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Sur les pas du bien-aimé Mohammed-Episode 20 : Des difficultés et des choix-
Imane J
Publié dans
Jeunes du Maroc
le 11 - 12 - 2005
Introduction :
L'épisode d'aujourd'hui traite deux sujets différents. Une première partie parle des dix dernières nuits de Ramadan, et une deuxième partie parle des évènements de la quatrième année après la Hidjra.
Les jours passent vite et nous voici aux derniers jours de Ramadan. Allah choisit et élit constamment parmi Ses serviteurs. Il choisit toujours la personne qui a du bien en elle, Il est l'Omniscient. Il a dit par exemple à Moûssa (Moïse) - ce qui peut être traduit par - :“ Et (Allah) dit : « Ô Moïse, Je t'ai préféré à tous les hommes, par Mes messages et par Ma parole. Prends donc ce que Je te donne, et sois du nombre des reconnaissants ». " (TSC[i], Al-'A`râf : 144). Il dit également - ce qui peut être traduit par - : “(Rappelle-toi) quand les Anges dirent : « Ô Marie, certes Allah t'a élue et purifiée ; et Il t'a élue au-dessus des femmes des mondes. " (TSC, 'Al-`Imrân (LA FAMILLE D'IMRAN) : 42). Il a dit encore à Moûssa (Moïse)- ce qui peut être traduit par - : “ Et je t'ai assigné à Moi-Même. " (TSC, Tâ-Hâ : 41).
Allah a choisi les prophètes parmi les humains et ensuite les importants (ceux qui communiquaient un message) parmi ceux déjà choisis. Il a élu Mohammed (BP sur lui) parmi ces derniers et en a fait le dernier des prophètes. Il lui a choisi également ses Compagnons et sa Umma (nation) à qui Il a dit - ce qui peut être traduit par - : “Vous êtes la meilleure communauté, qu'on ait fait surgir pour les hommes. (TSC, 'Al-`Imrân (LA FAMILLE D'IMRAN) : 110). De cette Umma, Il a élu les martyrs et a dit - ce qui peut être traduit par - : “et qu'Il choisisse parmi vous des martyrs (TSC, 'Al-`Imrân (LA FAMILLE D'IMRAN) : 140). D'elle également, Il a choisi les gens du Coran et ses élites (ceux qui étudient le Coran).
Allah a élu Djbrîl (Gabriel) parmi les Anges, Ramadan parmi les mois, les jours de Dhoul Hidjja (du pèlerinage) parmi les jours, et Leilat Al-Qadr (La nuit de la Destiné) parmi les nuits. Il a choisi cette dernière entre les dix dernières de Ramadan, l'a cachée et a élu ceux qui vont y assister chaque année. Voyez comment Il a choisi ceux qui voient cet épisode parmi six milliards d'êtres humains et ceux parmi eux qui vont aimer la foi et vont adorer Allah cette nuit. Il a choisi ceux qui vivent entre eux aujourd'hui, puisqu'il y a des gens qui meurent chaque jour, et leur a fait vivre les vingt derniers jours de Ramadan pour attirer leur attention sur l'importance de cette nuit et pour leur montrer qu'ils ont été élus pour que qu'ils se perfectionnent. Avez-vous ressenti l'importance de cette nuit particulière ? Nous devons concevoir combien nous sommes honorés ce soir. Il se peut que Leilat Al-Qadr soit cette nuit. Savez-vous pourquoi elle a reçu ce nom ? Elle est si majestueuse et si honorable que Allah nous pose cette question - qui peut être traduite par - : “Et qui te dira ce qu'est la nuit d'Al-Qadr ? " (TSC, AL-QADR (LA DESTINEE) : 2). Vous ne pourrez jamais imaginer sa valeur, sa majesté et ce qu'elle apporte comme grâces. Non seulement elle est valeureuse elle même, mais c'est également pendant cette nuit que les destins et les grâces sont évalués. Il est vrai qu'ils le sont depuis l'éternité, mais ils sont renouvelés chaque année. Imaginez lorsque Allah dit - ce qui peut être traduit par - : “Durant celle-ci descendent les Anges ainsi que l'Esprit, par permission de leur Seigneur pour tout ordre. " (TSC, AL-QADR (LA DESTINEE) : 4). Cette nuit est une grande célébration dans l'univers et les Anges et Djbrîl (Gabriel) descendent par milliers sur terre. C'est la nuit où Mohammed (BP sur lui) reçut la mission et le Coran fut révélé, elle est fortement liée à la Sira (biographie) du Prophète (BP sur lui). Allah dit - ce qui peut être traduit par - : “Elle est paix et salut jusqu'à l'apparition de l'aube. " (TSC, AL-QADR (LA DESTINEE) : 5). Allah fait la paix cette nuit avec Ses serviteurs, Il exauce nos prières, nous sauve de l'Enfer, nous guide vers la sagesse et nous montre Son agrément. Les Anges et toute la terre sont également en paix avec nous. L'acte de piété cette nuit égale celui de mille autres mois. Imaginez-vous tout ce qui peut être mis à votre compte comme bonnes actions si chacune faite équivaut à toutes ses pareilles accomplies en quatre-vingt-quatre ans. C'est une nuit qui donne une chance d'être sauvé de l'Enfer et où les invocations sont exaucées.
