L'Observatoire Africain des Migrations (OAM) a été inauguré, ce vendredi 18 décembre à Rabat, par le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita et la Commissaire aux affaires sociales de l'Union Africaine (UA), Amira El Fadil. «L'Observatoire Africain des Migrations que nous inaugurons aujourd'hui, est le fruit de deux ans de travail laborieux et de collaboration fructueuse de notre pays avec la Commission de l'Union Africaine», déclare Bourita lors de cette cérémonie qui coïncide avec la journée internationale des migrants. «Cette inauguration intervient, aussi, à quelques jours du 2ème anniversaire du Pacte Mondial pour des Migrations Sûres, Ordonnées et Régulières que nous avions adopté à Marrakech, il y a 2 ans», a-t-il ajouté. Un observatoire pionnier et novateur En effet, cette structure africaine dédiée aux migrations est de nature à doter le continent d'un outil efficace lui permettant de répondre à son besoin réel et pressant de générer une meilleure connaissance, compréhension et maitrise du phénomène migratoire, de développer la collecte, l'analyse et l'échange de données entre les pays africains, et de favoriser une gouvernance éclairée des migrations africaines. L'Observatoire africain des migrations, dont les statuts et structures ont été adoptés lors du 33eme Sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine tenu en février 2020 à Addis-Abeba, est une institution de l'UA qui va se charger de collecter et d'analyser les données des migrations du continent. «Mais plus que pionnier», l'observatoire «doit être novateur aussi, dans son approche et dans son fonctionnement», souligne Bourita. Cela ne peut se faire qu'à travers un travail efficace de démystification. «Les stéréotypes sur la migration africaine sont erronés. L'Observatoire est là pour le démontrer». L'Observatoire doit également éclairer, par des données objectives, tout le potentiel de la migration au regard du nexus migration-développement. Une triple fonction L'observatoire doit, ainsi, assurer une «triple fonction» : de compréhension, d'anticipation et de proposition. «Il doit se déployer comme un outil de plaidoyer et d'aide à la prise de décision, une plateforme de dialogue entre experts et parties prenantes africaines, un instrument de renforcement des capacités africaines», précise le ministre. Le Maroc et l'Union africaine avaient signé le 10 décembre 2018 à Marrakech l'accord de siège de l'Observatoire africain des migrations et du développement. Cet accord avait été paraphé par Nasser Bourita et le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, en compagnie de Amira El Fadil, à l'occasion de la conférence intergouvernementale des Nations unies de deux jours sur les migrations, qui a été marquée par l'adoption du pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Encore loin du bout du tunnel L'enjeu pour les Etats africains est de renforcer leurs connaissances statistiques sur les migrations : en plus de pouvoir dénombrer les immigrés présents sur leur territoire, ils disposeront ainsi de mesures précises sur leurs expatriés, sur les migrants de retour aussi pour le volet développement, etc. «Si l'inauguration constitue une réalisation de taille, elle n'est pas une fin en soi. Nous ne sommes pas, au bout du chemin. Nous n'en sommes qu'au début», note Bourita. Faut-il rappeler que sur la question migratoire, SM le Roi Mohammed VI a toujours été porteur d'une vision pour l'Afrique. Dans un discours adressé le 3 juillet 2017 au 29e Sommet des Chefs d'Etat et de gouvernement de l'UA, le Souverain avait insisté sur la nécessité de «modifier nos perceptions face à la migration, de l'aborder, non comme une contrainte ou une menace, mais comme une force positive». Six mois plus tard, dans un message au 30e Sommet de l'Union, le 29 janvier 2018 à Addis-Abeba, le Souverain, en Sa qualité de Leader de l'Afrique sur la question de la migration, avait proposé, dans le cadre de l'Agenda africain pour la migration, la création de l'Observatoire africain des migrations et d'un poste d'envoyé spécial de l'Union africaine chargé de la migration.