La militante et figure majeure du milieu associatif et féministe marocain, Touria Tazi s'est éteinte aujourd'hui le 25 Mai à Casablanca, à l'âge de 85 ans. Cette native de Fès a dédié sa vie à lutter pour préserver la dignité des Marocaines les plus vulnérables et de leurs enfants. Très jeune, elle a grossi les rangs de la première promotion d'infirmières diplômées d'état en 1957, période à laquelle Touria Tazi a cédé au chant des sirènes de la politique, en militant au sein du parti communiste marocain, que son époux, le futur capitaine d'industrie feu Abdelaziz Tazi, avait rejoint quelques années plus tôt. C'est ainsi qu'elle a été désignée par le parti communiste marocain représenter la femme marocaine lors d'un congrès international en URSS en 1964. Elle y rencontre Valentina Terechkova première femme cosmonaute.
Attachée aux valeurs de gauche, à l'émancipation des femmes, et grâce à son premier métier d'infirmière, Touria est devenue assistance sociale pour aider les familles en difficulté. Il n'était pas rare de la voir sillonnant les bidonvilles de Casablanca, à bord de son cyclomoteur, devant les yeux surpris des populations délaissées. Epouse et maman de trois enfants, Karim, Nascer et Hidaya, cette femme de conviction n'a pas pour autant délaissé son engagement social. En 1970, elle rejoint l'association marocaine pour le planning familial. Malgré son éducation conservatrice et religieuse ,Touria Tazi, grâce à son travail de terrain, acquiert la conviction, qu'il faut défendre et généraliser l'usage des contraceptifs, voire l'IVG. Elle contribue alors massivement aux premières campagnes de distribution de pilules contraceptives et s'engage dans le combat pour la défense des droit des femmes marocaines.
En 1973 elle rejoint la ligue marocaine pour la protection de l'enfance (LMPE), présidée à l'échelle nationale par la Princesse Lalla Amina, dont Touria Tazi dirige la branche casablancaise. Pour permettre aux femmes de gagner en indépendance et pour plus d'égalité dans le couple, Touria Tazi s'est attelée à aider les femmes à pouvoir travailler en leur permettant de confier leurs enfants à des crèches/garderies. Elle entreprend d'ouvrir des jardins d'enfants dans les principaux quartiers populaires de Casablanca. Sous sa présidence la LMPE ouvre plus de 30 jardins d'enfants accueillant plus de 1300 enfants.
Elle fonde également le premier foyer d'accueil de femmes célibataires., au milieu des années 1980, que Aicha Ech Chenna a accompagné à ses côtés, avant de quitter la LMPE pour se consacrer entièrement à la cause des mères célibataires.