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La bataille du "Khandaq" (la tranchée)
Imane J
Publié dans
Jeunes du Maroc
le 16 - 12 - 2005
Introduction :
Avant de commencer à parler de la Sira, j'aimerais vous rappeler combien la prière et l'invocation sont importantes ces derniers jours de Ramadan. Allah exauce les invocations, faites-en autant que vous pouvez pour vous constituer un stock d'énergie spirituelle dont vous pourrez user toute l'année. Croyez-moi, vous en aurez besoin. J'aimerais également signaler le grand espoir qui perce à la lecture des commentaires des jeunes gens sur le forum . Ils décrivent leurs sentiments au sujet des épisodes et racontent leurs expériences et leurs projets. Ils sont pleins d'énergie positive et j'y vois beaucoup d'espoir pour la Umma.
La bataille de ‘Al-Khandaq' (la tranchée) :
A la cinquième année de l'Hégire, les ennemis du Messager (BP sur lui) avaient commencé à réaliser qu'ils ne pouvaient pas le vaincre, chacun demeurant seul. Ils firent un plan pour l'éradiquer et s'unirent en partis contre lui à la bataille de Al-Khandaq (la tranchée) qui fait de cette année une année décisive dans l'histoire de L'Islam. L'auteur de l'idée fut Houyaï ibn Akhtab, un Juif des Bani An-Nadîr que le Messager (BP sur lui) avait faits sortir de Médine à cause de leur traîtrise. Ils avaient envoyé des renseignements à Qoraïche alors qu'ils étaient des citoyens à part entière à Médine et qu'ils avaient conclu des pactes avec les Musulmans. De plus, ils avaient essayé de tuer le Prophète (BP sur lui).
Houyaï ibn Akhtab, chef du complot, haïssait violement le Prophète (BP sur lui). A l'arrivée de ce dernier à Médine, il était allé avec son frère le voir et lui avait demandé qu'ils regardent entre ses épaules. Ils recherchaient le sceau de la prophétie, une marque qui se trouve chez tous les Prophètes au haut de la colonne vertébrale. Les deux frères posèrent de plus quelques questions au Prophète (BP sur lui) et s'en allèrent. Le frère de Houyaï lui demanda ensuite si c'était vraiment le Prophète annoncé par la Torah et il lui répondit par l'affirmative. Il lui demanda de nouveau ce qu'il comptait faire et Houyaï répondit qu'il allait faire la guerre au Messager tant qu'il vivra. Salmâne, le compagnon du Prophète, avait entendu leur conversation et l'a rapportée au Prophète (BP sur lui) qui lui répondit : “Ô Salmâne, nous ne jugeons pas les gens d'après ce qu'ils disent.”
Cette histoire montre comment le Messager (BP sur lui) se comportait avec les minorités religieuses et je rappelle que nous n'avons aucun problème avec les Juifs au sujet de leur religion, mais à propos de nos droits. Pour nous, les juifs qui vivent dans nos pays sont des citoyens à part entière. Lorsque Houyaï était parti avec tous les Bani An-Nadîr, le Prophète (BP sur lui) l'avait laissé s'en aller sans rien lui infliger de plus que les autres. A son départ de Médine, Houyaï s'était installé à Khaîbar, forteresse d'une autre communauté juive. Ensuite, il s'était dirigé vers Abou Soufiâne, à la Mecque, et lui avait dit : “Ô Abou Soufiâne, je suis venu me mettre d'accord avec toi pour détruire Mohammed.” Il lui répondit : “Tu es le bienvenu. Celui qui nous aide contre Mohammed devient notre ami. ” Les deux hommes pénétrèrent ensuite avec les notables de Qoraïche à l'intérieur de la Ka‘ba, y collèrent leurs poitrines et jurèrent de s'allier contre Mohammed.
