Les effets de la pandémie continuent de secouer le tissu économique marocain, malgré certains signes de reprise dans certains secteurs. Un regain qui reste fragile et dépendant de la situation épidémiologique. Contrairement à la situation épidémiologique qui enregistre une forte détérioration, la situation économique connaît une situation mitigée où certains secteurs connaissent une reprise, alors que d'autres continuent de subir les contrecoups de la pandémie. Selon les experts de Bank Al-Maghrib (BAM), les données des comptes nationaux relatives au premier trimestre 2021 indiquent un accroissement en glissement annuel du PIB de 1% contre une baisse de 5,1% au quatrième trimestre. L'agriculture toujours dans le vert Le secteur agricole continue sur sa lancée entamée en 2020 avec une augmentation de sa valeur ajoutée de 20,5%. Une performance qui s'explique par la récolte de quelque 103,2 millions de quintaux (MQx) des trois principales céréales de la campagne agricole 2020/2021. Ce qui représente une amélioration de 221% par rapport à la récolte de la campagne précédente et de 63% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. « Les activités non agricoles ont de leur côté poursuivi leur amélioration graduelle entamée au troisième trimestre 2020, avec une atténuation d'un trimestre à l'autre de la baisse de la valeur ajoutée, de -4,3% à -1,4% », précise- t-on du côté de BAM. Les industries de transformation ont également vu leur valeur ajoutée croître de 1,6% au premier trimestre de l'exercice en cours. Une amélioration qui devrait se poursuivre au deuxième trimestre, selon les projections de BAM. « Les résultats de l'enquête mensuelle de conjoncture de Bank Al-Maghrib montrent une nouvelle amélioration du TUC de 18 points par rapport à la même période de 2020 à 73,3% », signale-t-on du côté de la banque centrale. Le BTP fait également partie des secteurs ayant enregistré des signes de reprise : après une régression de 1,9% au dernier trimestre de 2020, l'activité a vu sa valeur ajoutée augmentée de 0,2% au premier trimestre. Les secteurs touristiques peinent à reprendre Il n'empêche que les projections du secteur restent mitigées avec une augmentation de 54,7% des ventes de ciment enregistrées au second trimestre, alors que les indicateurs dont disposent BAM indiquent une nouvelle baisse de 16,3% des ventes de ciment en juillet dernier. La branche « hôtels et restaurants » reste pour sa part lourdement affectée par la pandémie, en témoigne la contraction de 50,3% de sa valeur ajoutée au premier trimestre 2021. Des résultats négatifs qui devraient être atténués par la réouverture progressive des frontières depuis le 15 juin dernier et la mobilisation autour de l'opération Marhaba 2021. Ce qui augure d'un « redressement graduel de l'activité au deuxième trimestre ». D'ailleurs, les arrivées touristiques se sont améliorées entre avril et mai dernier avec 71.225 touristes contre 1.710 lors de la même période en 2020. Les nuitées dans les établissements classés se sont établies pour leur part à 690.400 contre 139.600 lors de l'exercice précédent, là où les recettes voyages restent dans le rouge avec une baisse de 9,1% au deuxième trimestre contre 77,4% lors de la même période en 2020. Une morosité qui s'étend également au secteur du transport, dont la valeur ajoutée a enregistré une baisse de près de 11% au premier trimestre 2021, « quoiqu'en atténuation par rapport au recul de 22,8% enregistré un trimestre auparavant », nuancent les experts de BAM. Une perte de vitesse qui s'explique par le repli de 70,2% du trafic aérien de voyageurs et de 2,3% du trafic de marchandises maritimes hors Tanger-Med. Une contreperformance qui se serait inversée au deuxième trimestre selon la banque centrale, suite à la reprise d'activité dans plusieurs secteurs, la levée progressive des restrictions sur la mobilité inter-villes et la reprise du transport aérien en mi-juin. Un ensemble d'indicateurs qui s'est traduit sur le marché de travail par la création de 405.000 postes de travail entre les deuxièmes trimestres de 2020 et de 2021, exclusivement en milieu rural contre une perte de 589.000 postes lors de l'exercice précédent. Emplois et recettes fiscales fortement impactés « Cette évolution recouvre des hausses de 318.000 emplois dans l'agriculture, de 108.000 dans le BTP et de 40.000 dans les services, ainsi qu'une baisse de 53.000 dans l'industrie, y compris l'artisanat. Tenant compte d'une entrée nette de 533.000 demandeurs d'emploi, le taux d'activité a augmenté de 1,3 point à 46,1% et le taux de chômage s'est aggravé de 0,5 point à 12,8% globalement et de 2,6 points à 18,2% dans les villes », précise-ton du côté de la banque centrale. Niveau finances publiques, l'exécution budgétaire au titre des 7 derniers mois de l'année fait ressortir un déficit budgétaire de 42,6 milliards de DH en creusement de 0,4 milliard par rapport à la même période en 2020. Les recettes fiscales se sont pour leur part contractées de 2,8%, s'établissant à 53,4 milliards de DH. Une baisse qui s'explique principalement par « la non affectation en 2021 au budget général des recettes au titre de la contribution sociale de solidarité sur les bénéfices et les revenus, ainsi qu'à la baisse de 10,5% à 24,3 milliards des recettes de l'IS ». Les recettes non fiscales ont de leur côté accusé une baisse de 5,3%, s'établissant à 11,1 milliards de DH, portés essentiellement par les rentrées de monopoles et participations provenant essentiellement de l'ANCFCC, de l'OCP et de Bank Al-Maghrib.