Aïcha Ech-Chenna n'est plus à présenter. Depuis 1985, cette femme de cœur a fait de l'intégration de la mère célibataire, dans une société aussi conservatrice que la nôtre, son cheval de bataille. Pour ce, elle crée «Solidarité Féminine». Aïcha Ech-Channa est née en 1941dans la nouvelle médina de Casablanca, elle a grandi à Marrakech pour revenir à Casablanca en 1953 où elle poursuit ses études à l'Ecole française Foch et Lycée Joffre. En 1960, elle rejoint l'Ecole d'Etat d'infirmière où elle obtient un diplôme d'Etat. De 1962 à 1980 elle occupe le poste d'animatrice d'Education sanitaire et sociale à la préfecture médicale de Casablanca. Aicha Ech-Channa est la femme marocaine par excellence, avec ses soucis, ses peines, sa conscience et son espoir éternel. Ce qui anime son action et fait de la solidarité une notion centrale dans sa vision des choses n'est pas le féminisme, c'est le fait qu'elle a été elle-même, depuis sa tendre enfance, touchée par la solidarité de son entourage. Dès l'âge de 16 ans, elle est « contaminée par le virus de l'associatif», comme elle se plaît à préciser. C'est donc en 1959 qu'Aïcha Ech-Chenna s'engage dans sa première action de bénévolat en s'inscrivant dans la ligue de protection de l'enfance. L'action associative de cette militante ciblera en premier les enfants, notamment les abandonnés. Le contact quotidien avec ces derniers conduira cette assistante sociale vers leurs mamans. Elle ne cesse de prendre à son cœur des problèmes sociaux qu'elle s'est tracée comme objectif à résoudre surtout en faveur de la femme. En 1985 elle fonde L'association Solidarité féminine pour aider les mères seules, démunies et chargées d'enfants en bas âge à se prendre en charge par leur propre effort. En1995, l'association Reçoit le prix des droits de l'Homme de la république française à Paris. Rien ne peut l'arrêter, Aîcha Ech-Chenna s'est donné pour mission de s'occuper des mères célibataires… au risque de choquer les mentalités ! En créant «Solidarité féminine», elle a d'ailleurs dû faire face à bien des résistances et autant de menaces ! «J'ai été taxée dès le départ d'être une femme qui encourage la prostitution», dit-elle. Mais rien ne la découragera. Projet après l'autre, elle créera des sources de revenus inépuisables pour celles en faveur de qui elle milite. La dernière réalisation en date concerne la construction, en septembre 2005, d'un hammam dont les recettes iront entièrement aux femmes célibataires. Aïcha Ech-Chenna a été décorée du prestigieux prix «Elisabeth Norgall 2005» de l'International Women's Club of Frankfurt. En 2009, à la grande joie de tout le monde, l'« Opus Prize », ce prix de 1 million de dollars est décerné par la Fondation Opus au profit de la meilleure action associative dans le monde. C'est un peu l'équivalent du Prix Nobel. Pour sensibiliser l'opinion, Aïcha Ech-Channa écrit « Miseria », un livre émouvant qui raconte une vingtaine d'histoires de victimes (petites bonnes ou enfants abandonnés) qui a marqué l'opinion marocaine. Aïcha Ech-Channa demeure, par son labeur infatigable en faveur des déshérités au Maroc, un symbole du travail social et une icône incontournable pour toute femme délaissée.