis en évidence la nécessité de combler les déficits préexistants du marché du travail dans la région, en particulier ceux qui affectent les travailleurs les plus vulnérables.
« L'impact de la crise a été particulièrement dévastateur pour les jeunes, les personnes handicapées, les femmes, les travailleurs informels, les migrants et les réfugiés. Il est fondamentalement important que nous développions une feuille de route orientée vers l'action pour faire avancer une reprise centrée sur l'humain et construire un avenir meilleur qui offre la sécurité économique, l'égalité des chances et la justice sociale », a-t-elle souligné.
Le rapport identifie également plusieurs secteurs particulièrement touchés par la pandémie dans la région, tels que la fabrication, l'hébergement, l'immobilier et les activités commerciales et administratives, dans lesquels 39,8 millions de personnes sont menacées de licenciement ou de réduction de salaire et/ou heures de travail.
La même source a mis l'accent sur le secteur hôtelier et le secteur des transports qui ont connu une détérioration supplémentaire et une stagnation dans de nombreux pays du monde arabe en raison des mesures de confinement liées au Covid-19. L'activité hôtelière-restauration a récemment régressé dans tous les pays de la région, « à l'exception du Maroc ».
De plus, l'étude a relevé que les systèmes de formation et les programmes d'enseignement ne sont pas adaptés aux besoins du marché du travail, ce qui entraîne une inadéquation importante des compétences. En fait, 40 % des propriétaires d'entreprise affirment que la main-d'œuvre insuffisamment éduquée est un obstacle dans la région, ajoute le rappot, notant que la Jordanie et le Maroc ont réussi à réduire considérablement leurs taux d'analphabétisme.
Selon la même source, le Maroc a connu la plus forte augmentation du nombre d'entreprises performantes au-dessus des pays pairs de la tranche de revenu du pays. « Les performances exceptionnelles du Maroc » sont dues aux récents efforts de transformation structurelle pour faire progresser le secteur manufacturier, soutenus par d'importants Investissements directs à l'étranger (IDE) européens ciblés sur le secteur manufacturier.
Pendant ce temps, les troubles politiques et les conflits restent un obstacle majeur dans la région, nuisant aux performances des entreprises, affectant la confiance des investisseurs et des consommateurs et limitant par conséquent l'investissement et la consommation.