ort Dakhla Atlantique, un secteur agricole florissant et une capacité d'export en pleine croissance... Lamine Benomar, Wali de la région de Dakhla-Oued Eddahab, gouverneur de la province d'Oued Eddahab, nous dresse le profil d'une ville qui se transforme tous azimuts. - La ville de Dakhla vit au rythme d'une dynamique sans précédent, confirmant sa propension à devenir la porte de l'Afrique subsaharienne. Quelle est la recette de cette réussite ? - Sa Majesté le Roi Mohammed VI a eu la vision de voir en la ville de Dakhla un pôle économique majeur et un trait d'union entre le Maroc et sa profondeur africaine. La consolidation des liens maroco-africains implique le développement des infrastructures, le transport, sans oublier, bien évidemment, le paramètre économique et touristique. C'est ainsi que le Souverain a pris la décision de lancer le chantier de développement des provinces du Sud, pour lequel l'Etat a déployé une enveloppe de quelque 700 millions de dirhams, avec la construction d'un port à un milliard de dollars, la construction d'une zone agricole avec irrigation à l'eau salée et bien évidemment l'ouverture sur le commerce international à partir de Dakhla et des frontières d'El Guerguarate. Lesdits projets ont donné et donneront davantage à la ville une nouvelle dynamique à forte valeur ajoutée pour la région et sa population. Le port Dakhla Atlantique, par exemple, qui aura une profondeur de -16 m/zéro hydrographique, pourrait recevoir les grands bateaux et les grands porte-conteneurs, à l'instar des ports d'Algesiras et Tanger Med, ce qui veut dire qu'à partir d'ici on pourrait rayonner sur le monde entier, sur l'Afrique bien évidement, mais également sur d'autres zones telle que l'Amérique du Sud. Nul besoin de rappeler que toutes les villes à travers l'histoire se sont développées autour d'un port. Casablanca, El Jadida, Tanger, Amsterdam, Rotterdam, New York... il faut toujours un port pour développer un pays et la ville de Dakhla passera également à un niveau supérieur de développement grâce à ce nouveau méga projet. - L'agriculture est un secteur florissant dans la région de Dakhla-Oued Eddahab. Par exemple, la tomate cerise et le melon de cette région se distinguent dans le marché international. Qu'est ce qui fait son avantage ? - En effet, le côté agricole se développe dans la région, même si parler d'agriculture au Sahara pourrait paraitre un peu singulier. Il faut noter que d'autres pays l'ont réussi, notamment Israël qui a réussi à faire de l'agriculture dans le Néguev. S'agissant des raisons de réussite de la tomate cerise en Europe, c'est tout simplement grâce à la primeur. Notre récolte est prête deux mois avant celle de l'Espagne. Donc en avril, seul le produit marocain est vendu sur le marché européen. Plus précisément seul le produit de Dakhla, car la récolte de la ville d'Agadir vient un mois après. D'ailleurs, c'est cette primeur qui justifie le prix du produit de la ville de Dakhla. Il importe de noter que l'avantage du projet agricole de la ville de Dakhla, c'est l'utilisation de l'eau de mer, du fait que la conservation de la nappe phréatique est de mise, surtout qu'elle contient une eau fossile. Avec la distillation de l'eau de mer, on pourrait avoir une eau à 7 dirhams le mètre cube, ce qui est intéressant rapport à dix ans en arrière, où le coût était de 60 dirhams le mètre cube. Cela dit, la ville va procéder au lancement d'un appel d'offre pour l'exploitation agricole de quelque 5000 hectares. Les acteurs nationaux et internationaux pourront y participer, car il faut éviter de s'enfermer sur soi-même. - L'écosystème mis en place dans la partie Nord du Royaume (Axe Casablanca-Tanger) a permis des développements positifs et prometteurs de certaines industries comme l'automobile ou l'aéronautique résolument orientées vers l'Europe. Qu'en sera-t-il pour Dakhla dont l'orientation annoncée penche plutôt vers la profondeur africaine et la façade atlantique ? - Naturellement, la ville de Dakhla dispose d'un potentiel halieutique important. On a déjà ouvert quatre unités de traitement des pélagiques, qui sont les poissons de surface, qui seront suivies par deux autres, dans les mois à venir. Ces investissements privés sont une très grande réussite, dont le coût tourne autour de 2 milliards de dirhams, créant entre 300 et 500 emplois par unité. Globalement, il s'agit de quelque 1500 emplois permanents et environ 6000 emplois saisonniers. Ainsi, l'écosystème qui se profile pour l'instant concerne la pêche maritime et l'exploitation halieutique de façon générale, sans oublier l'aspect agricole que nous avons abordé précédemment. Il est possible de voir d'autres écosystèmes se développer au fil du temps, notamment en matière des énergies renouvelables, puisqu'il y a des investissements qui se programment dans ce sens. Toutefois, j'estime que l'axe majeur va être la pêche et l'agriculture. - S'agissant des emplois créés dans la région, y a-t-il une stratégie pour donner davantage de chances à la population locale, ou bien c'est un schéma classique de recherche de compétences ? - Il est à noter que notre première préoccupation est la création de l'emploi, car celle-ci permet la création de richesse. Bien sûr, dans tous les programmes que nous mettons en place, il y a toujours un quota pour la population locale. Il y a également un quota pour les jeunes. Par exemple dans une série de cinq cafés, on réserve deux aux jeunes. Ceci ne veut pas dire qu'on est renfermé sur la région, la ville cherche les compétences partout au Maroc, car dans la diversité, il y a de la richesse