A la venue de Leilat al-qadr, le Messager (BP sur lui) ressemblait à quelqu'un qui se retrousse les manches pour passer à une action importante. Bien qu'il priât toutes les nuits de l'année, pendant celle-ci en particulier, il réveillait ses femmes pour prier. Les femmes qui ont l'excuse de leurs menstrues peuvent faire des invocations et du Dhikr (louanges à Allah). Elles auront la même récompense si elles le font avec cœur.
Les conséquences de la bataille de Uhud :
La quatrième année de l'Hégire à Médine fut celle de l'édification de la Umma. Pendant les deux premières années, le Messager (BP sur lui) avait restructuré la société et lié ses différentes parties. Il avait réussi à faire en deux ans ce que les autres nations font en cinquante. A la fin de la seconde année, il avait entrepris la bataille de Badr qui avait énormément rehaussé le moral de la communauté qui fut à nouveau éprouvée par les évènements de Uhud.
Nous étions déjà à la quatrième année et nous allons considérer seulement les conséquences de cette dernière bataille. Fut-elle une défaite ? La plupart des livres de la Sira ne la considèrent pas ainsi. Est-ce parce que les deux armées se sont séparées sans que l'une ait triomphé de l'autre ou parce qu'ils pensent qu'il serait honteux de parler d'un échec des Musulmans ? Nous ne sommes pas en mesure de juger du point de vue stratégie militaire, mais du point de vue considération honorifique, le sujet ne doit pas être pris ainsi parce que l'épreuve de Uhud est une leçon qui sera profitable jusqu'au Jour de La Résurrection. Elle nous apprend que, suite à la désobéissance à Allah ou à Son messager, l'échec est inéluctable, c'est une règle de l'univers. Nous ne devons pas penser que nous les Musulmans, les petits-fils des Compagnons, ne pouvons être vaincus, même si le Messager est parmi nous et qu'il risque d'être tué à cause de nos fautes. C'est une règle éternelle, si nous contredisons les ordres d'Allah et de Son messager nous échouerons, et les invocations ne pourront rien arranger. Nous avons cet exemple des tireurs de Uhud qui étaient descendus du mont et nous pouvons également le remarquer en considérant notre histoire durant les deux derniers siècles. A chaque Ramadan, nous faisons énormément d'invocations mais notre état reste le même parce que nous n'accomplissons rien de positif pour faire triompher le Message divin.
Même si nous ne considérons pas Uhud comme une défaite, nous devons imaginer les larmes du Prophète à la mort de Hamza et combien il était peiné ; les regrets des tireurs qui n'étaient pas tous morts ; la réception faite à l'armée par les hypocrites ; les Juifs de Médine qui pensaient ne plus faire cas de la constitution ; les autres tribus qui voyaient l'image des croyants s'ébranler. La quatrième année de l'hégire portait toutes ces traces de l'échec à Uhud et les Musulmans devaient le subir en conséquence à la désobéissance de quelques-uns d'entre eux. Une leçon rude. Les tribus qui se trouvaient sur la route entre Médine et la Mecque et qui avaient été neutralisées pensaient retourner vers Qoraïche et se disaient que le triomphe de Badr des Musulmans n'avait été qu'un coup de chance. Nous devons nous demander, si la désobéissance de quarante Musulmans fut la cause de tous ces malheurs, qu'en serait-t-il des millions de désobéissants de nos jours.
Au retour de Uhud, les Compagnons étaient découragés et les Quraychites se demandaient pourquoi ils n'avaient pas continué à se battre jusqu'à l'anéantissement des Musulmans. Ils voulaient réorganiser une autre offensive contre eux. Les Juifs de Médine, quant à eux, disaient que les Musulmans n'étaient pas capables de donner une opinion face à leur chef et devaient recevoir des ordres précis et indiscutés. Ils jalousaient le nouveau système de consultation que le Messager (BP sur lui) avait instauré pour la première fois au monde, quatorze siècles avant les constitutions dont les Européens sont très fiers. Les Compagnons doutèrent d'eux-mêmes et pensèrent que, effectivement, ils n'avaient pas à donner leur avis. Ils se demandaient où étaient les Anges et comment ces derniers étaient survenus à Badr alors que les Musulmans étaient victorieux et non à Uhud quand ils étaient vaincus, comment ils pouvaient l'être quand le Prophète était parmi eux. Les Juifs disaient également n'avoir jamais entendu parler d'une défaite survenue à un messager. Le Prophète (BP sur lui) était peiné mais des versets furent révélés et le premier -qui peut être traduit par - dit : “ ... Et consulte-les à propos des affaires ...” (TSC, 'Al-`Imrân (LA FAMILLE D'IMRAN) : 159). C'est un principe de l'Islam et du Coran, personne ne doit imposer son avis.