Après la Mecque, Houyaï partit vers la tribu de Ghatfâne, chez ‘Ouyaïn ibn Hiçn. C'était, dans la péninsule arabique, la seconde force après Qoraïche. Après, il s'en alla vers la tribu Achga‘. Bien qu'il sût qu'il défendait le mal, il ne se lassait point d'user de tous les efforts possibles alors que de nos jours, des gens savent qu'ils défendent la vérité et ne font presque rien pour l'atteindre. Il réussit à rallier tous les chefs arabes et, pour plus de précaution, il ne prit pas le commandement de cette armée de dix mille combattants mais le donna à Abou Soufiâne. Jusqu'alors, les Musulmans n'avaient jamais fait face à une armée de plus de trois mille soldats.
L'armée se mit en route et Qoraïche seule comptait quatre mille combattants, trois cents chevaux et mille cinq cents chameaux. Ghatfâne dénombrait trois mille combattants, les Achga‘ en avaient trois cents. En tout et pour tout, avec les petites tribus, dix mille combattants allaient déferler de partout vers Médine.
La tranchée :
Le Messager reçut la nouvelle de l'arrivée de cette armée. Et d'après ses calculs avec les Compagnons, l'ennemi devait être à Médine dix ou quinze jours plus tard. Il faut dire ici, que du côté des Musulmans, rien n'était laissé au hasard. Ils prenaient toutes les précautions humaines en leur pouvoir et dépensaient le plus d'effort possible, sans compter sur les miracles. Le Prophète (BP sur lui) réunit les gens pour une délibération. Depuis que les Musulmans avaient eu une patrie, le Messager (BP sur lui) n'imposât jamais sa décision. C'était une valeur qui renforçait le courage, l'esprit de décision, l'affiliation et le patriotisme. De nos jours, une des causes du terrorisme dans le monde vient de ce que les individus ne sentent pas de loyauté envers leur patrie.
Le Messager (BP sur lui) répéta la même phrase à ses Compagnons : “Ô gens, donnez-moi votre avis.” Il leur expliqua clairement et franchement la situation. Personne ne lui dit d'attendre la Révélation du ciel. Cette dernière ne venait que pour l'encouragement ou la consolidation, la planification est une affaire humaine. Elle n'intervenait qu'au point où il pouvait y avoir un danger d'anéantissement pour le Message comme c'était le cas le jour de la sortie du Prophète de la Mecque.
Chacun des Compagnons donna son avis et quand vint le tour de Salmâne Al-Fârissy, un compagnon d'origine perse, il dit : “Ô Messager d'Allah, quand nous nous trouvions assiégés en Perse, nous construisions une tranchée.” Le Messager (BP sur lui) qui avait l'esprit ouvert aux nouvelles idées accepta celle-ci et la psychologie moderne nous dit que les personnes qui réussissent leur vie ont cette qualité. En réfléchissant, il vit que l'idée pouvait réussir à Médine qui n'avait qu'une seule entrée au nord. Il ne l'a pas refusée parce qu'elle venait d'un pays étranger, l'essentiel était qu'elle fusse utile. Et c'est ainsi que nous devons agir avec les idées nouvelles, en prendre l'utile et abandonner le reste. Les hypocrites commençaient à dire que les Musulmans avaient peur et n'avaient pas le courage de faire face à l'ennemi.
Le Messager (BP sur lui) fit creuser la tranchée à l'endroit le plus étroit du passage de l'entrée dans la ville, entre les montagnes qui la bordent de tout côté et qui ne peuvent être escaladées à cause de leur nature rocheuse et abrupte. Le Messager (BP sur lui) escaladait un petit mont appelé mont Sal‘ pour surveiller les travaux. Il fallait arriver, en dix jours, à creuser dans une terre rocheuse une tranchée de quatre kilomètres de cinq mètres de profondeur et de six mètres de large. Aucun cavalier ne devait pouvoir la franchir. Mais, cette communauté musulmane était agile parce que ses membres se sentaient concernés. En leur faisant partager la décision, le Messager (BP sur lui) éveillait en eux le sens de la responsabilité et nous devons agir ainsi avec nos employés et nos enfants.
