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Sur les pas du bien-aimé Mohammed (BP sur lui)-Episode 26 : La conquête de La Mecque-
Publié dans Jeunes du Maroc le 30 - 01 - 2006


Introduction :
Le Prophète (BP sur lui) avait soixante ans lors de la conquête de la Mecque le 23 Ramadan de l'an 8 de l'Hégire. La situation était devenue stable dans la péninsule pour trois raisons. Tout d'abord, le traité de Al-Houdaïbiya avait permis aux tribus de déclarer leur conversion à l'Islam sans craindre Qoraïche. Une des clauses du traité stipulait que n'importe laquelle pouvait s'unir à Mohammed ou à Qoraïche, et le champ était devenu libre devant le Prophète (BP sur lui) pour communiquer son Message parmi elles. Achga‘ qui avait participé à la guerre de la tranchée (Al-Khandaq) avec Qoraïche, Ghifâr, Daws, Bani Soulaïm et chaque jour d'autres nouvelles tribus venaient lui déclarer leur alliance. La paix installée, le Message avait pu atteindre les gens et les deux dernières années, le nombre de personnes converties à l'Islam avait atteint plusieurs fois celui de toutes les années précédentes. C'était la reconnaissance officielle par Ooraïche de la puissance de l'état musulman.
La violation du traité :
Une tribu appelée Khouzâ'a s'était alliée au Prophète (BP sur lui) et convertie à l'Islam, une autre appelée Bani Bakr s'était alliées à Qoraïche. La guerre avait duré longtemps entre les deux avant le dépôt des armes selon le traité de Al-Houdaïbiya. Mais, comme ceux qui s'alliaient au Prophète (BP sur lui) devenaient plus forts tandis que les alliés de Qoraïche faiblissaient, les anciennes rancunes des Bani Bakr ressurgirent. Ils pensèrent tuer des gens parmi leurs ennemis, surtout que ces derniers avaient déposé les armes et allaient sans méfiance faire des pèlerinages à la Mecque.
Cependant Nawfal ibn Mou‘âwya, le chef des Bani Bakr, eut peur de causer des problèmes avec Khouzâ'a sans l'assentiment de Qoraïche. Il leur dit qu'il voulait attaquer les Khouzâ'a parce qu'il pensait qu'ils devenaient plus forts que lui. Ils acceptèrent, lui fournirent des armes et lui donnèrent même la permission de les tuer à l'intérieur de la ville sacrée. De plus, c'étaient Souhayl ibn ‘Amr, Houwaïth ibn ‘Abdil ‘Ouzza ‘Ikrima ibn Abi Djahl et Safwân ibn Oumayya qui avaient signé eux-mêmes le traité avec le Messager d'Allah (BP sur lui) qui donnèrent l'assentiment. Ils ne réalisaient pas qu'ils donnaient ainsi au Prophète (BP sur lui) l'occasion d'envahir la Mecque.
Une délégation de cent personnes des Khouzâ‘a était partie faire une ‘Oumra (petit pèlerinage) à la Mecque et avait campé à l'intérieur de la ville, hors de la mosquée, dans un endroit appelé Al-Watîr. Nawfal ibn Mou‘âwya, le chef des Bani Bakr les surprit avec ses hommes et en tua trois. Les autres coururent se réfugier dans la mosquée de la Ka'ba pensant que personne n'oserait les attaquer dans ce lieu sacré. Nawfal continua à courir derrière eux sans faire cas de ses hommes qui lui rappelaient la sainteté de l'endroit. Ils pénétrèrent malgré tout et tuèrent vingt des Khouzâ‘a. Ces derniers coururent de nouveau vers la maison de leur chef Guzaïl ibn Warqâ' à l'intérieur de la Mecque mais, leurs ennemis accompagnés des notables de la Mecque, continuèrent à les poursuivre et en tuèrent encore dix. Guzaïl qui était intelligent envoya de suite un messager appelé ‘Amr ibn Sâlim au Prophète (BP sur lui) et lui dit de ne pas s'arrêter un seul instant en route. ‘Amr enfila les nuits et les jours et arriva chez le Prophète (BP sur lui) devant qui il exprima le message en quelques vers qui résumaient toute la situation. Le Messager furieux et le visage tout rouge frappa avec sa poigne sur sa cuisse plusieurs fois en disant : “Tu triompheras, ô ‘Amr, ibn Sâlim.” Quelle attitude noble et fière de la part du Prophète, il ne pouvait supporter la traîtrise.