Ensuite, pour répondre aux doutes des Compagnons, ce verset-qui peut être traduit par- fut révélé : “ Quoi ! Quand un malheur vous atteint - mais vous en avez jadis infligé le double - vous dites : « D'où vient cela ? » Réponds-leur : « Il vient de vous-mêmes ». Certes Allah est Omnipotent. " (TSC, 'Al-`Imrân (LA FAMILLE D'IMRAN) : 165). Vous avez désobéi, vous aurez votre punition même si le Messager se trouve parmi vous. Une doctrine parfaitement équilibrée.
Pour répondre à ceux qui se demandaient où étaient les Anges le verset : -qui peut être traduit par - dit : “Et Allah ne le fit que (pour vous annoncer) une bonne nouvelle, et pour que vos cœurs s'en rassurent. La victoire ne peut venir que d'Allah, le Puissant, le Sage ; " (TSC, 'Al-`Imrân (LA FAMILLE D'IMRAN) : 126).
Le Messager (BP sur lui) avait été peiné des actes des Compagnons mais Allah lui dit - ce qui peut être traduit par - : “ C'est par quelque miséricorde de la part d'Allah que tu (Muhammad) as été si doux envers eux ! Mais si tu étais rude, au cœur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage. Pardonne-leur donc, et implore pour eux le pardon (d'Allah). Et consulte-les à propos des affaires ; puis une fois que tu t'es décidé, confie-toi donc à Allah, Allah aime, en vérité, ceux qui Lui font confiance. " (TSC, 'Al-`Imrân (LAFAMILLE D'IMRAN) : 159).
Le Coran dit aux Compagnons découragés - ce qui peut être traduit par - : “ Ne vous laissez pas battre, ne vous affligez pas alors que vous êtes les supérieurs, si vous êtes de vrais croyants. " Si une blessure vous atteint, pareille blessure atteint aussi l'ennemi. Ainsi faisons-Nous alterner les jours (bons et mauvais) parmi les gens, afin qu'Allah reconnaisse ceux qui ont cru, et qu'Il choisisse parmi vous des martyrs - et Allah n'aime pas les injustes, " (TSC, 'Al-`Imrân (LA FAMILLE D'IMRAN) : 139,140). Et encore- ce qui peut être traduit par - : “Ne faiblissez pas dans la poursuite du peuple [ennemi]. Si vous souffrez, lui aussi souffre comme vous souffrez, tandis que vous espérez d'Allah ce qu'il n'espère pas. Allah est Omniscient et Sage. " (TSC, An-Nisâ' (LES FEMMES) : 104).
Nous devinons ce que le Messager (BP sur lui) devait penser cette nuit. Il voulait relever le moral de ses Compagnons, retrouver leur dignité et empêcher Qoraïche de penser leur faire du mal de nouveau. Sur le trajet de retour de Uhud, il fit la prière de Al-‘Açr (prière de l'après-midi) et prit un peu de repos avec les Compagnons. Il sut que Qoraïche se reposait à huit milles et il voulut leur enlever le sentiment d'avoir triomphé des Musulmans. Après la Salat du Fadjr, il réprimanda la foule et dit : “Je pars à la rencontre de Qoraïche et il n'y a que ceux qui m'ont accompagné hier qui peuvent le faire aujourd'hui.” Il voulait leur rehausser le moral et savait que Qoraïche n'allait pas répondre aux provocations. Toute la contrée devra connaître l'incident parce que s'ils retournaient sans rien faire le découragement sera général et les ennemis s'enhardiront contre Médine.
Abou Soufiân de son côté pensait faire la même chose. Mais le Messager (BP sur lui) n'a jamais agi par réaction, il faisait toujours le premier pas et cela est meilleur en ce sens que celui qui commence impose son plan. Tous ceux qui étaient revenus repartirent avec lui, même les blessés furent portés. Malgré leur fatigue et leur peine pour leurs morts, personne ne dit un mot. Le Message leur était cher et il faut se rappeler que tout cela n'était dû qu'au refus de Qoraïche de répondre à cet appel du Messager “Ne vous interposez pas entre les gens et moi”. Il ne voulait pas faire la guerre parce qu'il est le Prophète de la miséricorde mais Qoraïche l'y obligeait.