Le Messager (BP sur lui) planifia ainsi la bataille : creuser le Khandaq (tranchée), le faire surveiller par les mille et cinq cents guerriers disponibles parce que certains ennemis pouvaient l'escalader et enfin mettre les femmes et les enfants en lieu sûr. Il divisa ensuite les hommes en groupes de vingt-cinq personnes dont chacun devait creuser un bout de soixante mètres qu'il défendrait plus tard. Abou Bakr et ‘Omar devaient surveiller la bonne marche des travaux. Le Messager (BP sur lui) surveillait le tout et travaillait un peu avec chaque groupe pour leur hausser le moral. Tout cet effort était fait pour le Message et pour que Allah soit adoré sur Terre. Pouvons-nous faire de même de nos jours pour renouveler ce Message comme il se doit ? Je vous prie de ne pas oublier ces sens de la Sira après Ramadan. Le Prophète (BP sur lui) allait d'un groupe à l'autre et travaillait avec ceux qui transportaient la terre creusée. La peur était grande, les hommes doutaient un peu du triomphe, à cause de Uhud, et le Khandaq était la seule solution vu que l'ennemi comptait dix milles combattants. De plus, la famine sévissait à Médine. Tous avaient des pierres attachées à leurs ventres pour apaiser la faim et le Messager lui-même en avait deux.
Malgré tout cela, le moral était très haut et Hassâne ibn Thâbet, le poète de Médine, composa des vers que tous chantaient et qui disaient :
Par Allah et, si ce n'était Lui,
Nous ne nous serions jamais assagis,
D'aumône et de prière nous n'aurions pas fait.
Raffermis nos pieds à la rencontre, recouvre-nous de paix.
Si du tort les autres nous voulaient
Et que le trouble ils mettaient
Nous y serions tous opposés.
Les Musulmans lui répondaient :
Nous sommes ceux qui ont prêté serment
A Mohammad pour la lutte éternellement
Omar n'était pas heureux d'entendre des chants dans un moment aussi sérieux. Il a raconté plus tard que, en relevant le regard et en voyant le Messager (BP sur lui) reprendre le refrain avec ses compagnons, et quand ces derniers chantaient "s'ils veulent nous dissocier, nous le refuserons", le Prophète chantait derrière eux "nous le refuserons, nous le refuserons, nous le refuserons", il se mit à chanter avec eux. Il faut faire là une petite remarque et dire que cela prouve que le chant et les arts ne sont pas défendus par l'Islam, à condition qu'ils ajoutent à la valeur morale de l'être.
Le Prophète lui-même partageait ces beaux moments avec ses compagnons et inventait à son tour des chansons pour encourager les ançars et les émigrants. Il inventa à titre d'exemple une chanson dans laquelle il invoquait Allah comme suit :
Ô Allah, il n'existe aucune vie que celle de la vie future,
Ô Allah accorde ta clémence aux Ançars et aux Emigrants
Les compagnons à leur tour répondirent par une autre chanson disant :
Nous sommes ceux qui ont prêté serment d'allégeance à Mohammad
de le soutenir à jamais dans son jihad
Nous sommes ceux qui ont accepté la guidance
Nous sommes les appelants au chemin d'Allah et les héros du sacrifice
Evoquons aussi l'histoire selon laquelle le Prophète changea le nom de l'un de ses compagnons de Jo'ayl à Omar. Les arabes inventèrent alors à cette occasion une chanson qui disait :
Il changea son prénom de Jo'ayl à Omar
Quelle chance d'avoir le Prophète comme souteneur
Et à chaque fois que le Prophète entendait cette chanson, il répétait à la fin de chaque vers les mots Omara et ensuite thahara.
Tout ceci devrait illustrer comment la vie se déroulait pendant les jours où les compagnons du Prophète creusaient le fossé. Le Prophète essayait de remonter le moral de ses compagnons et voulait leur manifester qu'il était proche d'eux, qu'il sentait leur douleur et qu'il était conscient de leurs souffrances. Qu'Allah nous fasse voir cette scène au paradis.