Le Messager renvoya ‘Amr ibn Sâlim et décida de marcher sur Qoraïche sans faire connaître son plan qu'il ne révéla aux Compagnons que quatre milles avant la Mecque. Ces derniers croyaient que le traité de Al-Houdaïbiya était encore valable pour huit ans mais Qoraïche avaient agi d'une façon insensée et la situation des Musulmans s'en trouvait changée. Il était temps que l'Islam s'installe à la Mecque, mais le Messager d'Allah (BP sur lui) voulait y parvenir sans verser une seule goutte de sang. Son but n'était pas de se venger mais de diffuser l'Islam. Malgré la gravité de cette trahison de la part de Qoraïche et malgré toutes leurs méchancetés passées, le Prophète était magnanime comme le Coran l'exprime dans ce verset -qui peut être traduit par - :“ Et tu es certes, d'une moralité éminente. “(TSC[i], AL-QALAM (LA PLUME) : 4).
Il faut que les Musulmans retiennent cette leçon, savoir pardonner et avoir de la compassion envers les gens. En entrant à la Mecque le Messager (BP sur lui) disait - ce qui peut être traduit par : “Et dis : “La Vérité (l'Islam) est venue et l'Erreur a disparu. Car l'Erreur est destinée à disparaître”. " (TSC, Al-'Isrâ' (LE VOYAGE NOCTURNE) : 81). Ainsi que : “Aujourd'hui c'est le jour de la miséricorde.”
Qoraïche commença à regretter son action et, avec à leur tête Abou Soufiâne, ils se réunirent pour en discuter. Un homme du nom de ‘Abdillâh ibn Sa‘d ibn abi As-Sarh, un apostat, qui, cas rare, avait abandonné l'Islam après s'y être converti, leur dit : “ Vous n'avez que trois options : payer le prix du sang à Khouzâ‘a, leur donner ceux qui les ont tués pour qu'ils se vengent d'eux ou leur faire la guerre.” Ils lui répondirent qu'ils n'avaient pas assez d'argent pour payer le prix du sang de tout ce monde et qu'ils ne pouvaient pas lui remettre leurs alliés parce que sinon personne ne leur ferait plus confiance par la suite. Abou Soufiâne qui ne savait pas qu'un messager des Khouzâ‘a avait été dépêché au Prophète (BP sur lui), leur dit qu'il avait un plan. Il voulait se rendre à Médine pour dire qu'il n'avait pas assisté au traité de Al-Houdaybiya qu'il appréciait beaucoup et qu'il voulait en signer un autre avec les mêmes clauses. La signature de ce traité serait ultérieure à celle de Al-Houdaïbiya et Mohammed ne pourrait pas le blâmer pour les gens morts avant.
Abou Soufiâne entra dans Médine à l'étonnement de tous ses habitants. Personne ne voulait l'approcher ou lui faire de mal pensant que le traité de Al-Houdaïbiya était toujours en cours. Il se rendit d'abord chez sa fille Oum Habîba, l'épouse du Messager (BP sur lui). Dès qu'elle le vit entrer chez elle et se diriger vers la couche pour s'y asseoir, elle, qui n'avait pas revu son père depuis quinze ans, la retira vivement. Il lui dit étonné : “ Est-ce parce que la couche n'est pas digne de moi ou c'est moi qui n'en suis pas digne ?” Elle lui répondit : “C'est toi qui n'es pas digne de la couche du Messager d'Allah (BP sur lui) parce que tu es souillé par la mécréance.”
J'ouvre là une parenthèse et je dis aux jeunes d'aujourd'hui de ne pas imiter cette réponse avec leurs parents parce que la situation était complètement différente. Il était l'ennemi du Messager et de son peuple. Lorsque la mère de Asmaa encore mécréante était venue rendre visite à sa fille à Médine et que Asmaa avait demandé au Messager (BP sur lui) si elle pouvait la recevoir, il lui avait dit : “Naturellement et tu dois être bienfaisante envers elle.”
