Les effets de la crise liée à la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19) continuent de peser sur plusieurs secteurs d'activité et par conséquent, la solvabilité des ménages et des entreprises est "toujours mise à rude épreuve", a indiqué, jeudi, Fatima-Ezzahra Erraji, analyste financier à CDG Capital Bourse. L'année 2020 a été façonnée par la pandémie du covid-19 qui a affecté le système bancaire notamment à travers le ralentissement de la distribution des crédits et l'accélération des créances en souffrance, a relevé Mme Erraji lors d'un webinaire sur le secteur bancaire au Maroc, faisant savoir que les créances en souffrance ont connu une accélération de 53,2 milliards de dirhams (MMDH) à 59,4 MMDH pour le secteur coté, alors que le taux d'impayés est passé de 7,8% en 2019 à 8,4% en 2020. Pour ce qui est de l'encours des provisions, il a progressé de 9,2% à 40,5 MMDH, ce qui implique un taux de provisoirement 68,2% à fin 2020, a-t-elle poursuivi, notant que la réduction du taux directeur de 2,25% à 1,5% a entrainé une pression à la fois sur les taux débiteurs et sur le cout des ressources. C'est dans ce sens que Mme Erraji a affirmé que l'analyse des réalisations financières des banques cotées courant l'année écoulée sur la base des comptes sociaux révèle "une forte baisse" des résultats qui reflète "une hausse importante" du coût du risque et l'impact de la contribution des banques au Fonds spécial pour la gestion du covid-19. S'attardant sur les "drives" de la croissance des crédits bancaires, elle a assuré qu'une reprise de la croissance économique est prévue sous l'hypothèse d'une maitrise de la pandémie, une bonne tenue de la campagne agricole ainsi qu'une quasi-stabilité du déficit de liquidité couplée à un maintien du taux directeur stable à 1,5%. Avec une quasi-stabilité de la marge d'intermédiation prévue, la marge d'intérêt devrait pour sa part être soutenue en 2021 par un effet volume, a souligné l'analyste qui estime que la baisse des taux débiteurs ne reflète pas entièrement la diminution du taux directeur, ce qui pourrait s'expliquer par l'augmentation de la prime de risque, suite à la montée des créances en souffrance. Elle a précisé que suite à la tendance haussière de la prime de risque, combinée au ralentissement potentiel de la distribution des crédits relance qui ont bénéficié d'un taux bas, une légère hausse des taux débiteurs est prévue en 2021. En ce qui concerne l'évolution des principaux drivers des résultats du secteur, l'analyste a anticipé une amélioration du produit net bancaire (PNB) en 2021, suite principalement à la bonne tenue de la marge d'intérêt profitant d'un effet volume et à l'amélioration de la marge sur commissions qui devrait bénéficier d'une base comparable favorable, notant dans ce sens que les commissions des banques ont "fortement chuté" durant la période de confinement. S'agissant de la structure des coûts, Mme Erraji a tablé sur une quasi-stabilité du coefficient d'exploitation, faisant observer que "les banques devraient continuer à optimiser leurs couts en ces temps de crise, ce qui devrait contribuer à une bonne tenue du résultat brut d'exploitation en 2021". Le niveau du cout du risque devrait se maintenir, de son côté, à un niveau élevé. "En effet, les tensions sur le risque devraient probablement persister en 2021 avec la montée des créances en souffrance anticipée suite à un contexte économique difficile", a-t-elle dit. Selon Mme. Erraji, le secteur bancaire marocain devrait bénéficier dans l'année à venir d'une toile de fond assez favorable, avec la reprise de la croissance économique, la poursuite des mesures de soutien et de relance ainsi qu'une politique monétaire qui demeure globalement expansionniste. Les banques ont fait un effort remarquable de renforcement de leurs fonds propres et se sont dotées d'une "structure financière solide" qui se traduit par des niveaux de ratio de solvabilité supérieurs au minimum réglementaire, a-t-elle fait valoir. Ce webinaire est co-organisé par la Bourse de Casablanca et l'Association professionnelle des sociétés de bourse (APSB) dans le cadre du cycle "saison de publication des résultats: Bilan et opportunités d'investissement"