Au bout de cinq jours de creusement de la tranchée, les compagnons souffraient de la fatigue et de la faim et leur tâche devenait de plus en plus difficile à accomplir. Jâber Ibn Abdillah demanda alors à sa femme si elle avait de quoi nourrir le Prophète et quand elle répondit qu'elle ne disposait plus que d'une tranche de poulet et d'une poignée d'orge, il lui ordonna de la conserver pour le Prophète et de ne pas la donner à ses enfants.
Il alla tout de suite aviser le Prophète de ce qu'il peut lui offrir comme repas mais le Prophète lui demanda : ”Veux-tu que je vienne seul Jâber ? Veux-tu que je mange tandis que le reste de l'armée souffre de la faim ? “ Puis il se plaça au sommet de la montagne de Sal' et annonça à tous ses compagnons qu'ils prendraient leur repas ce jour-ci chez Jâber. Ce dernier se précipita vers sa femme pour lui annoncer la décision du Prophète d'amener toute l'armée pour manger de ce repas très modeste mais sa femme lui dit : « puisque tu as expliqué au Prophète et qu'il a pris cette décision, Allah et son Prophète savent certainement mieux que nous. »
Ce jour-là, le Prophète ordonna à son armée d'entrer groupe par groupe dans la maison de Jâber pour prendre leur repas et toute l'armée, fatiguée et affamée depuis cinq jours, fut rassasiée et il resta de quoi nourrir Jâber et sa famille, grâce à la bénédiction du Prophète.
C'était un miracle qui n'arriva que lorsque les Musulmans firent preuve d'altruisme. Lorsque Jâber décida de donner son repas au Prophète et lorsque le Prophète décida de ne pas manger seul, le miracle eut lieu.
Chaque nuit de cette période, le Prophète revenait épuisé et dormait la tête sur les genoux de Aicha, qui pendant ces jours difficiles lui portait un grand soutien.
Le creusement d'une tranchée de 4 kilomètres de longueur fut achevé au bout de 10 jours mais il resta un grand roc que les musulmans furent incapables d'effriter. Même Abou Bakr et ‘Ali ne purent y arriver. Le Messager leur dit d'arroser le roc d'un peu d'eau, prit la pioche et lui donna un coup qui fit surgir des étincelles et fit sursauter les Compagnons qui y assistaient. Il cria : “Allahou Akbar (Allah est plus Grand), la Perse a été envahie.” Il donna un second coup et cria : “Allahou Akbar, Byzance a été envahie.” Il donna un troisième coup et le roc tomba en poussière.
Pourquoi le Messager (BP sur lui) a-t-il mentionné Byzance et la Perse ? Pour aviver l'espoir, il aimait le faire souvent.
Le siège :
A leur arrivée devant Al-Khandaq, les gens de Qoraïche furent surpris de cette nouvelle invention des Arabes. Ils étaient venus combattre et partir, ils n'étaient pas prêts pour un siège. Ainsi, avec son esprit d'entreprise, le Messager (BP sur lui) obligeait toujours ses ennemis à réagir et devenait ainsi maître de la situation.
Le siège dura vingt-quatre jours et Qoraïche guettait la plus petite distraction du côté musulman. Amr ibn al-‘Âç et Khaled ibn al-Walîd arpentaient la tranchée avec l'escadron de cavalerie. Ils s'étaient mis d'accord avec Abou Soufiâne d'agir vite à leur signal. Le Messager (BP sur lui) avait pris ses précautions et établi un plan de surveillance précis. Chaque groupe de vingt-cinq compagnons avait à sa tête un commandant et Sa‘d ibn Mou‘âdh allait et venait tout au long de Al-Khandaq pour s'assurer que tous étaient bien aux aguets. Abou Bakr et ‘Omar surveillaient ensuite le tout. Le Messager lui-même se tenait sur le mont Sal‘ pour avoir une vue de l'ensemble.