En sortant de chez sa fille, Abou Soufiâne s'était dirigé vers la mosquée où il savait trouver le Prophète (BP sur lui). Ce dernier qui avait deviné pourquoi l'homme était venu, dit à ses Compagnons qui ne connaissaient encore rien de l'histoire : “On dirait qu'Abou Soufiâne revient vers vous pour renouveler le traité.” Abou Soufiâne dit : “Ô Mohammed, je n'ai pas assisté à la signature du traité de Al-Houdaïbiya et je suis venu le renouveler et consolider nos serments.” Le Prophète lui répondit : “ C'est pour cela que tu es venu, Abou Soufiane, est-ce que vous avez commis quelque chose ?” Il lui répondit : “Qu'Allah ne le veuille.”
Le Prophète alors lui affirma que leur accord tenait toujours tant que les Qoraichites n'avaient pas failli à leurs engagements.
Le Prophète avait devant lui le chef des mécréants, celui qui avait mené toutes les batailles que Qoraïche avait livrées au Prophète, et qui venait de surcroît demander la paix alors que les Qoraichites avaient trahi le serment donné. Le Prophète était en droit de l'emprisonner et même de le tuer en guise de réparation pour tout le mal qu'il avait fait et pour la traîtrise de sa tribu. Mais le Prophète ne fit rien de tout cela ! Il ne voulait pas davantage d'effusions de sang et il souhaitait du bien à tous. Il voulait que la miséricorde de Dieu atteigne toutes Ses créatures en les guidant à l'Islam. Y a-t-il à travers l'histoire de toute l'humanité un personnage d'une telle grandeur ? Y a-t-il un chef ou un roi qui ait su se conduire avec ses ennemis avec autant de bravoure, de miséricorde et de grandeur d'âme ? Nous ne le défendons pas parce que nous sommes musulmans, mais parce que les faits parlent pour eux-mêmes.
Abou Soufiâne s'en fut voir alors Abou Bakr. Il le pria d'intercéder auprès du Prophète pour que celui-ci prolonge la trêve. Abou Bakr, qui n'avait pas eu vent de l'agression des Qoraichites contre les Bani Khozaâ, lui dit que les musulmans tenaient toujours aux clauses de leur accord et que sa parole ne saurait contredire celle du Prophète. Alors Abou Soufiâne le pria de proclamer sa protection pour les gens. C'était chez les Arabes un code d'honneur qui consistait à ce que lorsqu'une personne prenait les gens sous sa protection, personne ne pouvait les atteindre sans atteindre à cet honneur. Mais Abou Bakr refusa encore et lui dit qu'il n'y avait de protection que celle accordée par le Prophète. Abou Soufiâne, déçu, s'adressa alors à ‘Omar Ibn Al Khattâb auquel il fit la même demande. ‘Omar lui répondit qu'à sa connaissance la trêve tenait toujours et qu'il espérait d'ailleurs que Dieu y mette fin pour pouvoir les combattre de nouveau. Abou Soufiâne s'adressa cette fois à Othmâne Ibn Afâne. Othmâne ne voulut rien entendre à sa demande et lui répondit comme les Compagnons avaient répondu. Il s'adressa alors à Ali Ibn Abi Tâleb qui était marié avec Fatima, la fille du Messager d'Allah et lui dit : ” Ali, tu es le plus proche de moi et je suis venu te demander une faveur, intercède pour moi auprès du Messager d'Allah. ”. Ali ne dérogea pas à la conduite de ses compagnons et opposa son refus à la requête d'Abou Soufiâne.
Abou Soufiâne ne trouva d'autre issue que d'aller à la mosquée et de proclamer sa protection aux gens. Le Prophète écouta et lui dit sans l'humilier que cela n'engageait que lui.
Abou Soufiâne désappointé, regagna la Mecque. Il ne trouva personne pour parler au Prophète car ce dernier avait promis de défendre ses alliés contre ceux qui ne respectent pas leur parole.