Je me demande si ceux qui regardent l'épisode sont prêts à faire de pareils sacrifices pour le Message. Tant que les biens matériels sont plus chers pour nous que le Message, que la Terre nous est moins chère que nos enfants, nous n'aboutirons à rien. Vous n'avez pas à me demander ce que vous devez faire. Soyez positif et réagissez, nous nous rencontrerons sûrement au milieu du chemin.
Hamrâ' al-Assad où se trouvait encore Qoraïche se trouvait à huit milles. Le Messager (BP sur lui) alla vers eux pour remonter le moral de ses Compagnons et faire savoir à tout le monde que les Musulmans étaient encore forts et que personne ne devait s'aventurer à les attaquer.
Abou Soufiân qui craignait la rencontre envoya un homme de Qoraïche faire peur aux Musulmans. Il leur cria : “Ô Mohammed, que viens-tu faire, Qoraïche portent leurs peaux de tigre.” Le Messager (BP sur lui) lui répondit : Répète, ce que tu dis devant les gens.” Après que l'homme eut répété ses paroles, Le Prophète (BP sur lui) dit à ses compagnons : “Dîtes : “Certes ceux auxquels l'on disait : « Les gens se sont rassemblés contre vous ; craignez-les » - cela accrut leur foi - et ils dirent : « Allah nous suffit ; Il est notre meilleur garant ». " (TSC, 'Al-`Imrân (LA FAMILLE D'IMRAN) : 173). Toute l'armée se mit à scander ces paroles d'une seule voix. Et Allah révéla ces paroles -qui peuvent être traduites par - : “ Certes ceux auxquels l'on disait : « Les gens se sont rassemblés contre vous ; craignez-les » - cela accrut leur foi - et ils dirent : « Allah nous suffit ; Il est notre meilleur garant ». " (TSC, 'Al-`Imrân (LA FAMILLE D'IMRAN) : 173).
À son retour de Hamrâ' al-Assad, le Prophète, avait pu garantir que les Quraychites ne l'attaqueraient pas dans l'immédiat. Mais cela ne dura pas longtemps car Abou Soufiân ordonna à un homme qui s'appelait Khaled Ibn Soufiân de préparer une armée pour partir conquérir Médine. Ce dernier vouait au prophète une haine viscérale et il était d'une constitution robuste et un combattant aguerri. Il désirait à tout prix réaliser l'exploit qu'Abou Soufiân exigeait de lui.
Quand le Prophète sut que les Quraychites se préparaient pour une nouvelle attaque, il ne voulut pas les affronter et tenait à épargner à ses compagnons une autre bataille alors qu'ils ne se sont pas encore remis de leur défaite d'Uhud. Il demanda à Abdullah Ibn Ounays non pas moins que d'aller à la Mecque, de s'y infiltrer et de tuer Khaled Ibn Soufiân et de revenir ! Abdullah ne connaissait pas Khaled Ibn Soufiân et quand il demanda au Prophète de le lui décrire, ce dernier lui dit que la seule vue de son visage le ferait penser au diable et lui inspirerait la peur.
À son arrivée à la Mecque, Abdullah s'aperçut que l'armée s'est ébranlée en partance vers Médine. Cela l'épouvanta et il décida d'agir vite pour épargner à ses compagnons cette nouvelle bataille. Il se faufila alors parmi les troupes et commença à crier des invectives contre le Prophète pour attiser le courroux des Quraychites et surtout pour attirer l'attention de Khaled Ibn Soufiân sur lui. Une ruse qu'il employa pour pouvoir s'approcher de lui. Quand Khaled Ibn Soufiân remarqua Abdullah, il l'appela et l'interrogea sur son identité. Abdullah lui répondit non sans ironie : je suis quelqu'un qui porte une haine envers Mohammed plus impitoyable que ta haine envers lui. Khaled Ibn Soufiân impressionné, l'approcha de lui et fît de lui son gardien.
Abdullah profita alors du sommeil de Khaled Ibn Soufiân pour le tuer dans sa tente. Quand ses esclaves s'aperçurent de la mort de leur maître, elles crièrent et ameutèrent toute la tribu. Abdullah se sauva et se cacha dans les montagnes pendant trois jours ne mangeant que le feuillage des arbres pour laisser passer l'agitation et revint à Médine ayant accompli la mission, car l'armée s'est dissoute après la mort de celui qui l'avait rassemblée.
Le Prophète était à Médine anxieux et attendait des nouvelles de Abdullah. Quand ce dernier arriva, il le rassura en lui disant qu'il s'était bien acquitté de sa tâche. Le Prophète en fut très content, et il récompensa Abdullah en lui offrant son bâton. Abdullah qui s'attendait à une récompense plus grande parut déçu. Le Prophète lui dit alors : « ô Abdullah, garde avec toi ce bâton, le jour de la résurrection, viens me voir et je te ferai entrer au paradis ».