Qoraïche eut alors l'idée de se faire aider par les Juifs de l'intérieur de Médine. Bani Qaïnouqâ‘ et Bani An-Nadîr avaient été obligés de partir mais il y avait toujours les Bani Qoraïtha qui avaient signé la constitution avec le Messager (BP sur lui). Les mécréants de la Mecque pensaient que si les enfants et les femmes étaient attaqués à l'intérieur de Médine, les Musulmans se verraient obliger de courir à leur secours ou d'envoyer quelques bataillons et la tranchée serait dès lors moins bien surveillée. L'état des Musulmans a été ainsi décrit par ce verset - qui peut être traduit par - : “ Quand ils vous vinrent d'en haut et d'en bas [de toutes parts], et que les regards étaient troublés, et les cœurs remontaient aux gorges, et vous faisiez sur Allah toutes sortes de suppositions... Les croyants furent alors éprouvés et secoués d'une dure secousse. ” (TSC[i], Al-'Ahzâb (LES COALISES) : 10-11).
Houyaï ibn Akhtab s'en alla vers Ka‘ab ibn Sa‘d, le chef des Bani Qoraïtha, et lui dit : “Ô Ka‘b, je suis venu avec tous les biens du monde. Je suis venu avec Qoraïche et Ghatfâne, tout ce qu'il y a de plus honorable au monde pour éradiquer Mohammed.” Il lui répondit : “Tu viens avec l'humiliation ? Je n'ai vu de Mohammed que de la loyauté et de la franchise. Il ne m'a rien pris de mes biens, ne m'a pas obligé à suivre sa religion et lorsqu'il vous a chassé, il ne m'a pas rendu responsable de vos actions”.
Ka‘ab essayait de résister mais Houyaï insista et finit par le convaincre. Le Prophète (BP sur lui) le sut et en fut très soucieux. Djibrîl ne se manifestait pas alors le Messager (BP sur lui) envoya Sa‘d ibn Mou‘âdh et Sa‘d ibn ‘Obada s'assurer de la nouvelle. Le premier était issu de la tribu des Aws dont les Bani Qoraïtha étaient les alliés avant la venue de l'Islam à Médine. Il dit à Ka‘b : “Ô Ka‘b, n'as-tu pas signé un pacte avec le Messager d'Allah ?” Il lui répondit : “Qui est le Messager d'Allah. Il n'y a rien entre nous et vous, nous avons déchiré l'acte.”
Le Messager (BP sur lui) avait recommandé à Sa‘d de ne pas venir dire la réponse en public si elle était mauvaise et de l'annoncer si elle était bonne. A son retour, ce dernier cria au Prophète (BP sur lui) : “Ô Messager d'Allah, ‘Adl et Qârra (des noms de tribus qui avaient commis une grande traîtrise envers le Prophète et les Compagnons).” Aussitôt, pour ne pas décourager l'armée, le Messager (BP sur lui) cria néanmoins : “ Allahou Akbar. Bon augure, attendez-vous au triomphe de la part d'Allah.” Puis, très soucieux, il se couvrit le visage et se mit à réfléchir. Mais la nouvelle avait été répandue par les Juifs à l'Intérieur de Médine. La situation était difficile et les hypocrites ajoutaient à la difficulté avec leurs insinuations. Ils se moquaient de ce que le Messager (BP sur lui) avait dit au sujet de la Perse et de Byzance quand il cassait ce roc et ce verset est venu commenter leur propos -il peut être traduit par - : “ Et quand les hypocrites et ceux qui ont la maladie [le doute] au cœur disaient : « Allah et Son messager ne nous ont promis que tromperie ». " (TSC, ‘Al-'Ahzâb' (LES COALISES) : 12). De même, un groupe d'entre eux dit : « Gens de Yathrib ! Ne demeurez pas ici. Retournez [chez vous] ». Un groupe d'entre eux demande au Prophète la permission de partir en disant : « Nos demeures sont sans protection », alors qu'elles ne l'étaient pas : ils ne voulaient que s'enfuir. " (TSC, ‘Al-'Ahzâb' (LES COALISES) : 13).