Les préparatifs :
Après le départ d'Abou Soufiâne, le Prophète entra chez lui et dit à ‘A'icha de lui préparer son armure et ses habits de guerre. Il la mit au secret et lui enjoignit de ne pas en parler. Elle était la seule personne qui connaisse la décision du Prophète d'aller conquérir la Mecque. Aicha tint le secret et n'en parla même pas à son père qui l'interrogea à la vue de ces préparatifs.
Le Prophète avertit ses Compagnons et les tribus des alentours de Médine de se préparer pour partir à la guerre. Quand ils s'enquirent sur la destination, le Prophète leur dit qu'ils le sauraient plus tard. La conduite du Prophète était guidée par son souci de ne pas verser le sang. Médine comptait parmi ses habitants des hypocrites qui, s'ils apprenaient les intentions du Prophète auraient alerté les Mecquois qui se seraient préparés à l'affrontement.
Le Prophète, avant de quitter Médine, envoya huit Compagnons pour faire diversion avec à leur tête Talha Ibn Oubeida Allah pour explorer la route vers la tribu de Hawazen. Tout le monde pensa alors que la destination était Hawazen.
Mais, un incident grave se produisit avant que l'armée musulmane ne sorte de Médine. Le Compagnon Hâteb Ibn Abi Baltaâ, qui était présent à la rencontre du Prophète et de ‘Amr Ibn Sâlim envoya une missive à Qoraïche pour l'avertir que Mohammed se préparait à les attaquer. Il la confia à une femme et lui ordonna de bien la cacher et d'aller à la Mecque pour la donner à Abou Soufiâne en empruntant un chemin différent.
A ce moment Jibrîl descendit et informa le Prophète de ce qu'avait fait Hâteb. Le Prophète envoya Ali, Al-Miqdad et Az-Zoubayr rattraper la femme pour récupérer la lettre. Ali et ses Compagnons partirent au galop et purent rejoindre la femme. Ils lui demandèrent de leur remettre ce qu'elle portait mais elle nia porter un message. Alors ils lui dirent que le Prophète et l'ange Jibrîl ne sont pas des menteurs et menacèrent de la fouiller. La femme démêla alors ses cheveux où elle tenait cachée la lettre qu'elle remit aux Compagnons.
Le Prophète prit la lettre et, à la mosquée, il demanda à Ali de la lire aux gens. Quand Ali lit la lettre, les Compagnons furent abasourdis par le geste de Hâteb qui avait pourtant combattu à Badr. Quand le Prophète interrogea Hâteb sur ce qu'il venait de faire, celui-ci implora son pardon et lui dit qu'il n'avait pas renié sa foi et n'avait pas fait cela par mécréance à son message ou hypocrisie, mais parce qu'il avait laissé parmi Qoraïche sa famille et ses enfants et avait voulu par ce geste gagner les faveurs de Qoraïche pour qu'ils lui préservent sa famille et ses biens. ‘Omar se leva et demanda la permission du Prophète de couper la tête au traître qu'ils venaient de débusquer. Mais le Prophète le retint et lui dit que Hâteb avait combattu à Badr et que peut-être Dieu avait pardonné à tous ceux qui avaient combattu à Badr. ‘Omar pleura ému par la miséricorde du Prophète. Hâteb qui avait agi par faiblesse se repentit et le Prophète continua à se servir de lui. Pour cela nous ne devons jamais perdre espoir en la miséricorde de Dieu et tout particulièrement durant ces derniers jours du mois sacré de Ramadan.
Le but de l'expédition était à présent connu. Le Prophète ordonna un blocus sur Médine et interdit toute sortie de la ville et désigna ‘Omar pour veiller à ce que personne ne quitte Médine.
La conquête de la Mecque :
L'armée des musulmans s'ébranla enfin, elle comptait dix mille hommes. Les deux ans de paix avec Qoraïche avaient été bénéfiques aux musulmans et la conversion des Arabes était massive. L'armée prit le chemin de la tribu des Hawazen, et tous ceux qui espionnaient les musulmans surent que le Prophète se dirigeait vers les Hawazen qui se préparèrent à la guerre. Mais le Prophète changea ensuite de cap et se dirigea droit vers la Mecque en toute hâte. Il envoya Talha et Az-Zoubayr en éclaireurs et leur enjoignit de capturer tout espion de Qoraïche qu'ils rencontreraient. Cela coupa les nouvelles des Qoraichites qui croyaient que l'armée du Prophète rampait sur Hawazen. Le Prophète réussit à s'approcher de la Mecque sans que Qoraïche ne sache rien de sa venue, il était à quelques verstes de la Mecque avec dix mille hommes.
