Jour fêté et férié dans de nombreux pays musulmans, la célébration du 1er Moharram (Jour de l'an de l'Hégire) puise son importance de la place que lèguent les Musulmans à la Hijra (migration) du Prophète Sidna Mohammed (PSSL) de la Mecque vers Médine, (Yathrib). Ce voyage est l'un des événements majeurs de l'Histoire musulmane. La Hijra a été imposée aux musulmans d'époque du fait des multiples persécutions dont ils ont été victimes de la part des dignitaires de Quoreich qui rejetaient l'Islam et les premiers musulmans. Ces derniers étaient très durement persécutés par la puissante tribu de Quraysh. La douzième année de la prophétie, douze hommes de la ville de Yathrib se rendirent à la Mecque pendant la saison du pèlerinage et rencontrèrent Muhammad à Al-`Aqabah. Ayant entendu son message, ils embrassèrent l'islam. Le Prophète envoya Mus`ab Ibn `Umayr avec eux à Yathrib pour leur enseigner la religion. Il réussit à en convertir beaucoup. L'année suivante, en juin 622 E.C., soixante-treize hommes et deux femmes de Yathrib se rendirent auprès du Prophète pendant le pèlerinage et lui prêtèrent allégeance, ce fut le Deuxième Serment d'Al-`Aqabah. Ils promirent de le protéger et d'aider les musulmans de la Mecque à se réinstaller dans leur ville, Médine. Cette délégation constituait le noyau de musulmans qui reçurent par la suite le nom de Ansâr, des musulmans originaires de Yathrib. Par la suite, les musulmans commencèrent à quitter progressivement la Mecque, par petits groupes. Finalement, les Qurayshites se rendirent compte de ce qui se passait et essayèrent d'empêcher nombre d'entre eux de partir. L'Histoire relate de nombreux récits à propos de ces hommes et de ces femmes qui abandonnèrent leurs maisons, leurs biens et leurs familles pour avoir la possibilité de pratiquer librement leur religion à Médine. Quelques mois plus tard, Dieu autorisa le Prophète (PBSL) à quitter la Mecque. Peu de temps avant son départ, Jibrîl (l'Ange Gabriel) informa Muhammad que Quraysh complotait pour l'assassiner dans son sommeil. La nuit où le forfait devait avoir lieu, son cousin Alî Ibn AbîTâlib se coucha dans le lit du Prophète tandis que celui-ci se réfugia avec son Compagnon Abû Bakr dans une caverne au Sud de la Mecque, à l'opposé de la direction de Médine. Le Prophète Mohammed et son compagnon et Abû Bakr As Seddiq se cachèrent dans une grotte (ghar Hirae) pendant trois jours tandis que les Qurayshites ratissaient vainement les alentours de la Mecque. Les deux compagnons poursuivirent leur route, conduits par un guide païen, et empruntèrent une route côtière de manière à fausser compagnie à leurs poursuivants. Lorsqu'ils arrivèrent enfin à Médine, le Prophète lâcha les rênes de sa chamelle et la laissa avancer comme bon lui semblait jusqu'à se qu'elle se posât. Le Prophète acheta la terre où sa chamelle s'était arrêtée. Puis, en attendant que la Mosquée du Prophète et ses appartements y fussent bâtis, le Prophète et son compagnon Abû Bakr bénéficièrent de l'hospitalité des Ansâr. L'Hégire donna enfin aux musulmans un lieu où ils pouvaient déclarer ouvertement leur religion et la pratiquer en paix. Ce fut la naissance de l'Etat islamique. Les versets du Coran révélés à la Mecque avaient traité essentiellement de la nature de Dieu et de la relation de l'homme avec Lui. A la Mecque, il y avait peu de foyers dont tous les membres étaient musulmans. En ces temps, l'islam semblait se focaliser sur l'individu et son devenir dans l'au-delà. A l'opposé, les versets révélés à Médine portèrent davantage sur la relation de l'homme avec autrui - les dimensions sociale, politique et économique de l'islam qui ne pouvaient pas être développées auparavant, sous la persécution. L'Hégire était aussi remarquable par la fraternité et l'altruisme manifestés par les Ansâr à l'égard des Muhâjirûn (les émigrés). Les Ansâr n'étaient pas riches. Néanmoins, ils accueillirent les Muhâjirûn, partagèrent leur nourriture et leurs habitats avec eux, et les aidèrent à s'installer et à trouver du travail. De plus, les Ansâr étaient conscients que, ce faisant, ils défiaient les Qurayshites et toutes les tribus païennes de la péninsule arabique. Les païens lancèrent, en effet, plusieurs campagnes militaires pour exterminer l'Etat musulman naissant. Mais les Ansâr demeurèrent fidèles au Prophète qui n'eut de cesse de les aimer et de les louer. Ce fut le deuxième calife, Omar Ibn Al-Khattâb, qui choisit l'année de la hijrah comme point de départ du calendrier musulman. Auparavant, les provinces se repéraient dans le temps par rapport à certains événements comme la n-ième année du règne d'untel ou l'année où tel ou tel événement se produisit. Omar standardisa donc la chronologie; il est important de noter qu'il choisit l'Hégire comme point de départ, et non pas la naissance ou le décès du Prophète, ni la première révélation du Coran. L'Hégire marquait la naissance de l'islam en tant que mode de vie complet touchant tous les aspects de l'existence de l'Homme. Le complot
Le premier miracle eut lieu dès le premier instant de l'Hégire. Pour éviter les représailles des Hâchimites, les autres tribus de Quraysh décidèrent d'élire vingt jeunes chevaliers parmi elles qui exécuteraient la mission de nuit, d'assassiner le Prophète. De cette façon, le crime serait partagé par toutes les tribus et les Hâshimites ne pourraient pas se battre contre tous, ni identifier précisément l'assassin du Prophète. Quand ladite nuit tomba, les chevaliers armés encerclèrent la maison du Prophète et attendirent qu'il sorte de chez lui pour la prière de l'aube comme il le faisait d'habitude. A l'heure de la prière, le Prophète sortit. Mais les redoutables assaillants ne le remarquèrent pas. Le Prophète sortit de chez lui mais les hommes qui le guettaient ne le virent pas, enfoncés qu'ils étaient dans un profond sommeil ou, en tout cas, voyant leurs facultés de perception suspendues par Dieu. Et, pour bien marquer son passage, le Prophète fit le tour des chevaliers et lança une poignée de sable à la face de chacun d'eux. Quand les premières lueurs du matin pointèrent, les chevaliers reprirent conscience et se rendirent compte de l'absence définitive de leur proie...