Les Bani Qoraïtha envoyèrent un homme pour leur apporter des nouvelles et semer la peur à Médine. Il s'approcha du fort gardé par Hassân ibn Thâbet où se trouvait Safiya, la tante du Prophète. Celle-ci vit l'homme et cria à Hassân de le tuer mais ce dernier qui était un poète tendre et ne savait pas tenir une épée lui répondit qu'il ne pouvait le faire. Elle prit une barre de fer en donna un coup sur la tête de l'homme et le tua. Elle cria ensuite à Hassân d'aller couper la tête de l'homme et d'aller la jeter devant les forts juifs afin de les leurrer sur la réelle défense du fort, mais il en était également incapable et elle dut le faire elle-même. Voyez la manifestation de courage apportée par les femmes musulmanes qui égale les sacrifices des hommes.
Dans sa tentative de sauver la ville, le Messager eut une idée et s'en fut vers la tribu Ghatfâne, alliée de Qoraïche, et leur dit : “Accepteriez-vous de partir et de prendre le tiers des récoltes de Médine ?” Ils acceptèrent après avoir d'abord exigé la moitié. Il leur dit alors : “Je dois consulter mes Compagnons.” Il appela alors Sa‘d ibn Mou‘âdh et Sa‘d ibn ‘Oubada et leur rapporta sa conversation avec Ghatfâne. Ils lui répondirent : “Ô Messager (BP sur lui) d'Allah, as-tu conclu avec eux, alors nous nous taisons ?” Il leur répondit : “Je n'ai pas le droit de le faire avant de vous le demander.” Sa‘d ibn Mou‘âdh dit : “Ô Messager d'Allah, fais-tu cela parce que tu en as reçu l'ordre par révélation ou parce que c'est une chose que tu aimes ou bien est-ce pour notre bien à nous ?” Il lui répondit : “Je le fais pour vous. Je veux disperser les Arabes qui se sont unis contre vous.” Sa‘d dit : “ Ô Messager d'Allah, lorsque nous étions encore mécréants, personne de ceux-là n'aurait osé prendre quelque chose de Médine sans payer son prix. Maintenant que nous avons la force de l'Islam, nous le leur permettrons ? Par Allah, ils n'auront de nous que les coups d'épée.”
Voyez-vous comment un pays peut-être cher pour ses habitants ? Nous subissons depuis longtemps l'injustice des pays occidentaux colonisateurs qui prennent nos matières premières et nous les rendent fabriquées. Ils réalisent du profit et le chômage sévit dans nos pays. Ces droits doivent nous revenir. Les Compagnons n'ont pas voulu donner un seul fruit de Médine sans en prendre le prix et le Prophète (BP sur lui) les approuvait.”
Le siège durait depuis vingt-trois jours et le Messager (BP sur lui) se voyait obligé d'envoyer des hommes pour défendre les femmes et les enfants et le Khandaq devenait plus vulnérable. ‘Amr ibn Woud, un des mécréants, duelliste de premier ordre et qui n'avait jamais été vaincu, essaya de le traverser. Il y descendit avec son cheval et cria : “Qui est-ce qui viendra se mesurer à moi ?” Il répéta cet appel plusieurs fois avant que ‘Ali ne demande au Messager la permission d'y aller. Le Messager lui dit : “Assis-toi Ali, c'est ‘Amr ibn Woud.” Ali répéta sa demande plusieurs fois et le Prophète (BP sur lui) lui donna son épée et fit des invocations pour lui.
Ali fit face à l'homme qui lui demanda qui il était. A la réponse de Ali, il lui dit : “Je n'aimerai pas te tuer parce que ton père était mon ami.” Ali lui répondit : “ Moi, j'aimerai te tuer et tu choisis entre embrasser l'Islam, partir de suite vers la Mecque ou avoir la gorge coupée.”
