Il n'a pas fallu attendre très longtemps après la remise du rapport final de la Commission Spéciale sur le nouveau Modèle de Développement (CSMD) au Roi, pour voir les premières critiques fuser. Rien de plus normal pour un travail attendu de pied ferme, depuis plus d'une année, par l'ensemble des Marocains qui en escomptent un impact général, rapide et bénéfique sur le pays. Forcément donc, la publication du rapport de la CSMD, aussitôt après sa soumission au Souverain, devait générer cet appel d'air somme toute prévisible, à travers lequel sont aujourd'hui charriées toutes sortes de réactions, observations et critiques, des plus fondées aux plus saugrenues. Il serait d'ailleurs utile de savoir si la Commission Spéciale a prévu des mécanismes de collecte des observations les plus pertinentes en vue de les utiliser pour d'éventuels recadrages de ses recommandations, ou si la partie est définitivement pliée ? Quoiqu'il en soit, ceux qui s'attendaient à trouver dans ce rapport des solutions miracles ou révolutionnaires aux mille et un maux dont pâtit notre pays depuis des décennies, resteront certainement sur leur faim. Ceci pour la simple raison que ces maux étaient connus de tous, comme leurs solutions d'ailleurs. La littérature politique, scientifique et économique de notre pays est riche à ce propos d'études, de rapports et de recommandations où les diagnostics, comme les remèdes aujourd'hui préconisés par la CSMD, sont depuis longtemps claironnés, sans qu'il n'y ait de suite significative. Le Maroc d'avant le rapport de la CSMD s'apparente en cela à ces légions d'hommes et de femmes parfaitement conscients de leurs lacunes, leurs complexes et leurs frustrations, ainsi que des solutions qui peuvent les en soulager, mais qui hésitent indéfiniment à franchir le pas d'une psychothérapie qu'ils savent pourtant salvatrice. Dans ce sens et contrairement à ce qui a été dit et écrit, ça et là, le rapport de la CSMD ne se contente pas de défoncer des portes ouvertes en pointant des dysfonctionnements et en proposant des solutions connus de tous. Ce rapport qui n'a pas la prétention de réinventer le développement du pays, mais plutôt de sélectionner et de prioriser les actions qui sont les plus à même de permettre son déploiement, va plus loin en traçant une «voie Royale» à leur concrétisation sur le terrain, avec des objectifs et des échéances clairement exprimés. Le cap est désormais fixé. Majd El Atouabi