1431. Une nouvelle année de l'Hégire. En d'autres termes, cela fait 15 siècles, environ en l'an 622 du calendrier grégorien, que le prophète Sidna Mohammed quitta la Mecque pour émigrer vers Yatrib, devenue par la suite « Al Madina Al Mounaouara » , littéralement : la ville éclairée ou la ville illuminée. Cette émigration de l'envoyé de Dieu constitua un tournant dans l'Histoire de l'Islam. Un Islam révélé à Sidna Mohammed une douzaine d'années auparavant, exactement dans la Grotte de Hirae aux environs de son berceau natal, la Mecque, quand l'archange Jibril (Gabriel) lui assigna de lire. Mais avant de parler de la « HIJRA », de son esprit et de ses miracles, il y a lieu de rappeler les circonstances conjoncturelles de l'avènement de l'Islam dans la péninsule arabique. Mais d'abord faut-il rappeler que les pratiques de la vie sociale en Arabie étaient imprégnées par les préceptes du monothéïsme prêché par Sidna Ibrahim et relayé par son Fils Sidna Ismaël. Ces pratiques interdisaient l'inceste, l'adultère ainsi que le vol, la pratique de l'usure, les unions en dehors du mariage, prohibaient le pillage et la captivité. Mais au fil des années, les mœurs se relâchèrent et les valeurs s'effritèrent. Les beuveries étaient devenues une coutume très ancrée dans les mœurs, à tel point que les poésies en étaient chargées d'éloges et de vénération. Les jeux de hasard, répandus, étaient souvent sources de conflits et bagarres, le commerce charnel devenu monnaie courante, la polygamie illimitée et sans conditions, la femme n'avait pas droit à l'héritage et la fierté et la peur du déshonneur poussaient les hommes de certaines tribus à enterrer leurs filles vivantes, de peur d'entraîner la famille dans le scandale. Les gens étaient plongés dans l'obscurité. Ils avaient oublié Dieu. Ils avaient oublié les bonnes paroles et les valeurs prêchées par les Prophètes. Comble du ridicule, ils en étaient réduits à fabriquer leurs idoles de leurs propres mains pour les adorer par la suite. D'autres adoraient les arbres, la mer, le soleil, la lune, etc... En une phrase, ils étaient dans le plus grand égarement et dans la plus grande perdition. L'Islam est venu alors par la voi(x)e de Sidna Mohammed Ben Abadallah pour remettre les gens sur le droit chemin, avec comme valeurs et préceptes de n'associer personne ni rien au Dieu Unique, d'être bienfaisant et magnanime envers pères et mères, de ne point tuer ses enfants par crainte de pauvreté, de ne pas approcher, ni ouvertement encore moins en cachette les turpitudes et autres vilénies, de préserver les biens des orphelins de la plus belle manière, etc....C'est la voie de Dieu à suivre dans sa rectitude et ne pas s'en écarter. Les miracles de l'Hégire La première année du séjour de Sidna Mohammed à Yatrib marque le début de l'ère musulmane. Sidna Mohammed est resté à Médine jusqu'à sa mort, en 632. Auparavant, il vivait à La Mecque. Vers 610, il y avait reçu mission de « transmettre fidèlement » (sens du mot Coran) à sa tribu, qui ne le suivra pas, un message surnaturel, au fur et à mesure qu'il le recevait. L'an 622 constitue une hégire (hidjra). Persécuté, lui et les siens par les notables mécréants de Qoraïch, Sidna Mohammed arrive à Médine comme réfugié avec quelques partisans, dits « les Mouhajirines » (émigrés ). L'Hégire, c'est-à-dire l'émigration à proprement parler, de la Mecque vers Médine, se déroula de la façon la plus naturelle qui soit. Le Prophète et son compagnon de voyage, abou Bakr, partirent à dos de chameau avec un guide qui connaissait très bien le désert. Ils durent se cacher à certains moments de leur trajet. Ils s'arrêtaient pour effectuer leurs cinq prières quotidiennes ou pour bivouaquer le soir tombé. En somme, ils ne disposaient pas de moyens surnaturels qui les transporteraient à Médine ou écourteraient la durée de ce voyage de trois jours. Toutefois, pendant leur périple, de nombreux miracles se manifestèrent. Le premier miracle eut lieu dès le premier instant de l'Hégire. En effet, pendant les treize années qui précédèrent l'Hégire, le Prophète - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui - appela inlassablement les Qurayshites au droit chemin, à un Dieu unique, à l'égalité des hommes, à l'humilité et à l'amour du prochain. Au début, ils l'épargnèrent par égard pour sa famille puissante Banou Hachem. Ils allèrent même jusqu'à lui proposer des richesses et de le désigner chef à la Mecque. Mais le Prophète refusait toutes leurs propositions car il avait reçu un message de Dieu et avait pour obligation de le transmettre avec fidélité. A la longue, les notables de Quoraïch décidèrent d'assassiner le Prophète Mohammed - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui - pour se débarrasser de lui et du message qui attentait à leurs interêts commerciaux surtout, à leur leadership et au système social dont ils profitaient. 