Ibn Woud, furieux, coupa les jarrets de son cheval (pour prouver qu'il allait combattre jusqu'à la mort), enduit son visage avec le sang de l'animal et donna un coup à Ali. La poussière soulevée par leur combat ne laissait rien voir et le Prophète ne cessait d'invoquer Allah. Soudain, ils virent une silhouette sortir des nuages de poussière en criant “Allahou Akbar”. C'était Ali avec la tête de ‘Amr ibn Woud en main. Le Messager lui dit de la jeter de l'autre côté du Khandaq pour terroriser les ennemis.
Durant ce siège, Sa‘d ibn Mou‘âdh, le chef des Aws, reçut une flèche au coude et perdit beaucoup de sang. Le Messager qui l'aimait beaucoup donna l'ordre d'installer une tente pour le blessé dans la mosquée, tout près de sa maison, et fit appeler Roufaïda, la première infirmière musulmane. Sa‘d priait Allah et disait : “Ô Allah, si je devais mourir de cette blessure, garde-moi en vie tant qu'il y aura des combats entre nous et Qoraïche et si c'est le dernier, ne me fais pas mourir avant de me venger des Bani Qoraïtha.” Aussitôt, le sang s'arrêta.
Au milieu de toutes ces péripéties, un homme appelé Nou‘aïm de la tribu de Achga‘ ibn Mass‘oûd qui se trouvait parmi les mécréants vint dire au Messager qu'il était devenu musulman et disposé à suivre ses ordres. Le Prophète (BP sur lui) lui répondit qu'il n'y avait pas grande chose à faire pour le moment mais qu'il pouvait retourner parmi les mécréants et les tromper à leur sujet.
L'Homme s'en alla vers les Bani Qoraïtha qui ignoraient qu'il était devenu Musulman et leur dit : “Ô vous, les Ban Qoraïtha, vous savez mon amitié pour vous.” Ils répondirent : “Oui, nous n'avons aucun doute à ton sujet.” Il reprit : “Vous savez que Qoraïche ne sont pas de ce pays, s'ils décident d'arrêter le siège, ils repartiront et vous laisseront entre les mains de Mohammed.” Ils lui demandèrent ce qu'il leur conseillait et il leur dit : « Incitez-les au combat et demandez-leur cinquante hommes en otage afin d'être sûrs qu'ils ne vous abandonneront pas sans s'être battus. S'ils refusent, vous devriez craindre pour vous-mêmes. » Ils acquiescèrent.
Nou‘aïm s'en alla ensuite vers Abou Soufiâne et lui dit : “J'ai su que Mohammed s'était réconcilié avec les Bani Qoraïtha qui lui ont promis de lui livrer cinquante des vôtres pour lui prouver leurs bonnes intentions.” Abou Soufiâne envoya alors aux Bani Qoraïtha leur demander quand est-ce qu'ils allaient commencer le combat. Ils lui répondirent qu'il devait leur donner d'abord cinquante hommes des siens. Il se dit en son for que Noa‘ïm avait raison et refusa. Le chef des Bani Qoraïtha pensa de même de No‘aïm et ainsi ce dernier sauva toute l'armée Musulmane par un seul acte.
Au vingt-quatrième jour du siège, le Messager (BP sur lui) se mit à implorer Allah. Au soir, un vent terrible souffla. Il arrachait les tentes et tout ce qui était dans le campement ennemi. Ce verset explique ce qui s'était passé -peut être traduit par : “Ô vous qui croyez ! Rappelez-vous le bienfait d'Allah sur vous, quand des troupes vous sont venues et que Nous avons envoyé contre elles un vent et des troupes que vous n'avez pas vues. Allah demeure Clairvoyant sur ce que vous faites. " (TSC,' Al-'Ahzâb' (LES COALISES) : 9).
Sachez qu'Allah peut envoyer Ses guerriers à tout instant et en toute époque mais il faut mériter ce miracle. Le coran dit - ce qui peut être traduit par - :“ Ô vous qui croyez ! si vous faites triompher (la cause d') Allah, Il vous fera triompher et raffermira vos pas. " (TSC, ‘Mouhammad' : 7).