Quand le Prophète arriva aux abords de la Mecque, il dressa son camp et ordonna aux Compagnons d'allumer les feux. Il voulait abattre le moral des Qoraichites afin de briser en eux toute velléité de guerre. A ce moment, un homme de Qoraïche quittait la Mecque pour Médine, c'était Al-‘Abbâs, l'oncle du Prophète qui s'était converti à l'Islam. Le Prophète se réjouit de la conversion de son oncle qui pria le Prophète de ne pas entrer à la Mecque et lui demanda de l'autoriser à y retourner pour convaincre Abou Soufiâne de livrer la Mecque sans combat. Le Prophète l'autorisa et lui donna sa mule en signe de son approbation.
En retournant vers la Mecque, Al-‘Abbâs rencontra Abou Soufiâne qui sortait à destination de Médine dans l'espoir d'attendrir le Prophète et de lui arracher un prolongement de la trêve. Mais que pouvait-il aux desseins de Dieu, le moment était venu pour que la vérité éclate. Abou Soufiâne au détour d'une crête vit des milliers de feux allumés dans la plaine. Pris au dépourvu, il ne sut pas quelle armée c'était. Et voilà Al-‘Abbâs qui venait au devant de lui en lui disant : “ Ô Abou Soufiâne ; c'est le Prophète en compagnie de dix mille hommes. Si tu t'entêtes à lui faire la guerre, c'est toute Qoraïche qui périra, alors va lui livrer la Mecque et épargne la vie de tes compatriotes. ”
Abou Soufiâne accepta et monta avec Al-‘Abbâs sur la mule du Prophète et à chaque fois qu'ils passaient devant un feu musulman, il entendait quelqu'un leur demander qui ils étaient, et dès qu'ils voyaient la mule du Messager d'Allah, ils disaient : “ C'est l'oncle du Messager sur la mule du Messager d'Allah ” et les laissaient passer. Mais quand ils sont passés à côté de ‘Omar Ibn Al-Khattâb, ce dernier reconnut Abou Soufiâne et s'écria : “ C'est Abou Soufiâne l'ennemi d'Allah, louanges à Allah qui m'a permis de te retrouver sans qu'il y ait entre nous une trêve ou un pacte.” Mais Al-‘Abbâs lui avait offert l'immunité et Abou Soufiâne entra dans la tente du Prophète. A sa vue, le visage du Prophète devint rouge. Il lui dit (BP sur lui) : “ Vous avez trahi ô Abou Soufiâne et tu es venu me demander la paix en prétendant qu'il n'y avait pas de trahison... ” Abou Soufiâne lui dit : “ Par Allah ! Vraiment Allah t'a préféré à nous et nous avons été fautifs. ” Alors le Prophète lui dit : “ Pas de récriminations contre vous aujourd'hui, qu'Allah vous pardonne.” Puis le Prophète lui dit : “ N'est-il pas temps que tu saches qu'il n'y a pas d'autre dieu qu'Allah ?” Abou Soufiâne répondit : “ Comme tu es noble, généreux attentionné envers la famille, par Allah s'il y avait une autre divinité qu'Allah, elle m'aurait épargné quelque chose maintenant.” Le Prophète lui dit : “ N'est-il pas grand temps pour toi de savoir que je suis le Messager d'Allah ? ” Abou Soufiâne lui répondit : “ Quant à cela j'en doute encore. ” Al-‘Abbâs lui dit alors : “ Malheur à toi, convertis-toi et atteste qu'il n'y a pas de dieu qu'Allah et que Mohammad est Son Messager”. Abou Soufiâne déclara alors malgré lui : “ J'atteste qu'il n'y a pas de Dieu qu'Allah et j'atteste que Mohammad est Son Messager ”.