Abdullah racontait qu'il ne s'était jamais séparé de ce bâton. Il le mettait même contre lui quand il se mettait au lit et il recommanda à ses proches de l'enterrer avec lui. Il dit : le jour du jugement je prendrai le bâton et je m'en irai vers le Prophète et je lui dirai : voici le bâton ô messager, fais-moi entrer au paradis !
Les malheurs ne s'arrêtèrent pas moins durant cette année ; l'année quatre après l'hégire. Une tribu de celles qui vivaient dans le voisinage de Médine envoya des délégués et sollicitèrent le Prophète pour qu'il leur envoie quelqu'un qui leur apprendrait l'Islam, ils prétendirent qu'ils tenaient à embrasser sa religion mais voulaient s'instruire d'avantage à son sujet. Le Prophète leur envoya alors six de ses compagnons avec à leur tête Marteb Ibn Marteb. Ce dernier était particulièrement courageux. Il partait à la Mecque et y entrait de nuit pour aider les plus démunis et les faibles à émigrer en secret vers Médine. Durant ses va-et-vient incessants, une prostituée de la Mecque qui s'appelait 'înaq l'apostropha et l'invita à la rejoindre dans sa demeure. Marteb refusa et lui dit : je crains Allah et Son Prophète ! À son retour à Médine il partit voir le Prophète et lui demanda l'autorisation d'épouser înaq. A la suite de cet incident ce verset est révélé, Allah (exalté soit-Il) dit -ce qui peut être traduit comme : " Le fornicateur n'épousera qu'une fornicatrice ou une associatrice. Et la fornicatrice ne sera épousée que par un fornicateur ou un associateur ; et cela a été interdit aux croyants." (TSC, An-Noûr (LA LUMIERE) : 3).
Le Prophète lui conseilla alors de patienter et d'attendre sa conversion. Saurions-nous nous aussi demander conseil à nos parents et nos proches et nous en tenir à leurs recommandations ? Prenons exemple sur Marteb qui accepta le conseil du Prophète.
Le groupe des compagnons partit donc avec les délégués des tribus. Mais une fois arrivés chez eux, ceux là se retournèrent contre eux et voulurent les ligoter. Leur quête de savoir n'était qu'un subterfuge pour les trahir et les vendre à Qoraïche. Les compagnons se défendirent et trois d'entre eux tombèrent en martyrs. Les trois autres se rendirent quand on leur promit de ne pas les tuer. Mais cela aussi s'averra un mensonge ; on les captura et on les ligota. L'un d'eux résista et on le tua.
Parmi les morts, il y avait le compagnon ‘Assem Ibn Thabet. Une femme de Qoraïche voulait sa tête à tout prix, car il avait tué trois de ses enfants durant la bataille d'Uhud. Elle avait juré que si elle arriverait à le tuer elle lui couperait la tête et boirait du vin dedans. On voulut détacher la tête de ‘Assem et la donner à cette femme, mais Allah envoya par l'un de Ses miracles, un essaim de frelons qui couvrit la tête de ‘Assem ce qui empêcha les mécréants de la toucher ! N'est-il pas dit dans le coran : Allah (exalté soit-Il) dit-ce qui peut être traduit comme : "Nul ne connaît les armées de ton Seigneur, à part Lui. Et ce n'est là qu'un rappel pour les humains." (TSC, Al-Mouddaththir (LE REVETU D'UN MANTEAU) : 31). Les mécréants décidèrent d'attendre la tombée de la nuit, et que les frelons s'en aillent. Mais avant la tombée de la nuit, Allah fit tomber une pluie torrentielle qui emporta le cadavre de ‘Assem Ibn Thabet et nul ne saura plus ce qu'il en advint !
Allah laissa ces nobles compagnons mourir mais il n'a pas accepté que leurs corps soient mutilés. Il pouvait, Lui qui est Tout Puissant, leur épargner aussi la mort, mais comment saurions-nous que le sacrifice des premiers Musulmans était grand ? Que beaucoup de sang a coulé pour que vainque l'Islam et pour que nous naissions Musulmans.
Les deux compagnons qui étaient encore en vie ; Zayd Ibn Dethina et Khoubayb Ibn Adey furent vendus à Qoraïche. Le Quraychite Safouane Ibn Oumaya prit Zayd Ibn Dethina et le tua pour venger la mort de son père tué par Bilal. Quant à Khoubayb Ibn Adey, sa mort fut ajournée car les mois sacrés avaient débuté. On l'enchaîna et l'emprisonna dans une maison de la Mecque et on désigna une servante qui s'appelait Maria pour lui donner à manger. Maria racontait qu'elle trouvait toujours une grappe de raisin près de Khoubayb, alors qu'il n'y avait pas de raisin à la Mecque et que personne à part elle ne pouvait la lui donner !