1er miracle : Le prophète échappe à la vigilance des ses assaillants Pour éviter les représailles des Banou Hachem, ils décidèrent d'élire vingt jeunes chevaliers parmi les différentes tribus de Quoraïch qui exécuteraient cette mission de nuit. De cette façon, le crime serait partagé par toutes les tribus et Banou Hachem ne pourraient pas se battre seuls contre tous, ni identifier précisément l'assassin Prophète Mohammed - que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui. Quand ladite nuit tomba, les chevaliers armés d'épées et de lances encerclèrent la maison du Prophète et attendirent qu'il sorte de chez lui pour la prière de l'aube comme il le faisait d'habitude. A l'heure de la prière, le Prophète sortit. Mais les redoutables assaillants ne le remarquèrent pas. Le Prophète sortit de chez lui la tête haute, sans armes. Les hommes qui le guettaient impatiemment ne le virent pourtant pas, enfoncés qu'ils étaient dans un profond sommeil ou, en tout cas, voyant leurs facultés de perception suspendues par Dieu, le Seul Compagnon et Protecteur de Son Prophète ! Et, pour bien marquer son passage, le Prophète fit le tour des chevaliers et lança une poignée de sable à la face de chacun d'eux. Quand les premières lueurs du matin poignirent, les chevaliers reprirent conscience. Ils virent dans quel état ils étaient et se rendirent compte de l'absence du prophète... 2ème miracle : La grotte, la colombe et l'araignée Dès que le départ du Prophète fut signalé, les Qurayshites se lancèrent sur ses traces et arrivèrent à l'entrée d'une grotte où le Prophète et son Compagnon Abû Bakr s'étaient réfugiés... Dieu allait-il livrer Son Prophète à cette horde d'assassins ? Tout de suite, après l'entrée des deux compagnons dans la grotte, une araignée tissa sa toile sur l'entrée de la grotte et une colombe y pondit ses œufs et les couva. Quoi de plus faibles qu'une toile d'araignée ou une colombe qui couve ses œufs ? Avec si peu de choses, Dieu troubla les Qurayshites : les traces de pas menaient bien à cette grotte mais visiblement, elle n'était pas fréquentée (puisque une colombe s'y était nichée et que la toile d'araignée prouvait clairement que personne n'y était entré depuis un bon moment !). Plus bas, dans la grotte, Abou Bakr dit à son ami Sidna Mohammed- que les salutations de Dieu et Ses bénédictions soient sur lui : «Si l'un d'eux regarde sous ses pieds, il nous verra...» Et le Prophète de répondre : «Que penses-tu de deux personnes dont Dieu est le Troisième ?» Cette scène fut consignée par le Coran, sourate 9, « At Tawba » (le Repentir), verset 40 : «Si vous ne lui portez pas secours... Allah l'a déjà secouru, lorsque les mécréants l'avaient banni, deuxième de deux. Quand ils étaient dans la grotte et qu'il disait à son compagnon : ‹Ne t'afflige pas, car Dieu est avec nous. Dieu fit alors descendre sur lui Sa sérénité et le secourut par des agents que vous ne voyiez pas, et Il rabaissa ainsi la parole des mécréants, tandis que la Parole d'Allah eut le dessus. Et Allah est Puissant et Sage». 3ème miracle : La chèvre de Oum Maâbad Quand ils furent débarrassés de leurs poursuivants, le Prophète et Abou Bakr retrouvèrent leur guide Abd Allâh Ibn Urayqit et le berger de Abû Bakr, Âmir Ibn Fuhayrah, et continuèrent leur route. Ils passèrent à proximité de la tente d'une femme qu'on appelait Oum Maâbad Al-Khuzâ`iyyah. Les voyageurs étaient alors à bout de vivres. Ils demandèrent à Oum Maâbad de leur vendre de quoi tenir le reste du trajet. Mais la femme, gênée, leur dit : «Par Dieu, si j'avais de quoi vous donner, je vous l'aurais donné gratuitement.» Le Prophète vit dans un coin une chèvre frêle. «Et cette chèvre ?», demanda le Prophète. «Elle est frêle et son lait a tari comme tu le vois», répondit la femme. Le Prophète lui demanda d'approcher la chèvre. Alors, le Prophète - que les salutations de Dieu et ses bénédictions soient sur lui - posa sa main sur la chèvre qui subitement prit des forces. Puis il toucha son pis qui se remplit de lait. Le Prophète prit du lait de la chèvre et commença par donner à ses compagnons. Ensuite, il en donna à Oum Maâbad, il remplit un bol destiné à Abou Maâbad (le mari de Umm Ma`bad) et il finit par en boire à son tour. Les voyageurs poursuivirent leur chemin. Quand Abou Maâbad fut de retour, il s'étonna à la vue du bol de lait car il savait que leur chèvre ne donnait pas de lait. Oum Maâbad lui décrivit alors le Prophète et lui raconta ce qu'il fit. Il lui dit : «C'est l'homme que Quraysh poursuit pour l'assassiner.» Oum Maâbad et Abou Maâbad embrassèrent l'Islam. Il convient de rappeler que la Hijra et ses miracles constituent l'un des enseignements de base que les musulmans reçoivent dans leur enfance, surtout par la valeur de ses symboles: c'est l'Hégire qui marque le début du calendrier musulman. Les péripéties du voyage ont maintes fois été mises en scène dans des «films cultes» des télévisions des pays arabes et musulmans. On est surtout subjugué par la symbolique de l'Histoire de cette toile d'araignée éphémère et de cette colombe qui pond à l'entrée de la grotte et qui tiennent tête à cette horde de mécréants protégeant, de par leur faiblesse, le Prophète et son Compagnon mieux qu'une forteresse.