Al-'Abbâs dit alors au Prophète (BP sur lui) : “ Abou Soufiâne est un homme qui aime le prestige, accorde lui un honneur ”. Le Prophète (BP sur lui) déclara alors : “ Oui, celui qui entrera dans la maison de Abou Soufiâne sera en sécurité et celui qui fermera sa porte sur lui-même sera en sécurité et celui qui entrera à la mosquée sera en sécurité. ”
Le Prophète demanda à son oncle de retenir Abou Soufiâne dans le camp jusqu'au matin. Le Prophète craignait qu'il change d'avis en rentrant à la Mecque et il voulait qu'il voit l'armée de jour pour couper court au doute dans son cœur.
Le matin, le Prophète passa en revue l'armée devant Abou Soufiâne qui se rendit compte de la force des musulmans en voyant toutes les tribus qui avaient rallié le camp de l'Islam. Il devança le Prophète à la Mecque en criant : “ Celui qui entrera la maison de Abou Soufiâne sera en sécurité et celui qui ferme sa porte sur lui-même sera en sécurité et celui qui entrera à la maison sacrée sera en sécurité. ”
Le Prophète entra à la Mecque sans coup férir en récitant la sourate Al-Fath (LA VICTOIRE ECLATANTE) Allah (exalté soit-Il) dit-ce qui peut être traduit comme : " En vérité Nous t'avons accordé une victoire éclatante, " (TSC, Al-Fath (LA VICTOIRE ECLATANTE) : 1).
Le Prophète ordonna à son armée de ne combattre que ceux qui se montreraient hostiles, il dit : “ Voici venu le jour de la clémence et non le jour du deuil et du carnage ”.
Il se dirigea vers la Ka'ba la tête baissée en signe d'humilité, en disant à haute voix : “ La vérité est venue et l'erreur a disparu. Car l'erreur est destinée à disparaître !” Et il brisa toutes les idoles qui s'y trouvaient et fit monter Bilâl sur son toit pour l'appel à la prière pour la première fois à la Mecque.
Le Prophète monta alors sur le mont As-Safa et dit aux gens qui s'y étaient réunis : “ Ô les Qoraichites, que croyez-vous que je vais faire de vous ? ” Ils répondirent : “ (Tu es) Un frère généreux et un neveu généreux ! ” Alors le Prophète (BP sur lui) leur dit : “ Pas de récrimination contre vous aujourd'hui. Qu'Allah vous pardonne, partez, vous êtes libres. ”
Conclusion :
C'était le récit de la conquête de la Mecque, un épisode de la sira du Prophète chargé de nombreuses significations. Je conclus en vous racontant cette histoire.
Foudala Ibn Oumeyr tenta de tuer le Prophète alors que celui-ci faisait la circumambulation autour de la Ka'ba. Quand il s'approcha du Prophète ; celui-ci le sentit et se tourna vers lui et lui dit : “ A quoi penses-tu ? ” “ Je pensais à Allah ”, lui répondit-il. Le messager d'Allah sourit et lui dit : “ Implore le pardon du Seigneur ”, puis il posa sa main contre la poitrine de Foudala pour l'apaiser. Ce dernier raconte : “ Avant qu'il ne me touche il était le plus haï des hommes pour moi, mais quand il retira sa main, je l'aimais plus que toute autre créature au monde ”. En rentrant chez lui, Foudala rencontra une femme qui lui plaisait et avec qui il était en relation. Elle l'interpella et lui demanda de venir faire un brin de causette. Il lui répliqua : “ Allah et l'Islam m'en défendent. Je leur suis soumis depuis le jour où Mohamed brisa les idoles et fit paraître au grand jour la religion de Dieu en jetant dans l'ombre celle des idoles.”
La conquête de la Mecque fut une fin en apothéose du sacrifice et de la détermination du Prophète (BP sur lui) et de ses Compagnons qui avaient été chassés de leurs maisons et privés de leurs biens et que Dieu récompensa en leur accordant la victoire par la conquête de la Mecque. Saurions-nous aujourd'hui marcher sur leurs pas, vivre et mourir pour la cause d'Allah ? Nous sommes à la nuit du vingt-septième jour de Ramadan et cette nuit sera témoin auprès d'Allah de nos sentiments aujourd'hui.
Source:www.AmrKhaled.net ©


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