Maria racontait aussi qu'un jour Khoubayb l'appela et demanda qu'elle lui apporte une lame pour qu'il se coupe les ongles, taille sa moustache et épile ses aisselles pour qu'il puisse rencontrer Allah propre. Elle lui donna une lame et le laissa. Le fils de maria qui était un petit enfant et qui s'était habitué à Khoubayb et le prit d'affection vint et s'assit dans son giron. Quand Maria entra et vit son fils assis dans le giron de Khoubayb qui tenait une lame à la main, elle eut peur et resta clouée sur place. Khoubayb la vit et remarqua son émoi, il lui dit : as-tu peur que je tue ton enfant ? Maria ne répondit pas tellement elle était terrorisée. Khoubayb lui dit : comment ferai-je cela alors que je suis le compagnon de Mohammed ? et il demanda à l'enfant d'aller rejoindre sa mère.
Maria se convertit à l'Islam par la suite, mais elle ne pouvait pas le libérer. Quand les mois sacrés passèrent, les Quraychites emmenèrent Khoubayb en dehors de la Mecque et le suspendirent à un palmier. Abou Soufiane ordonna à ses hommes de lui lancer des flèches aux pieds et aux mains pour le torturer avant de le tuer. Puis il s'approcha de Khoubayb et lui dit : dis-moi Khoubayb, ne voudrais tu pas que Mohammed soit à ta place et que toi tu sois tranquille parmi les tiens comme il est en ce moment ? Khoubayb lui répondit : par Allah je n'aimerais pas que le Prophète soit piqué par une épine alors qu'il est assis parmi les siens, comment voudrais-je qu'il soit à ma place en ce moment à endurer le supplice que j'endure ? Abou Soufiane tapa des mains et dit : par Allah je n'ai jamais vu quelqu'un aimer quelqu'un comme les compagnons de Mohammed aiment Mohammed !
Abou Soufiane s'attendrit un peu et lui demanda s'il ne voulait pas quelque chose avant de mourir. Khoubayb demanda qu'on le laisse prier. On le laissa faire et il fit une prière de deux rak'at. Il fit sa prière rapidement puis se tourna vers eux et leur dit : par Allah si je n'avais pas craint que vous pensiez que j'ai peur de mourir, j'aurais prié en toute quiétude, mais je n'ai pas peur de mourir et j'ai hâte de rejoindre le Très Haut. On le remit à sa place et on lui lança encore des flèches. Alors Khoubayb se mit à prier et dit : ô Allah, dénombre les en commun et tue les un par un et ne leur accorde point de quartier.... Les Quraychites à la force de conviction par laquelle Khoubayb faisait ses invocations, prirent peur et se mirent contre terre, croyant qu'ils esquiveraient ainsi ce mauvais sort qu'il leur jetait !
Avant de mourir, Khoubayb se mit à prier et dit ; ô Allah témoigne que j'ai porté le message de ton prophète, ô Allah fais que mon salut atteigne le Prophète avant que je meure. L'ange Jibrîl descendit et dit au Prophète que Khoubayb lui envoie son salut et qu'il va mourir à l'instant.
Quand le prophète apprit la mort de ses compagnons, il se mit en colère mais ne partit pas les venger. Il ne les vengea que trois ans après, car il n'était pas judicieux pour les musulmans à ce moment là d'ouvrir plusieurs fronts d'hostilités en même temps.
Le même sort a été réservé aussi à soixante-dix compagnons que le Prophète envoya sur la demande de la tribu des Bani Nadjd pour qu'on les instruise sur l'Islam. Quand les compagnons arrivèrent près des demeures des Bani Nadjd, leur chef, Al-Moundhir Ibn ‘Amr, envoya un compagnon qui s'appelait Hayrane Ibn Melhane pour annoncer leur arrivée et leur donner le motif de leur venue. Quand Hayrane se mit devant le chef des Beni Nadjd et qu'il commença à lui parler du but de leur visite, celui-ci fit signe à l'un de ses soldats et on lui tira une lance dans le dos. Juste avant de tomber, Hayrane cria fort en disant : par le seigneur de la Ka'ba je l'ai gagné !
L'homme qui le tua s'appelait Djebbar. La scène de la mort de Hayrane l'avait marqué et il voulut savoir le sens des dernières paroles qu'a prononcé Hayrane. Il s'enquit de cela et ne trouva pas de réponse jusqu'à ce qu'il arrive au Prophète. Ce dernier lui apprit que Hayrane avait gagné le paradis. Alors Djebbar demanda ce que c'était le paradis et le Prophète le lui décrit. Djebbar dit au Prophète : par Allah, celui qui meurt de cette manière et pense à ce que tu dis est un homme sincère et je suis convaincu que tu es un homme sincère, je témoigne que tu es le messager de Dieu !