En cette nuit glaciale, le Prophète demanda à se Compagnons si l'un d'entre eux pouvait aller lui apporter les nouvelles de l'ennemi. Personne n'osait bouger à cause du froid et par peur. Il en chargea enfin Houdhaïfa et lui dit de ne pas provoquer de combat. Ce dernier racontait qu'il était parti, tremblant de froid, mais une fois là-bas, il sentit par la grâce d'Allah comme s'il était dans un bain chaud. Il vit l'armée ennemie en branle-bas et Abou Soufiâne qui appelait ses gens à lui. Houdhaïfa se glissa parmi eux et entendit Abou Soufiâne dire : “Je veux vous dire quelque chose d'important et que chacun s'assure de son voisin car je ne suis pas sûr qu'il n'y ait pas des espions de Mohammed.” Craignant pour sa vie, Houdaïfa s'empressa de s'adresser à son voisin, inquisiteur : “Qui es-tu ?” Il dupa ainsi son voisin, demandant le premier afin que personne ne l'interroge.
Voyez-vous comment les Compagnons du Prophète étaient perspicaces et intelligents ? Ils ne se contentaient pas de pratiquer le culte, retirés du monde. Houdhaîfa racontait qu'en voyant Abou Soufiâne devant lui, il pensa le tuer mais se rappela l'ordre du Messager et se retint. Abou Soufiâne dit : “Les Juifs vous ont délaissés et les vents vous attaquent, je pars, suivez-moi.”
Houdhaïfa dit : “J'ai remercié Allah de ne pas avoir provoqué de combat, je suis retourné vers le Prophète (BP sur lui) qui priait et je recommençai alors à sentir le froid. Il me recouvrit de sa cape et me garda serré sous son bras durant toute sa prière. ” Après avoir terminé, le Messager (BP sur lui) loua Allah et dit : “Il n'y a d'autre dieu que Allah Seul et Unique qui a tenu Sa promesse, a fait triompher Son Serviteur, a soutenu Ses guerriers et vaincu Seul les partis. Dorénavant, nous les envahirons et ils ne pourront pas nous envahir.”
Notre Prophète et ses Compagnons retournèrent chez eux, extrêmement épuisés, mais Djbrîl descendit lui dire : “Ô Mohammed, est-ce que vous avez déposé vos armes avant les Anges ? Il faut punir la traîtrise des Bani Qoraïtha, Allah n'aime pas les traîtres.”
Le Prophète (BP sur lui) ordonna alors de lancer cet appel aux gens :
“ Que celui qui est soumis et obéissant ne prie le ‘Açr (prière de l'après-midi) qu‘à Bani Qoraïtha.” Les Musulmans les assiégèrent pendant quatorze jours. Les Juifs voulurent abandonner leurs armes et partir hors de Médine mais le Messager leur dit que c'était à lui de décider. Ils demandèrent l'arbitrage de Sa‘d ibn Mou‘âdh et le Messager accepta. Ce dernier vint et leur dit : “Vous accepteriez ma sentence ? ” Ils répondirent : “Oui.” Il leur dit : “Je vois que les hommes doivent être tués, les femmes et les biens pris.” Le Prophète (BP sur lui) approuva : “Tu as prononcé la sentence d'Allah, ô Sa‘d”
L'Islam recommande la miséricorde et la compassion mais la traîtrise est une faute grave, rappelons-nous.
Conclusion :
Cet épisode fini, la blessure de Sa‘d recommença à saigner. Le Prophète (BP sur lui) le prit dans ses bras et ses habits se couvrirent de son sang. Il disait : “Ô Sa‘d, le Trône d'Allah tremble à ta mort (à cause de tous les Anges qui s'affairaient pour préparer et assister aux funérailles de Sa‘d).
Ainsi mourut Sa'd et il fut enterré à Al-Baqi'. Et ainsi fut la bataille du Khandaq. Rassemblez vos forces, chers auditeurs et attendez-nous demain pour parler de la situation sociale à Médine et de l'histoire racontée sur Sayyeda Aîcha.
Source : www.AmrKhaled.net ©
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