Selon l'Indice de démocratie de l'Economist Intelligence Unit (EIU), le Maroc est classé 96ème sur 167 pays, 2ème au Maghreb et 3ème dans la région MENA. La démocratie a subi un coup dur en 2020 à cause de l'état d'urgence sanitaire. Un rapport de « The Economist Intelligence Unit », la division de recherches du groupe de presse britannique « The Economist », publié mercredi, étaye ses craintes. Les mesures de lutte contre la pandémie de Covid-19 « ont conduit à un énorme recul des libertés civiles en 2020 », écrit ce rapport annuel, qui évalue l'état de la démocratie dans 167 pays sur la base de cinq mesures: processus électoral et pluralisme, libertés civiles, fonctionnement du gouvernement, participation politique et culture politique. Sur la base de leurs scores sur 60 indicateurs au sein de ces catégories, chaque pays est alors lui-même classé comme l'un des quatre types de régime : démocratie totale, démocratie imparfaite, régime hybride ou régime autoritaire. Dans cette étude, le Maroc figure à la 96ème position dans l'Indice de démocratie de l'Economist Intelligence Unit, soit la même position décrochée en 2019, et 4 places gagnées par rapport à 2018. Il s'agit de la 13ème édition de l'Indice de la démocratie, lancé en 2006. Cette année, son principal objectif est d'examiner l'impact du Coronavirus sur la démocratie et la liberté dans le monde. La région MENA en mauvaise posture Pour le Maroc, et compte tenu de l'indice de démocratie obtenu de 5,04 sur 10, il a un statut du « régime hybride » qui a, selon les chercheurs d'EIU, les caractéristiques suivantes : « Les élections comportent des irrégularités substantielles...La pression du gouvernement sur les partis d'opposition et les candidats peut être courante. Les faiblesses sont plus fréquentes dans la culture politique, le fonctionnement du gouvernement et la participation politique. La corruption a tendance à être généralisée et l'Etat de droit est faible. La société civile est faible. » En détail, le Maroc obtient un score de 5,25 sur 10 dans le critère «Processus électoral et pluralisme», de 7,50 dans le « Fonctionnement du gouvernement », 9,44 dans la « Participation politique », 7,50 dans la « Participation culturelle » et 5,59 dans les « Libertésciviles ». Par rapport à nos voisins du Maghreb, le Maroc fait beaucoup mieux que la Mauritanie (112ème), l'Algérie (115ème), l'Egypte (138ème) et la Libye (157ème). Ces pays sont désormais considérés comme étant des « régime autoritaires ». Selon les chercheurs du groupe de presse britannique « The Economist », ce régime est attribué aux Etats où « le pluralisme politique des Etats est absent ou fortement circonscrit...Les élections, si elles ont lieu, ne sont ni libres ni équitables. Il y a du mépris pour les abus et atteintes aux libertés civiles. Les médias appartiennent généralement à l'Etat ou sont contrôlés par des groupes liés au régime en place. Il y a répression de la critique du gouvernement et omniprésence de la censure. Il n'y a pas de justice indépendante ». Le phénomène est mondial, particulièrement marqué dans les régimes autocratiques d'Afrique ou du Moyen-Orient, mais la « suppression des libertés individuelles dans les démocraties avancées a été le fait le plus marquant de 2020 », relève l'étude. « L'abandon volontaire de libertés fondamentales par des millions de gens a été peut-être une des occurrences les plus remarquables de cette extraordinaire année (...) mais nous ne pouvons pas conclure que le haut niveau d'acceptation des mesures de confinement signifie que les gens dévalorisent la liberté », a commenté Joan Hoey, responsable de l'étude. Par contre, la Tunisie, classé 54ème, figure parmi les « démocraties imparfaites ». Ces démocraties, explique The Economist, « ont des élections libres et équitables et, même s'il y a problèmes (tels que les atteintes à la liberté des médias), les libertés civiles fondamentales sont respectées ».
« Cependant, poursuit la même source, il existe des faiblesses importantes dans d'autres aspects de la démocratie, y compris des problèmes de gouvernance, de culture politique sous-développée et faibles niveaux de participation politique ». Le Maroc, 3ème dans la région MENA Au niveau africain, l'Afrique du Sud (45ème mondial) décroche la 1ère position, suivie de la Namibie (58ème) et du Ghana (59ème). Au Moyen-Orient, Israël (27ème mondial) est 1ère dans la région. Cela signifie que le Maroc reste le 3ème pays le mieux classé dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), après Israël et la Tunisie. Il convient de souligner, par ailleurs, que les 23 premiers pays de ce classement, qui ont un score au-dessus de 8 sur 10, ont un statut de « démocratie à part entière ». Avec un indice de 9,81, la Norvège est considérée le pays le plus démocratique au monde, suivie de l'Islande (2ème), de la Suède (3ème), de la Nouvelle-Zélande (4ème) et du Canada (5ème). Le pays le moins bien classé en 2020 est la Corée du Nord, avec un indice de démocratie de 1,08, classée parmi les « régimes autoritaires ». Pour conclure, les chercheurs d'EIU estiment que 75 des 167 pays étudiés sont qualifiés comme étant des démocraties. Le nombre de « démocraties à part entière » est passé à 23 en 2020, contre 22 en 2019. Le nombre de « démocraties imparfaites » a diminué de deux, à 52. Sur les 92 autres pays, 57 sont des « régimes autoritaires », contre 54 en 2019, et 35 sont classés comme « régimes hybrides », contre 37 en 2019. « Comme indiqué dans l'Indice de la démocratie ces dernières années, la démocratie n'a pas été en bonne santé pour certains temps. En 2020, sa force a été mise à l'épreuve par l'épidémie de Coronavirus. Le score mondial moyen de l'indice de démocratie 2020 est passé de 5,44 en 2019 à 5,37. C'est de loin le pire score mondial depuis la création de l'indice en 2006», est-souligné. A. CHANNAJE