Les autres compagnons furent égorgés dans le campement même. Un seul fut sauvé, car il était absent au moment de la razzia des Beni Nadjd. A son retour, il vit de loin des vautours qui tournoyaient dans le ciel et comprit qu'un malheur est arrivé à ses compagnons.
Quand le Prophète apprit la mort des soixante-dix compagnons, il s'en affligea et pria contre les Bani Nadjd durant un mois jusqu'à ce que ce verset soit révélé, Allah (exalté soit-Il) dit -ce qui peut être traduit comme : " - Tu n'as (Muhammad) aucune part dans l'ordre (divin) - qu'Il (Allah) accepte leur repentir (en embrassant l'Islam) ou qu'Il les châtie, car ils sont bien des injustes. " (TSC, 'Al-`Imrân (LA FAMILLE D'IMRAN) : 128).
Au côté de ces malheurs, Médine n'était pas du reste épargnée. Les juifs de Bani Nadhir commençaient à montrer des signes de trahison après qu'ils aient accepté le pacte que le Prophète avait établi à Médine. Ils entreprirent en secret des contacts avec Qoraïche. Le Prophète intercepta quelques missives qu'ils envoyèrent à la Mecque et dans lesquelles ils proposaient leur aide à Qoraïche pour éliminer le Prophète. Le Prophète leur alors ordonna de quitter Médine parce qu'ils ont manqué à leurs engagements. Il leur accorda un mois pour le faire. Il les autorisa à emporter avec eux leurs richesses et leur argent et il savait bien que les juifs avaient où aller. Les juifs de Khayber n'étaient pas très loin et avaient les moyens de les recevoir. Les juifs commencèrent à rassembler leurs affaires et achetèrent des chameaux à cet effet. Mais Abdullah Ibn Salama, le chef de file des hypocrites de Médine, leur envoya dire de ne pas quitter la ville et il leur promit son aide en prétendant qu'il avait sous ses ordres sept cents hommes. Devant leur refus de quitter la ville, le Prophète assiégea leurs forts durant quinze jours au bout desquels ils se rendirent et le Prophète les obligea cette fois-ci à quitter Médine sans emporter leurs armes.
Durant ce siège, ont été révélés les versets qui ont rendu la consommation du vin désormais illicite. Les versets ont été révélés de nuit, on raconte que le matin toute Médine était inondée par les quantités de vin qui ont été versées dans les rues. Allah a voulu éprouver les musulmans. Eprouver leur obéissance à Ses ordres et ceux de Son prophète et leur résignation à abandonner les péchés. Quand ils se montrèrent obéissants et résignés, ce verset descendit Allah (exalté soit-Il) dit-ce qui peut être traduit comme : " ...Et Il a jeté l'effroi dans leurs cœurs... "(TSC, Al-'Ahzâb (LES COALISES) : 26). Allah a récompensé Ses serviteurs en terrorisant leurs ennemis. Les musulmans vainquirent donc Bani Nadhir et les chassèrent de Médine.
Tout cela se passa l'an quatre après l'hégire. Le dernier événement qui s'y déroula était l'expédition de Dhat Ariq'â. Une tribu du voisinage de Médine se préparait à attaquer les Musulmans et le Prophète décida d'aller au devant de cette menace et de les attaquer dans leurs territoires. La tribu n'était pas forte mais le prophète voulut par là mettre fin aux convoitises des mécréants qui ont cru à la faiblesse des Musulmans après la défaite de Uhud.
Les Musulmans parcoururent la distance de 300 Km alors qu'ils pas bien équipés. Chaque groupe de six compagnons se relayait sur une seule monture ! Le compagnon Abou Moussa Al-Ach'âriy racontait que la longue marche les avait exténués et que les ongles de leurs pieds tombèrent, que leurs souliers fussent déchirés, que leurs pieds écorchés et qu'ils étaient obligés de couper des lambeaux de leurs vêtements pour bander leurs pieds. Arrivés au lieu de la bataille, l'ennemi eut peur et les tribus qui s'étaient rassemblées se divisèrent et s'enfuirent. Les Musulmans rebroussèrent chemin et revinrent à Médine. En chemin, le Prophète eut peur qu'ils soient poursuivis et attaqués par derrière. Alors il institua ce qu'on appela la prière de la peur. Il divisa son armée en deux, il pria avec la première moitié tandis que l'autre se mettait en garde et tenant leurs armes face vers l'occident. Au milieu de la prière, ceux qui ont prié se levèrent et prirent leurs armes et ceux qui ont pris la garde vinrent continuer la prière avec le Prophète. Le coran se révéla pour confirmer les gestes du Prophète Allah (exalté soit-Il) dit-ce qui peut être traduit comme : " Et lorsque tu (Muhammad) te trouves parmi eux, et que tu les diriges dans la Salât, qu'un groupe d'entre eux se mette debout en ta compagnie, en gardant leurs armes. Puis lorsqu'ils ont terminé la prosternation, qu'ils passent derrière vous et que vienne l'autre groupe, ceux qui n'ont pas encore célébré la Salât. A ceux-ci alors d'accomplir la Salât avec toi, prenant leurs précautions et leurs armes. Les mécréants aimeraient vous voir négliger vos armes et vos bagages, afin de tomber sur vous en une seule masse. Vous ne commettez aucun péché si, incommodés par la pluie ou malades, vous déposez vos armes ; cependant prenez garde. Certes, Allah a préparé pour les mécréants un châtiment avilissant. "(TSC, An-Nisâ' (LES FEMMES) : 102).
Un autre incident émailla aussi ce voyage. Les Musulmans s'étaient arrêtés pour se reposer et chacun se mit sous l'ombre d'un arbre et dormit. Le Prophète fit de même ; il suspendit son épée à un arbre et dormit sous son ombre. Un homme qui passait par là vit le Prophète et le reconnut. Il était mécréant et trouva là l'occasion de le tuer. Il prit l'épée et la pointa sur le cou du Prophète et le réveilla. L'homme menaça le Prophète et lui dit : qui peut bien te sauver maintenant ? Le Prophète lui répondit avec calme et force de conviction : Allah le pourra. A ces mots l'épée tomba de la main de l'homme et le Prophète la saisit et dit à son tour en menaçant l'homme : et toi, qui peut te sauver ? L'homme se mit à genoux et implora le Prophète de lui laisser la vie sauve. Alors le Prophète lui dit : tu embrasserais l'Islam si je t'épargnais la vie ? L'homme refusa. Le Prophète lui dit alors : tu me promets de ne point prêter aide à celui qui veut me nuire ? L'homme accepta et le Prophète le laissa partir.
A l'approche de Médine, le Prophète remarqua qu'un de ses compagnons ; Djaber Ibn Abdullah, marchait loin derrière l'armée. Le Prophète le rejoignit et marcha avec lui. Il y eut alors entre eux une jolie discussion qui révèle le raffinement du Prophète, sa tendresse et son attachement à ses compagnons.
Le Prophète lui dit : pourquoi t'es tu retardé de l'armée Djaber ?
Ma chamelle est vieille ô messager d'Allah.
Le Prophète compris que Djaber était pauvre. Il dit : es-tu marié Djaber ?
oui, lui répondit Djaber.
Est elle jeune, ton épouse ?
Non.
Pourquoi t'es tu marié avec une femme déjà mariée ?
Mon père est mort le jour d'Uhud et m'a laissé sept sœurs que je dois élever. J'ai voulu épouser une femme qui puisse m'aider dans cette tâche.
Tu as bien fait ô Djaber.
Le Prophète pour le réconforter lui dit : nous n'entrerons à Médine que lorsque ta femme saura que tu arrives et qu'elle puisse se préparer et te préparer les coussins pour te reposer. Le Prophète savait dans quel état se trouverait son épouse qui était une ménagère qui s'occupait de l'éducation de sept filles, et il voulu que la rencontre de Djaber qui revenait du combat avec sa femme soit chaleureuse et conviviale.
Mais Djaber lui dit : nous n'avons pas de coussins ô messager.
Alors le Prophète lui dit : tu en auras ô Djaber. Le Prophète décida de l'aider mais ne voulut pas l'embarrasser. Il dit : vends moi ta chamelle Djaber. Ce dernier refusa de la lui vendre et insista de la lui offrir. Mais le Prophète refusa et acheta la chamelle et lui promit de le payer une fois arrivés à Médine. Quand ils arrivèrent à Médine, Djaber attacha la chamelle près de chez le Prophète. Quand celui-ci trouva la chamelle à sa porte se renseigna et on lui dit que c'était Djaber qui l'a emmenée. Il appela alors Bilal, lui donna de l'argent et lui dit : « va chez Djaber et dis lui : ‘prends l'argent et garde ta chamelle, tu es un neveu pour moi.' »
Conclusion :
Ceci fut le résumé des événements qui se sont passés durant l'an quatre de l'hégire. La leçon que nous tirons est que le message exige sacrifices et don de soi et on ne saurait défendre une cause sans sacrifices et tributs. La deuxième leçon est que la consultation est importante et que nous devons nous conseiller et nous consulter entre nous. Demain nous parlerons de la bataille de la tranchée et nous évoquerons des sens tout aussi importants.
Sourc : www.AmrKhaled.net ©
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